Impact sur la biodiversité
Impact sur la biodiversité
Les effets du changement climatique sur les oiseaux et les écosystèmes
L'Oie cendrée, qui hivernait principalement en Espagne, passe désormais l'hiver en France en grand nombre, ne traversant plus les Pyrénées.
Plus d'un millier de cigognes blanches hivernent dans le sud et l'ouest de la France, plutôt que de le faire en Afrique tropicale. Des hirondelles essaient, ici et là, de résister aux rigueurs du froid en hivernant dans des zones particulièrement douces, comme notamment en Bretagne.
Certains rapaces migrateurs comme la Bondrée apivore ou le Busard des roseaux ont tendance à quitter l'Europe plus tôt que par le passé. D'une part parce que ils ont fini plus tôt leur reproduction, mais aussi et sans doute, pour anticiper des périodes de sécheresse plus précoces au sud du Sahara.
En revanche, des oiseaux qui avaient l'habitude de passer la mauvaise saison sous nos latitudes ont aujourd'hui tendance à rester plus au nord, autour des mer Baltique et du nord. C'est le cas de la Macreuse noire, un canard marin nichant dans la toundra. Mais aussi de petits passereaux comme l'Alouette hausse-col, la Linotte à bec jaune ou le Bruant lapon.
La LPO, à la demande du ministère de l'écologie, analyse chaque année le comportement d'espèces indicatrices, qui sont susceptibles de réagir au réchauffement climatique en cours.
Pour en savoir plus : https://naturefrance.fr/indicateurs/date-darrivee-des-oiseaux-migrateurs.
La LPO accompagne les actions mises en œuvre pour lutter contre ce phénomène notamment le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables en veillant à leur bonne intégration dans l'environnement.
Le changement climatique dans les aires naturelles protégées
Pour les espaces naturels protégés gérés par la LPO, le changement climatique est aussi une réalité : + 10 cm d’élévation du niveau marin mesurée dans les Pertuis charentais sur les 40 dernières années (1970 – 2010), entre +1,2 et 1,5°C d’augmentation de la température moyenne des eaux marines.
Et les submersions marines côtières pourraient être plus fréquentes à l’avenir, une tous les 10 ans en moyenne, sans oublier la hausse des températures extrêmes, de l’acidification des eaux marines pour ne citer qu’eux.
Suite à la sécheresse du printemps et de l’été 2022, liée à une pluviométrie extrêmement faible combinée à une anomalie anticyclonique persistante, de nombreux impacts ont été constatés sur les 10 espaces naturels gérés par la LPO en Charente-Maritime et en Vendée (13 390 ha répartis en 7 Réserves Naturelles Nationales (RNN), 1 Réserve Naturelle Régionale (RNR) et 2 espaces protégés dont 1 en propriété) :
- Assèchements précoces et prolongés des fossés et des zones humides,
- Faible reproduction, voire nulle pour certaines espèces d’oiseaux : aucune n’a été observée chez la Guifette noire, classée en danger sur la liste rouge nationale des oiseaux nicheurs, sur la RNR de la Vacherie, qui concentre pourtant l’essentiel des effectifs du Marais Poitevin (de 30 à 40 couples entre 2018 à 2021),
- Quasi absence de reproduction de certaines espèces d’amphibiens et d’insectes : exemples du Pélobate cultripède, classé vulnérable sur la liste rouge des reptiles et amphibiens de France métropolitaine et du Leste à grand stigma, en danger selon la liste rouge des odonates (libellules et demoiselles) de France métropolitaine, qui ne se sont pas reproduits en 2022 sur la RNN de Moëze-Oléron,
- Baisse de la fréquentation de l’avifaune de août à décembre, parfois très forte comme sur les RNN de Saint Denis du Payré et la RNR de la Vacherie, où les effectifs d’oiseaux d’eau en migration étaient 19 fois moins importants en août 2022 qu’en moyenne sur les 5 années antérieures au cours du même mois (64 oiseaux/jour contre 1 200),
- Absence ou difficulté de développement des végétations terrestres et aquatiques,
- Gestion du bétail, indispensable au maintien du marais, problématique avec difficultés d’abreuvement et de manque de fourrage,
- Expression d’une végétation inhabituelle, liée aux assèchements précoces et prolongés.
Combinés aux autres pressions déjà existantes (gestion économique des niveaux d’eau, prolifération des espèces exotiques envahissantes, agriculture intensive), des évènements de ce type plusieurs années de suite pourraient mettre directement en péril la survie de certaines espèces.
Pour faire face à l’effondrement de la biodiversité, il est donc nécessaire que l’État poursuive la création et l’extension des réserves naturelles nationales, dans lesquelles une gestion et une protection adaptées permettent à la nature d’être mieux préservée. La politique publique doit également œuvrer à la limitation des pressions additionnelles comme la chasse ou les pollutions chimiques partout en France et en particulier en périphérie de ces espaces protégés.
Pour suivre et anticiper les effets du changement climatique, la LPO s’est engagée dans le projet européen Life Natur’Adapt.
Aller plus loin :
- https://naturefrance.fr/changement-climatique
- Biodiversité de proximité et climat : l'action des Refuges LPO
- Bilan 2022 des centres de soins LPO : la faune sauvage victime du climat
- Sécheresses et canicules, Les effets sur la faune et la flore sauvages
- Retour sur le colloque LPO "Biodiversité de proximité et climat : une crise globale, des solutions locales"
- Changement climatique : observations de membres Refuges LPO dans leur Refuge
- La sécheresse affecte la biodiversité des réserves naturelles