Aquila chrysaetos
Famille des Accipitridés
Statut de conservation en France (UICN) : VU (Vulnérable)
Envergure : 1,88 à 2,27 m
Taille : 0,8 à 0,95 m
Poids : 2,9 à 6,6 kg
L’aigle royal est sédentaire.
Il est exclusivement montagnard en France.
Il va se reproduire dans les falaises ou les arbres. La hauteur du site varie entre 200m et plusieurs centaines de mètres.
Il se nourrit principalement de mammifères de taille moyenne. On estime sa population en 390 et 450 couples (7).
Description de l’espèce
L’Aigle royal présente un plumage marron foncé, aux nuances roussâtres, une calotte et une nuque clairs. Il possède une longue queue, avec le bord postérieur de l’aile plus ou moins incurvé en S. La cire et les doigts sont jaunes et les reflets dorés au niveau de la nuque lui ont valu le nom « d’Aigle doré ». Le plumage des immatures est plus homogène et plus sombre. Les poignets et la base de la queue des jeunes oiseaux sont blancs. Les tarses, emplumés et quelquefois maculés de blanc chez les jeunes, se prolongent de serres extrêmement puissantes. Le juvénile et l’immature, avec leurs zones blanches sur les ailes, et la queue noire et blanche, sont faciles à identifier.
Le vol léger, les battements d’ailes amples et puissants, même par vent fort, conduisent souvent à sous-estimer la taille de l’Aigle royal. En vol plané circulaire, il adopte une attitude typique : ailes légèrement relevées, parfois presque planes. En vol plané direct, les bras sont relevés et les mains planes, formant un angle net. L’envergure du mâle atteint 188 à 212 cm, celle de la femelle 215 à 227 cm. Le dimorphisme sexuel est très prononcé, l’envergure des femelles est de 10% plus grande que celle des mâles, et elles sont entre 40 et 50% plus lourdes. La période de mue a lieu pour l’essentiel de début mai à la mi-septembre [2]. L’Aigle royal crie rarement, même pendant la saison de reproduction. Il fait entendre des aboiements aigus, notamment pendant les vols nuptiaux, et des miaulements semblables à ceux de la Buse variable au cours de ces évolutions et comme signal d’avertissement . Les jeunes s’expriment par des séries de cris plaintifs dissyllabiques. Ces cris sont perceptibles à l’aire et en vol durant la période d’émancipation juvénile.
Longueur totale du corps : mâle 80 à 87 cm, femelle 90 à 95 cm.
Poids : mâle 2,9 à 4,4 kg, femelle 3,8 à 6,6 kg.
Répartition géographique
Espèce holarctique, ce rapace est présent sur tous les continents de l’hémisphère nord. Cinq à six sous-espèces sont reconnues, présentant de légères variations de taille ou de coloration [bg21]. L’Aigle royal est présent dans toute l’Europe, où il est confiné surtout aux reliefs de moyenne et de haute altitude, excepté en Russie, les pays baltes et la Scandinavie, où il occupe les forêts de plaines, [bg7]. En France, il se cantonne aux massifs montagneux situés au sud d’une ligne reliant Biarritz à Annecy. On le trouve dans tout le massif alpin, sur une ligne qui va du Jura à la Méditerranée, en Corse, dans le centre et le sud du Massif central et sur l’ensemble de l’axe pyrénéen et languedocien, qui représente la marge septentrionale de la vaste population ibérique [bg72].
Biologie
Écologie
Pour nicher, les couples recherchent préférentiellement des habitats rupestres comportant des espaces ouverts pour la chasse. Ils évitent les forêts et les paysages forestiers trop denses peu favorables à la chasse, ainsi que les zones trop densément peuplées, les milieux agricoles intensifs, les steppes et les prairies arides. Ils peuvent nicher dans un arbre si les falaises font défaut, comme cela est constaté dans les pays nordiques, voire en zone méditerranéenne, là ou les densités en proies sont élevées. Les aires sont dans ce cas construites sur une ou plusieurs branches latérales et non pas à la cime. Des nidifications au sol ont aussi été observées. L’Aigle royal chasse dans tous les milieux ouverts à semi-ouverts, tels que les landes, les alpages et les clairières, ainsi que les peuplements forestiers clairs. En hivernage ou en erratisme, les jeunes oiseaux peuvent aussi fréquenter des zones humides (marécages). Le terrain de chasse est occupé toute l’année et peut l’être par plusieurs générations successives, ou lorsque l’un des individus disparaît et se fait remplacer.
