Retour inespéré du Courlis cendré dans les zones incendiées

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Dans le cadre des suivis biodiversité engagés suite aux incendies de Landiras en 2022, des espèces emblématiques, comme le Courlis cendré, ont été observées sur les secteurs incendiés ! Une bonne nouvelle pour la biodiversité locale, premier indicateur de sa résilience sur le territoire ?

Courlis cendré

Courlis cendré © Patrick Harle

Des observations réjouissantes et prometteuses
Après les incendies de l’été 2022, scientifiques, naturalistes et sylviculteurs se demandaient comment la biodiversité allait réagir face à cette profonde perturbation. Dans le cadre du projet de laboratoire vivant Forêt de demain, le Parc naturel régional des Landes de Gascogne (PNRLG) et la LPO Aquitaine, tentent d’évaluer les conséquences du passage du feu sur la biodiversité et de suivre la recolonisation des zones incendiées par les oiseaux, les insectes et les amphibiens.


Les inventaires de 2023 ont permis à nos ornithologues d’observer trois individus de Courlis cendrés, une espèce typique des vastes landes humides qui n’avait pas été observée sur le secteur depuis des décennies, et dont l’état actuel des populations, à l’échelle nationale et régionale, laissait peu d’espoir de recolonisation. Il semble donc que cette espèce profite de la reprise de la végétation sur les parcelles incendiées.


D’autres espèces patrimoniales d’oiseaux, menacées de disparition à l’échelle nationale et européenne, ont également fait leur grand retour sur ces mêmes secteurs. La Fauvette pitchou, par exemple est présente dans les zones recolonisées par l’ajonc, tandis que la Cisticole des joncs et la Pipit rousseline refont leur apparition dans les secteurs où la végétation repart de manière plus clairsemée.

Accompagner la préservation du Courlis cendré
Le Courlis cendré, plus grand limicole d’Europe, est reconnaissable à son long bec courbé. Il y a un siècle et demi, son abondance était telle que les bergers de la Grande Lande avaient pour coutume de ramasser ses œufs pour faire des omelettes de Pâques. Si aujourd’hui l’espèce est protégée, et le ramassage des œufs interdit, il n’en reste pas moins que la population nicheuse des Landes et de Gironde est estimée à moins de vingt couples. Son fort déclin généralisé, en Aquitaine comme en France, conduit à classer l’espèce comme vulnérable sur la liste rouge des oiseaux de France de l’UICN.


Les nids du Courlis cendré étant au sol, la LPO et le PNR proposent de travailler conjointement avec les forestiers pour signaler la présence des nids afin d’éviter toute destruction involontaire lors d’interventions sur les parcelles. Une fois leur localisation repérée, la présence des nids est matérialisée sur le terrain afin de permettre aux engins d’éviter la zone sur plusieurs mètres, sans impacter l’avancée des travaux. Cette pratique est déjà mise en place avec les professionnels agricoles pour les espèces d’oiseaux fragiles qui nichent dans les grandes cultures.


Dialogues et échanges réciproquent nous permettrons, nous l’espérons, de conserver de nouveaux noyaux de population de ce grand oiseau symbole emblématique de la Haute-lande de jadis.