Geai des chênes

Conseil Biodiversité
Geai des chênes (Garrulus glandarius) © Fabrice Cahez

Geai des chênes (Garrulus glandarius) © Fabrice Cahez

Description

Assez farouche, le Geai des chênes Garrulus glandarius est impossible à confondre. Il arbore un plumage chamois roux avec des ailes blanches et noires, et de très jolies plumes bleues zébrées de noir au niveau du poignet. Le dessus du dos est brun-gris rosé, la gorge est blanche et les sous-caudales (plumes du dessous de la queue) sont blanches également. La calotte (dessus de la tête) est blanchâtre tachetée de noir. Les plumes de la calotte sont érectiles, donnant au crâne une forme pointue. Ses moustaches noires sont bien visibles et ses ailes paraissent très arrondies. En vol, on peut distinguer son croupion blanc et des barres alaires blanches. Vol indécis, irrégulier, en ligne droite. Le geai possède des ailes courtes et larges adaptées au déplacement en sous-bois (comme l'Autour des palombes). Le plumage du juvénile est très semblable à celui de l'adulte, mais semble moins uniforme, plus ébouriffé.

  • Longueur : 32-35 cm
  • Envergure : 54-58 cm
  • Poids : 140 à 190 g.
  • Longévité : 18 ans
  • Dimorphisme sexuel : mâle et femelle ont un plumage identique.

Voix

Le Geai des chênes est particulièrement loquace. C'est la sentinelle de la forêt, car il avertit par un "Shrreik" rauque et perçant les autres espèces de la présence d’un intrus sur son domaine. Ce cri peut être répétés lorsqu'il est en groupe, et peut même tourner au vacarme en cas de présence d'un prédateur. Il fait aussi des gloussements, des caquètements et d'autres sons rudes, graves, portant peu. Il sait aussi imiter le cri d’autres espèces, notamment le miaulement de la Buse variable Buteo buteo.

Ecouter la voix du Geai des chênes sur Xeno-Canto

Geai sur un tournesol

Geai des chênes © Jean-Paul Leau

Répartition

On trouve le Geai des chênes partout en France, en Europe, en Afrique du nord, jusqu'en Asie. Son aire de répartition s'étend d'ouest en est, depuis l'océan Atlantique à l'océan Pacifique sur tout le continent eurasiatique. Il est cependant absent d'Islande et de l'extrême nord de la Scandinavie.

Il existes différentes sous-espèces de geais en fonction de la localité géographique. Elles sont différenciables - entre autres - par la couleur du plumage, l'étendue des stries ou du noir sur la calotte, la couleur des joues...

Les oiseaux d'Europe du nord et de France appartiennent à la sous-espèce G. g. glandarius, reconnaissables à la calotte blanchâtre tachetée de noir. Les oiseaux des îles Britanniques G. g. rufitergum et G. g. hibernicus sont brun roux plus foncé.

Distribution mondiale du Geai des chênes (Garrulus glandarius) / wikipedia

Habitat

Le Geai des chênes est avant tout une espèce forestière. En période de reproduction il recherche la présence d’arbres, notamment les chênaies-charmaies et hêtraies. Il s'accommode des forêts mixtes et même de conifères en altitude. Il fréquente également les bosquets et les parcs urbains. En dehors de la période de reproduction, son habitat s’élargit aux milieux semi-ouverts : bocages, jardins, milieux semi-ouverts, espaces agricoles...

Migration et hivernage

Selon les conditions climatiques de la zone dans laquelle il vit, le Geai des chênes est soit sédentaire, soit migrateur. En France, on peut observer en septembre-octobre le passage migratoire de geais originaires du nord-est, se déplaçant en petits groupes lâches en direction du sud-ouest. Les oiseaux volent d'habitude à faible hauteur, passant rapidement d'une forêt à l'autre pour éviter au maximum les prédateurs. Une migration appelée : "migration rampante".

Pour préparer l’hiver, le geai fait des réserves de nourriture, notamment des glands et des faines (fruit du hêtre), qu’il cache sous des mousses, des feuilles mortes, parfois dans un arbre creux.

Alimentation

Le Geai des chênes se nourrit de glands qui représentent 70 à 80% de son alimentation (Yeatman-Berthelot D. et Jarry G., 1995) et qu’il transporte assez loin. Il participe ainsi à la dissémination du chêne, mais il prélève aussi des fruits, des œufs de passereaux, des insectes... Il vient même parfois sur les mangeoires.

