Forêt et biodiversité
Forêt et biodiversité
Les forêts, qui couvrent 31 % du territoire hexagonal, sont un milieu clé pour la biodiversité. Elles abritent 70% de la flore française, 120 espèces d’oiseaux, et 130 espèces d’arbres.
Mais pourquoi tant de richesse dans nos forêts ?
Passons en revue les principales explications…
Les forêts, des écosystèmes complexes aux conditions uniques.
Il existe toute une biodiversité inféodée au milieu forestier, qui ne trouve pas dans d’autres milieux les conditions lui permettant de vivre.
La forêt présente en effet des conditions physico-chimiques (scientifiquement nommé biotope) qui lui sont propres. C’est un milieu très tamponné, où les variations sont souvent moins importantes qu’ailleurs. La luminosité y est plus faible, l’air plus humide (c’est la fameuse « ambiance forestière »), les précipitations sont en partie interceptées, etc. De nombreuses espèces, dites de milieu fermé, ne peuvent survivre sans ces conditions bien particulières.
La forêt présente de plus un compartiment vivant (scientifiquement nommé biocénose) très riche. Les forêts sont en effet structurées en 5 strates : la strate arborée (arbres ligneux hauts), la strate arbustive (arbustes ligneux bas), la strate herbacée (plantes non ligneuses), la strate muscinale (mousses), et la strate hypogée (flore sous-terraine). Cette multiplicité de strates et de végétaux permet un milieu complexe, d’importantes ressources alimentaires, et donc de nombreuses niches écologiques. La présence de bois mort et d’un sol vivant participent aussi à cette diversité, en abritant un grand nombre d’espèces qui leur sont propres. On estime ainsi qu’entre un quart et un tiers des espèces végétales et animales forestières dépendent du bois mort.
Une grande diversité de forêts
Les villes et milieux agricoles semblent bien redondants comparés à la diversité des forêts. Les forêts ont historiquement été reléguées sur les espaces impropres à l’installation humaine ou agricole, que ce soit en raison de l’acidité des sols, d’une pente trop forte, des rigueurs de l’altitude, de l’humidité vécue comme insalubre, ou de la salinité. Ce sont pourtant ces caractéristiques qui permettent aujourd’hui une grande richesse écologique. Type de sol, altitude, alimentation hydrique, mode de gestion sylvicole, exposition, latitude, le nombre de paramètres conditionnant la nature d’une forêt est immense, et ouvre un éventail des possibles infini.
Forêt de dunes. Forêt sur éboulis. Tourbière boisée. Forêt subalpine. D’une forêt à l’autre, les faciès sont ainsi très variés, et la biodiversité hébergée va elle aussi être très différente. En plus d’avoir une forte diversité intra-forestière, il existe ainsi une forte diversité inter-forestière, ce qui augmente la diversité globale.
La forêt, un lieu de refuge
Dans le monde d’aujourd’hui, la forêt joue aussi un rôle de refuge de biodiversité. On retrouve en milieu forestier des espèces qui n’y sont à l’origine que peu présentes, parce qu’il s’agit d’un milieu où l’impact humain est moins fort. Moins de pollution aux phytosanitaires, moins de pollution lumineuse, moins de dérangement…
Les chevreuils sont ainsi une espèce très fréquente en forêt, alors que c’est une espèce de milieu semi ouvert !
La forêt, un milieu dont la biodiversité évolue au fil du temps
L’écosystème forestier est un écosystème qui se complexifie au fil du temps. En vieillissant, une forêt peut accueillir des espèces qu’on ne trouve que beaucoup plus rarement dans de jeunes forêts. C’est vrai pour la faune et en particulier les oiseaux, mais pas seulement. Il existe ainsi des plantes considérées comme indicatrices de vieilles forêts, comme Convallaria majalis (le Muguet) et Anemona nemorosa (l’Anémone des bois), mais aussi des lichens tel que Lobaria pulmonaria.
Les vieilles forêts sont ainsi des milieux particulièrement précieux pour la biodiversité.
Tous ces facteurs d’explication font de la forêt un milieu clé pour de nombreuses espèces. Protéger les forêts, c’est ainsi participer à la lutte contre l’effondrement de la biodiversité.