Droit de réponse : La LPO BFC strictement opposée au tir du feu d’artifice sur le pont de Nevers !

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Dans un article de France 3 Bourgogne-Franche-Comté publié le 14 juillet 2024, Denis Thuriot, Maire de Nevers énonce les propos suivants : « J'ai l'accord de la LPO pour tirer ce feu d'artifice et d'ailleurs, eux n'ont pas porté plainte." La LPO Bourgogne-Franche-Comté a demandé à réagir pour corriger ces propos diffamatoires et rétablir les faits. En aucun cas notre association n’a donné l’accord pour tirer ce feu, bien au contraire !

© Kévin Ancel

Depuis 2022, le feu d’artifice est tiré sur le pont de Nevers. Depuis cette même année, la LPO BFC, émet de nombreuses alertes sur ce sujet. En effet, le feu d’artifice de Nevers a eu lieu à proximité directe de l’Île aux sternes. Ce site, qui bénéficie d’un arrêté préfectoral de protection du biotope (APPB), accueille l’une des trois plus grandes colonie mixte de sternes pierregarins et naines de la Nièvre avec 52 couples nicheurs identifiés en 2023.

Les deux espèces sont protégées en France par l’arrêté du 29 octobre 2009 qui interdit « la perturbation intentionnelle des oiseaux, notamment pendant la période de reproduction et de dépendance, pour autant que la perturbation remette en cause le bon accomplissement des cycles biologiques de l'espèce considérée. »

La LPO BFC, très mobilisée sur ce sujet, met en place un suivi chaque année pour évaluer l’impact de l’événement sur ces espèces protégées (dérangement avéré, et pour certaines années des pertes d’effectifs constatées). Elle dialogue également avec les services de la Mairie et les services de l’état pour imaginer des solutions.

D’avril à juillet, la LPO BFC n’a cessé de rappeler à Mr Thuriot la réglementation associée au Code de l’environnement (article L411-1) pour faire déplacer le feu d’artifice. Ainsi, en plus des échanges téléphoniques et réunions engagés, deux courriers recommandés ont été envoyés au Maire : un premier en date du 29 mai 2024 et un second le 11 juillet 2024 avec des chiffres actualisés attestant des nidifications en cours. Ces courriers, dont une copie a été envoyée au Préfet de Région, Préfet de Département, à la DDT58, à la DREAL BFC et à l’OFB 58, rappelaient chacun la réglementation, la position de la LPO, le regret qu’une autre solution ne soit pas envisagée et comprenaient une menace de dépôt de plainte si la destruction des espèces était avérée à l’issue du feu.

Bilan de l’impact du feu d’artifice 2024 :

Le chaos sonore et lumineux engendré par les explosifs provoque une panique totale chez ces oiseaux. Or, leurs œufs et leurs poussins doivent être constamment maintenus au chaud pour survivre. Cette année encore, les équipes bénévoles et salariées de la LPO BFC ont effectué un suivi intense le jour J, sur le terrain : de 14h à 7h00 du matin. Ils ont ainsi pu constater que les détonations et les explosions constituent un dérangement majeur pour l’intégralité des oiseaux qui quittent l’îlot.

Après 18 minutes de feu, tous les oiseaux n’ont pas regagné le site, en particulier les oiseaux non reproducteurs ou en phase d’installation : plus de 60 oiseaux à 21h, pas plus de 15 oiseaux 1h30 après la fin du feu d’artifice et à peine plus d’une vingtaine le lendemain matin. Parmi les oiseaux reproducteurs, la grande majorité ont regagné le nid, à l’exception d’un couple de sternes qui s’installait et d’un couple de petit gravelot qui a abandonné ses œufs. Le dérangement est d’autant plus problématique qu’il s’agit d’adultes qui couvaient des œufs. La température relativement fraîche pour la saison peut avoir eu un impact sur la reproduction. C’est pourquoi, la LPO BFC va continuer son suivi journalier de la colonie en veillant à l’évolution de chacun des nids et l’éclosion ou pas de ces œufs qui doit s’échelonner à partir de la fin de la semaine.

L’association nationale pour la biodiversité (ANB), l’association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) et Global Earth Keeper ont déposé une plainte, vendredi 12 juillet, contre la commune de Nevers et l’artificier. La LPO s'oriente, elle aussi, sur un dépôt de plainte pour dérangement d'espèces protégées, voire destruction d'espèces protégées selon l'issue du suivi actuellement en cours par nos équipes sur l'éclosion ou non des œufs protégés par les couveurs qui se sont envolés pendant le feu.