La taille des territoires de chasse est variable. En général, la superficie moyenne est comprise entre 50 et 150 km². Dans la réserve naturelle du Mont Vallier en Ariège, elle est comprise entre 35 et 75 km² [4], pouvant atteindre 200 à 400 km² dans le sud du Massif central [1]. D’une manière générale, ces territoires de chasse sont situés au dessus des sites de nidification, ce qui permet ainsi aux aigles de ramener des proies lourdes et volumineuses par un trajet descendant en vol plané et non en battant des ailes pour remonter vers l’aire.
Comportement
Les aigles territoriaux parcourent leur domaine tout au long de l’année. Les adultes sont sédentaires, bien que les populations nordiques de Scandinavie et d’Amérique du nord soient en partie migratrices [5]. De rares individus juvéniles et immatures sont parfois observés en hivernage dans des zones humides, comme la Camargue. La saison de reproduction de l’Aigle royal débute au mois de novembre. A ce moment de l’année, on peut observer une recharge d’une ou de plusieurs aires et les vols territoriaux et nuptiaux se font plus fréquents. Le choix de l’aire de reproduction intervient plus tard.
La période des parades s’étale de décembre à mars. Spectaculaires, les parades comportent des acrobaties et des jeux aériens : longs piqués, vols en festons, retournements et accrochages de serres à serres, offrandes de proies. Il y a deux types de parades nuptiales aériennes : un piqué au cours duquel l’oiseau qui vole le plus bas se renverse sur le dos et se défend en tendant les serres, et le vol en « festons », sinusoïdal, pendant lequel l’Aigle royal alterne piquets « ailes au corps » et remontées avec battements d’ailes [5].
Les premiers accouplements de janvier marquent le début de la reproduction proprement dite. L’Aigle royal est monogame, mais des trios avec deux femelles ont toutefois été signalés. Le couple marque fortement son territoire par des vols caractéristiques : simulations d’attaques, vols en festons, poursuites, piqués… Il est peu combatif, même s’il est territorial. Il se limite à de simples manœuvres d’intimidations, voire à de rares poursuites. Cependant, il arrive que de véritables combats éclatent lorsqu’un oiseau étranger pénètre sur un territoire de nidification. Seuls les environs du nid sont réellement défendus.
Reproduction et dynamique des populations
Le couple entame la saison de reproduction avec l’aménagement du nid. L’aire, imposante construction, est solidement bâtie dans la partie supérieure d’une falaise, sur une corniche protégée par un surplomb ou située dans une cavité, voire dans un conifère âgé. En France, en Espagne, en Italie, en Bulgarie, moins de 10% des nids sont construits dans des arbres, contrairement à la Finlande, la République Tchèque, ou la Slovaquie. Les aires sont situées entre 200 et 2500 m d’altitude.
Le couple possède deux à huit emplacements différents qu’il utilise à tour de rôle, avec toutefois une préférence pour un seul ou deux d’entre eux qu’il utilisera pendant plusieurs années consécutives. La distance entre les aires d’un même couple est très variable, allant de moins de 100 m à plus de 3 km [5].
Le nid est constitué de branchages que les oiseaux récoltent au sol ou prélèvent directement sur les arbres voisins. Rechargé d’année en année, il augmente de volume et atteint jusqu’à deux mètres de diamètre et 2,5 mètres d’épaisseur.
Les deux à trois œufs (parfois quatre), sont pondus à 3-4 jours d’intervalle entre le début de mars et le début d’avril. L’incubation dure 43 à 45 jours. La femelle incube seule la nuit et à 85% du temps le jour. C’est alors le mâle qui la nourrit [5]. Les poussins naissent surtout durant la deuxième quinzaine d’avril et restent au nid de 65 à 80 jours. Les nichées engendrant deux jeunes viables restent tout à fait exceptionnelles. Un seul jeune parvient généralement à l’envol, le phénomène de caïnisme étant très fréquent chez ce rapace. Des nichées à quatre jeunes ont toutefois été observées, notamment en Espagne. Les populations stables compensent ces faibles productivités par une longue espérance de vie des adultes.
