Stop à l’empoisonnement de la faune sauvage
Signez la pétition !
Stop à l’empoisonnement de la faune sauvage
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Le LIFE EuroKite qui vise à sauver le Milan royal, espèce menacée en Europe, a permis d’équiper plusieurs centaines d’oiseaux avec des balises GPS depuis 2020 afin de mieux connaître les menaces qui pèsent sur l’espèce. Parmi les milans royaux morts depuis, un quart est décédé à la suite d’un empoisonnement. Et ce n’est pas la seule espèce touchée par ce fléau :
En 2020, après deux ans de surveillance, un agriculteur a été jugé pour avoir placé des appâts empoisonnés et causé la mort d'espèces protégées. Les autorités surveillaient son exploitation depuis 2018 en raison de la découverte régulière de cadavres de renards, de merles et de corneilles noires sur les terres voisines.
En 2023, un agriculteur a été condamné pour avoir empoisonné 3 milans royaux, une buse variable et un renard avec du Carbofuran, un insecticide toxique pourtant interdit en France et en Europe depuis 2008.
En 2024, un jeune Pygargue à queue blanche né en avril 2023 et baptisé Michel Terrasse, en hommage à l’illustre ornithologue disparu quelques mois auparavant, a été retrouvé mort à côté d'un étang piscicole des Ardennes. L'autopsie a révélé que l'aigle pêcheur avait ingéré du poisson recouvert d'un insecticide toxique, interdit en France depuis 2008 : le Carbofuran.
Signez la pétition pour demander à l’Europe un renforcement des réglementations européennes quant à l'usage des poisons et mettre fin à l'empoisonnement illégal de la vie sauvage !
Traduction de la pétition :
« Mesdames et Messieurs,
Chers Membres du Parlement Européen,
Par cette lettre, nous demandons à l'Union européenne d'agir pour mettre fin à l’empoisonnement illégal de la faune sauvage en Europe.
Dans le cadre du projet LIFE EUROKITE (LIFE18 NAT/AT/000048) « Protection transfrontalière du Milan royal en Europe par la réduction de la mortalité causée par l’homme », et avec le soutien de divers partenaires, tels que d'autres projets LIFE et différentes organisations, nous cherchons à identifier les origines anthropiques de la mortalité du Milan royal. L’empoisonnement illégal constitue une menace pour de nombreuses espèces rares et protégées d’oiseaux et de mammifères, tout en mettant en danger les citoyens européens et leurs animaux de compagnie. Les premières données du projet LIFE EUROKITE indiquent que l’empoisonnement est de loin la principale cause de mortalité liée à l’homme pour les Milans royaux.
Environ 50 plans d’action pour les espèces – ou Species Action Plans – développés par BirdLife International et financés par l’Union Européenne, reconnaissent l’empoisonnement comme une menace réelle, et recommandent des mesures anti-empoisonnement. C’est le cas dans la plupart des plans dédiés aux rapaces comme pour les deux espèces d’aigles impériaux, pour tous les vautours, et évidemment, pour les milans royaux.
Un très grand nombre d’animaux sont tués chaque année à cause de l’utilisation délibérée et illégale de poisons. Ces destructions qui ne devraient pas exister peuvent avoir de graves répercussions sur l’état de conservation des espèces vulnérables, y compris celles protégées par les lois nationales, européennes et internationales. Une approche transfrontalière au niveau de l’UE est nécessaire pour résoudre ce problème, en particulier pour les espèces migratrices.
Il est grand temps que l’Union européenne prenne des mesures pour lutter contre l’empoisonnement illégal de notre faune sauvage.
➔ Soutenez la « Journée européenne contre l’empoisonnement criminel de la faune sauvage » le 1er mars afin de sensibiliser le grand public et les décideurs politiques, car ce problème est largement sous-estimé et méconnu.
➔ Mettre en place une collecte systématique de données à l’échelle européenne pour créer une base de données sur les empoisonnements et identifier les hotspots (« points chauds ») en Europe. Cette base de données devrait être gérée par l’Union européenne ou l’une de ses organisations.