 

Comportements

Relativement timide vis-à-vis de l’Homme, on entend souvent le geai plus qu’on ne le voit. Monogame, il niche par couples territoriaux qui se partagent la forêt. Il peut arriver que l'on observe le Geai des chênes dans une posture curieuse, assis sur sa queue et les ailes étendues devant lui ; c'est parce qu'il est en train de prendre un bain de fourmis. Pour se défendre, les fourmis envahissent son plumage, et l'humectent d'acide formique. Cette pratique permet de tuer les parasites ou tout au moins de les déranger suffisamment pour qu'ils deviennent plus accessibles lorsque l'oiseau procède au lissage.

Geai des chênes (Garrulus glandarius)

Reproduction

La saison de reproduction s’étend du mois d’avril à juillet. La femelle pond en moyenne 5 à 7 œufs, vert pâle parsemés de taches plus sombres. Les œufs sont incubés 16 à 17 jours par la femelle. Les poussins deviennent indépendants au bout de 8 semaines. Les Geais des chênes n’élèvent qu’une nichée par an.

Son nid est généralement installé dans une enfourchure d’arbre, assez haut (à plus de 3 mètres de hauteur). Le nid est formé d’une assise de brindilles et de branchettes assez plate de 35 à 40 cm de diamètre avec, en son centre, une coupe assez profonde tapissée de radicelles. 

Geai en vol

Geai des chênes © Fabrice Cahez

Tendance de la population

La population française de couples nicheurs de geais a été estimée entre 500 000 à 900 000 couples sur la période 2009-2012 (Olioso G., 2015  - Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine).

Le Geai des chênes est une espèce en augmentation en France de + 23 % sur la période 2001-2019 (Fontaine, B., Moussy, C., Chiffard Carricaburu, J., Dupuis, J., Corolleur, E., Schmaltz, L., Lorrillière, R., Loïs, G. & C., G. (2020),MNHN- Centre d'Ecologie et des Sciences de la Conservation, LPO BirdLife France).

En Europe, l'augmentation de sa population est qualifiée de modérée (EBBC - European Bird Census Council, 2024).

Statut

Le Geai des chênes est une espèce chassable qui peut être tuée en nombre illimité par tout détenteur d’un permis sur l’ensemble du territoire entre les dates officielles d’ouverture et de fermeture de la chasse, soit entre début septembre et fin février.

Le geai est également classé ESOD (Espèce susceptible d’occasionner des dégâts) dans 7 départements. Cela signifie qu’il peut y faire l’objet d’actes de destruction toute l'année par les particuliers ou à la demande du maire ou du préfet par battues administratives. C’est le préfet de chaque département qui détermine les espèces qui peuvent être classées nuisibles localement.

Enfin, le Geai des chênes est classé LC, "préocupation mineure" sur les listes rouges UICN de France, Europe, Monde et Régionales (INPN - Inventaire national du patrimoine naturel, 2024).

Un rôle utile dans la biodiversité

Le Geai des chênes n'est pas une espèce "nuisible" pour l'écologue ou l'ornithologue. Il occupe une place bien définie dans l'écosystème forestier et participe à la régénération de la forêt comme nous l'avons vu. Ce corvidé possède sous son bec une petite poche capable de transporter des glands qu’il dissimule à l’automne un peu partout sur son territoire, sous la mousse ou la litière de feuilles mortes, afin de constituer des réserves de nourriture pour l’hiver. Ceux qui ne sont pas consommés deviennent au printemps de nouveaux chênes, contribuant activement à la régénération naturelle des forêts.  

Il rentre aussi en interaction avec les autres animaux de la forêt puisqu’il donne l’alerte par son cri rauque lorsqu’un intrus ou un prédateur pénètre sur le territoire. Les autres espèces y reconnaissent un avertissement.

Geai des chênes (Garrulus glandarius) / Magnus Ferdinand (1822-1906)

Geai des chênes (Garrulus glandarius) / Magnus Ferdinand (1822-1906)

Cohabiter avec le Geai des chênes

Vous pouvez croiser un Geai lors de vos balades en forêt ou, s'il n'est pas trop timide, dans votre jardin ! Pour apprendre à cohabiter avec cet oiseau, vous trouverez de nombreux conseils dans la fiche médiation à télécharger ci-dessous.