Après l’envol, le ou les jeune(s) séjourne(nt) longuement sur le territoire des parents jusqu’au mois de décembre, parfois février. Par la suite, ils errent à la périphérie des domaines d’adultes territoriaux jusqu’à trouver un partenaire et un territoire vacant. Dans une population en bon état de conservation et où les sites de nidification sont saturés, il y a entre 20 et 30% d’aigles non appariés et non fixés à un territoire. Les pertes d’oiseaux appariés sont donc vite remplacées. Seul un quart des jeunes à l’envol parvient à l’âge de la maturité sexuelle. L’Aigle royal est adulte vers l’âge de 4-5 ans [5]. L’âge de première reproduction peut être plus précoce [3]. La longévité maximale observée grâce aux données de baguage est d’environ 32 ans, elle peut aller jusqu’à 50 ans en captivité.
Régime alimentaire
L’Aigle royal se nourrit en fonction des ressources présentes sur son territoire. De ce fait, son régime est qualifié d’éclectique, allant des petits passereaux aux rongeurs, en passant par des mammifères, tels que les renards ou chevreuils. Mais sa prédation s’exerce en priorité sur l’espèce la plus représentée, montrant une nette préférence pour des animaux pesant entre 0,5 kg et 5 kg. Dans les régions riches en lièvres, lapins ou marmottes, ceux-ci constituent la majorité des prises.
La recherche de nourriture ne se fait pas avant le lever du soleil et est entrecoupée de longues périodes de repos ou de vol à voile. Il arrive que le mâle et la femelle chassent de concert, l’un derrière l’autre, séparés d’une centaine de mètres.Lorsque les proies vivantes viennent à manquer, l’Aigle royal devient un charognard opportuniste. Il est incapable de transporter une proie plus lourde que lui, c’est à dire dépassant les 4 à 5 kg. C’est pourquoi il dépèce souvent les grosses proies avant de les rapporter à l’aire. L’Aigle royal peut tuer de jeunes ongulés pesant 15 kg au maximum, mais là encore, il les consomme sur place, y revenant à plusieurs reprises. Un gros ongulé (mort dans une avalanche par exemple), peut nourrir plusieurs aigles pendant une période assez longue (notamment en hiver) [2].
Les besoins estimés quotidiens sont modestes, 250 g pour un mâle et 300 g pour la femelle en moyenne. Ceux d’un aiglon s’élèvent en moyenne entre 150 et 200 g durant le séjour au nid. Il lui est possible de jeûner plus d’une semaine, en hiver par exemple, quand la nourriture devient plus rare. L'aigle royal est un prédateur dit de "bas vol" : lors de ses chasses, il plane à flanc de coteaux en rasant le sol, masqué par la végétation ou le relief, en effleurant les crêtes et les arbres ou chasse à l’affût du haut d’un perchoir bien en vue. Il base son attaque sur l'effet de surprise. Les proies sont prises à l’issue d’un bref piqué, soit à terre, soit en vol, et juste avant l’impact, il tend ses serres ouvertes vers l'avant, qui lui servent à saisir et tuer sa proie. L’attaque peut ainsi lui faire arracher un écureuil de sa branche, prendre un Grand tétras à l’envol, ou enlever un cabri de chamois dans un vol descendant. Les gros mammifères sont poursuivis en rase-mottes avant d’être capturés. Avec l’âge, l’Aigle royal acquiert de l’expérience et chasse avec de plus en plus d’efficacité. De gros oiseaux peuvent ainsi être capturés en vol (corbeau, buse, grue). La prédation envers la faune domestique est occasionnelle, mais avec la multiplication des élevages de volailles non protégés en plein air dans certaines zones de moyenne montagne, les prélèvements dus aux aigles peuvent être localement non négligeables. Comme beaucoup de prédateurs, l'Aigle royal rate la plupart de ses chasses et les taux de réussite moyens sont souvent inférieurs à 10%.
Bibliographie disponible en téléchargement ci-dessous