➔ Poursuivre et renforcer le Plan stratégique de Rome 2020-2030. »
La campagne contre l’empoisonnement criminel de la faune européenne (CPEW)
Annexe – Informations générales
Comme on le sait depuis de nombreuses années, l’utilisation d’appâts empoisonnés en milieu rural est l’une des méthodes les plus répandues pour l’élimination des prédateurs dans le monde (Márquez et al. 2012) et constitue une menace importante pour la biodiversité au sein de l’Union européenne. Les poisons sont utilisés pour détruire la faune considérée comme nuisible à certaines activités comme à la gestion du gibier, à la chasse, à l’élevage et à d’autres pratiques agricoles (Graham et al. 2005, Sotherton et al. 2009). L’utilisation illégale de poison est considérée comme l’un des problèmes les plus importants en matière de mise à mort illégale d’oiseaux en raison de ses graves impacts sur la conservation (Margalida et al. 2008, BirdLife International 2011) et est confirmée comme l’une des menaces directes les plus importantes en Europe pour l’Aigle ibérique (Aquila adalberti), l’Aigle impérial (Aquila heliaca), le Milan royal (Milvus milvus) et le Vautour percnoptère (Neophron percnopterus). Les appâts empoisonnés ont été identifiés, par exemple, comme le principal facteur limitant l’expansion de la population réintroduite de Milans royaux dans le nord de l’Écosse (Smart et al. 2010) et de la population d’Aigles royaux (Aquila chrysaetos) au Royaume-Uni (Whitfield et al. 2008).
En outre, les appâts empoisonnés ont un impact sérieux sur les mammifères carnivores (Virgós & Travaini 2005), provoquant un déclin des populations et/ou l’extinction régionale ou nationale de certaines espèces comme les ours, lynx, loups, mustélidés ou chats sauvages (Conseil de l’Europe 1993, Breitenmosser 1998, Lozano & Malo 2012, Ripple et al. 2014). L’utilisation indiscriminée des appâts empoisonnés représente également un risque pour d’autres espèces sauvages, les animaux de travail (chiens de berger et de chasse), les animaux domestiques et la santé humaine, avec des conséquences parfois mortelles.
Un très grand nombre d’oiseaux sont tués chaque année à la suite de l’utilisation délibérée, c’est-à-dire illégale de poisons (Brochet et al. 2015, Bodega Zugasti 2014). De plus, une étude en Allemagne confirme que l’utilisation de rodenticides et leur mésusage menacent également notre faune. L’étude montre que le taux de détection des rodenticides anticoagulants était le plus élevé chez les autours des palombes (81,3 %), suivi de près par les milans royaux (80,5 %) (Badry et al. 2021).
Cette mortalité inutile peut gravement affecter l’état de conservation des espèces vulnérables, y compris celles protégées par les lois nationales, de l’UE et internationales. De nombreuses actions et plans de long terme ont déjà permis d’accomplir beaucoup sur ces thématiques, telles que celles de la CMS (Plan d’action de Tunis, Facteurs de gravité et Principes de condamnation), ainsi que les connexions avec les directives Nature, la directive sur les crimes environnementaux et plusieurs projets LIFE anti-empoisonnement. Cependant, une approche transfrontalière au niveau de l’UE est nécessaire pour compléter les activités en cours concernant les espèces migratrices.
L’utilisation d’appâts empoisonnés consiste généralement à intoxiquer un aliment avec une substance toxique, en général des produits phytosanitaires comme les insecticides, rodenticides, fongicides, herbicides ou molluscicides (granulés pour limaces et escargots). L’appât est déposé à un endroit accessible aux animaux ciblés et souvent à d’autres espèces non ciblées, qui peuvent également être touchées. L’empoisonnement délibéré est donc une méthode de contrôle à grande échelle, non sélective et destructrice, qui a un impact considérable sur les espèces non ciblées et présente des risques démontrables pour la santé et la vie humaines.
L’empoisonnement illégal implique à la fois des composés légaux utilisés de manière illégale, et des substances illégales (par exemple, Carbofuran ou Aldicarbe). Les substances les plus couramment utilisées dans les appâts empoisonnés sont les insecticides et, dans une moindre mesure, les rodenticides (comme la Bromadiolone). Les insecticides de la famille des carbamates, comme le Carbofuran et l’Aldicarbe, sont souvent utilisés dans les appâts empoisonnés pour le contrôle des prédateurs dans de nombreuses régions du monde. Par exemple, en Espagne, entre 2005 et 2010, 50 % des cas d’empoisonnement recensés étaient causés par l’Aldicarbe et 22 % par le Carbofuran (Bodega Zugasti 2012). En Hongrie, le Carbofuran a été détecté dans 85 % des 476 oiseaux empoisonnés par des appâts destinés à contrôler illégalement les prédateurs entre 2000 et 2015. Les autres substances chimiques fréquemment détectées dans ce pays étaient le Terbufos (9 %) et le Phorate (7 %) (MME/BirdLife Hongrie).
Environ 50 plans d’action pour les espèces – ou Species Action Plans -développés par BirdLife International et financés par l’Union Européenne, reconnaissent l’empoisonnement comme une menace réelle, et recommandent des mesures anti-empoisonnement. C’est le cas dans la plupart des plans dédiés aux rapaces comme pour les deux espèces d’aigles impériaux, pour tous les vautours, et évidemment, pour les milans royaux.
Il est grand temps que l’Union européenne prenne des mesures pour lutter contre l’empoisonnement illégal de la faune européenne en soutenant l’introduction de la « Journée européenne contre l’empoisonnement criminel de la faune sauvage » et en gérant une collecte systématique de données à l’échelle européenne pour créer une base de données sur les empoisonnements.
En outre, il est nécessaire de poursuivre le Plan stratégique de Rome 2020-2030 avec plus de vigueur.
Références :
Badry, A., Schenke, D., Treu, G. & Krone, O. 2021. Linking landscape composition and biological factors with exposure levels of rodenticides and agrochemicals in avian apex predators from Germany. Environmental Research 193 (2021) 110602, ELSEVIER.
BirdLife International. 2011. Review of the illegal killing and trapping of birds in Europe. European Conference on illegal killing of birds. Larnaca, Cyprus.
Breitenmoser U. 1998. Large predators in the Alps: The fall and rise of man's competitors. Biol. Conserv., 83, 279-289
Brochet, A-L., Van Den Bossche, W., Jbour, S., et al. 2015. Preliminary assessment of the scope and scale of illegal killing and taking of birds in the Mediterranean. Bird Conservation International. 2016;26(1):1-28. doi:10.1017/S0959270915000416
Council of Europe. 1993. Seminar on the biology and conservation of the wildcat (Felis silvestris). Council of Europe, Strasbourg.
De la Bodega Zugasti, D. 2012. Estudio sobre las sustancias que provocan el envenenamiento de fauna silvestre. Madrid: SEO/BirdLife.
De la Bodega Zugasti, D. 2014, Uso ilegal de cebos envenenados. Investigación y análisis jurídico. SEO/BirdLife-Proyecto Life+VENENO. Madrid.
Graham, K., Beckerman, A. & Thirgood, S. 2005. Human–predator–prey conflicts: ecological correlates, prey losses and patterns of management. Biological Conservation 122, no. 2: 159-171
Lozano, J. & Malo, A.F. 2012. Conservation of European wildcat (Felis silvestris) in Mediterranean environments: a reassessment of current threats. Mediterranean Ecosystems: Dynamics, Management and Conservation (ed. Williams, G.S.). Nova Science Publishers Inc., Hauppauge, pp. 1-31.
Margalida, A., Heredia, R., Razin, M., & Hernández, M. 2008. Sources of variation in mortality of the Bearded vulture Gypaetus barbatus in Europe. Bird Conservation International 18, no. 1: 1
Márquez, C. J. M., Villafuerte Vargas, R. & Fa, J. E. 2012. Understanding the propensity of wild predators to illegal poison baiting. Animal Conservation: 118-129
MME/ BirdLife Hungary. TOTEM database serves. TOTEM database serves to collect mortality cases of wild animals that died for various reasons. This database targets the main causes of destruction that affect wild amphibian, reptile, bird and mammal species (e.g. poisoning, electrocution, collision with vehicles, window collisions, shooting, etc.). The development of this online database was supported by the European Commission's LIFE Nature programme in the frame of the PannonEagle project "Conservation of the Eastern Imperial Eagle by decreasing human-caused mortality in the Pannonian Region" (LIFE15/NAT/HU/000902).
Ripple W.J., Estes, J.A., Beschta, R.L., Wilmers, C.C., Richie, E.G., Hebblewhite, M., Berger, J., Elmhagen, B., Letnic, M., Nelson, M.P., Schmitz, O.J., Smith, D.W., Wallach, A.D. & Wirsing, A.J. 2014. Status and ecological effects of the world’s largest carnivores. Science, 343, 1241484.
Smart, J. et al. 2010. Illegal killing slows population recovery of a re-introduced raptor of high conservation concern–the red kite Milvus milvus. Biological Conservation 143.5: 1278-1286.
Sotherton, N., Tapper S. & Smith, A. 2009. Hen harriers and red grouse: economic aspects of red grouse shooting and the implications for moorland management. Journal of Applied Ecology 46, no. 5: 955-960
Virgós, E. & Travaini, A. 2005. Relationship between Small-game Hunting and Carnivore Diversity in Central Spain. Biodivers. Conserv., 14, 3475-3486.
Whitfield, D. P., Fielding, A. H., McLeod, D. R. A. & Haworth, P. F. 2008. A conservation framework for golden eagles: implications for their conservation and management in Scotland. Scottish Natural Heritage Commissioned Report No.193 (ROAME No. F05AC306)