Un collier de perles aux yeux d’or. Le regard de la petite chouette perlée est, de tous ceux des rapaces nocturnes vivant en France, le plus sympathique, le plus confiant, curieux et presque joueur (Hugues Baudvin, 1995).
Nom français : Chouette de Tengmalm ou nyctale de Tengmalm
Nom latin : Aegolius funereus
Embranchement : Vertébrés
Classe : Oiseaux
Ordre : Strigiformes
Famille : Strigidae
Genre : Aegolius
Espèce : funereus
Description
La chouette de Tengmalm est un rapace nocturne de taille comparable à celle de la chevêche d Athéna. Elle se distingue de cette dernière par une tête plus ronde et plus grosse. L'oiseau mesure environ 25 centimètres et son poids moyen est proche de 100 grammes pour les mâles et 160 grammes pour les femelles.
Le disque facial est bien marqué et rend la confusion impossible avec une chevêche. Le dessus du plumage est brun foncé avec des points blancs qui lui ont valu d'être appelée « chouette perlée » par les suédois. Le vol est rectiligne et non pas onduleux comme celui de la chevêche.
La chouette de Tengmalm est strictement nocturne. La période d'activité comprend deux pics, l'un vers la fin du crépuscule, l'autre tôt le matin avant l'aube.
- Taille : 25 centimètres
- Envergure : 54 à 62 centimètres
- Poids : 100 grammes (mâle) et 160 grammes (femelle)
- Longévité : 8 ans
- Voix : le chant territorial est constitué d'une série monotone de 5 à 7 « oup » émis durant une à deux secondes, entrecoupés d'intervalles de 2 à 3 secondes. En soirée, le chant peut durer quelques minutes à quelques heures. La chouette de Tengmalm est franchement nocturne, mais elle chante parfois au crépuscule et même en plein jour.
- Cliquez ici pour entendre son chant.
Enregistrement fourni gracieusement par Gérard Olivier
Biologie et écologie
Habitat
La chouette de Tengmalm est une espèce typique de la taïga. Elle affectionne donc les forêts de résineux, surtout dans le nord de son aire de répartition et dans les zones montagneuses. Elle est inféodée aux vieux peuplements possédant des cavités favorables à la nidification.
Dans le Jura, c’est un oiseau caractéristique des hêtraies-sapinières et des hêtraies d’altitude. En Vanoise, elle se satisfait de la plupart des formations boisées d’altitude, de la hêtraie au mélézin. C’est la maturité du peuplement forestier, avec le maintien de vieux arbres, qui conditionne sa présence, en liaison avec la présence du pic noir, grand pourvoyeur de cavités. Dans les Pyrénées, les prospections menées durant les années 1970-1989 ont permis de trouver l’espèce dans des milieux forestiers assez variés : 50 % des observations se situaient dans des forêts de pins à crochets dominants, 30 % en sapin dominant, 5 % en pin sylvestre et 5 % en feuillus. La moyenne altitudinale des observations se situe vers 1 700 - 1 800 mètres, avec comme extrêmes 700 et 2 250 mètres.
A l’opposé en quelque sorte, elle se reproduit régulièrement sur quelques plateaux calcaires de Côte-d’Or, dans les combes froides boisées en feuillus (hêtres principalement), à des altitudes comprises entre 300 et 600 mètres. Dans les Vosges du Nord, elle niche dans des pinèdes, des forêts mixtes de feuillus et de résineux, voire des hêtraies pures (mais les résineux ne sont pas loin) à des altitudes comprises entre 250 et 350 mètres.
Globalement, on note ainsi une grande plasticité dans le choix de l’habitat : l’espèce se reproduit dans des futaies âgées d’essences variées, situées en altitude ou dans des cuvettes froides, avec des cavités favorables à la nidification.
Reproduction
La chouette de Tengmalm niche dans une cavité d’arbre, souvent une ancienne loge de pic noir mais elle utilise volontiers les cavités naturelles. La ponte comprend 3 à 10 œufs, pondus à deux jours d’intervalle et couvés pendant 26 à 28 jours. Comme ce petit rapace se nourrit essentiellement de rongeurs, sa reproduction est liée à l’abondance de ces proies. En cas de pullulation, les pontes sont précoces et bien fournies. Lorsque les rongeurs font défaut, les nidifications sont rares.
De même, en cas d’abondance de proies, plusieurs nids peuvent être occupés à moins de 100 mètres de distance. Un cas exceptionnel concernait trois nichées élevées simultanées dans un même arbre.
Elle adopte facilement les nichoirs mis à sa disposition. Ceux-ci ont permis l’accroissement des populations dans des zones où les vieux arbres troués faisaient défaut.
Régime alimentaire et technique de chasse
La chouette de Tengmalm se nourrit essentiellement de micro-mammifères (mulots et campagnols) et capture rarement des oiseaux ou des insectes. 1 802 proies ont été identifiées dans les restes de 18 fonds de nichoirs utilisés en Côte-d’Or. Le campagnol roussâtre venait en tête (47% des proies), suivi des mulots sylvestre et à collier (42% pour ces proies, les deux espèces réunies).
Distribution en France et dans le Monde
La chouette de Tengmalm est une espèce typique des forêts de conifères. Son aire de répartition couvre toute la zone circumpolaire holarctique. En Eurasie, elle se reproduit en Europe centrale où elle est une relique des dernières périodes glaciaires et de l’Europe septentrionale jusqu’à la Sibérie orientale. En Amérique du Nord, elle niche de l’Alaska jusqu’au Labrabor et à Terre-Neuve.
En France, son aire de répartition est un peu plus vaste que celle de la chevêchette. La chouette perlée niche dans les Alpes, le Jura et les Vosges, mais aussi dans les Pyrénées, le Massif central et sur les plateaux calcaires de Bourgogne, de Champagne et de Lorraine.
Des cartes de synthèse sont consultables sur faune-France.
Migration
L’espèce semble en partie sédentaire. Les populations nordiques font toutefois preuve d’un certain erratisme.
Effectifs
La population mondiale compte quelque 110 000 à 350 000 couples, soit un effectif considérable à côté des 1 500 à 2 500 couples nicheurs qu’abrite la France. Malgré des déclins dans quelques pays entre 1990 et 2000, la population mondiale est stable en Fennoscandie, Roumanie et Russie. Sa tendance globale est à la stabilité voire l’augmentation dans la plupart des autres pays européens.
Menaces
Aucune menace directe n’affecte la chouette de Tengmalm. La principale mesure de gestion à prendre est de maintenir un milieu favorable, donc une forêt riche et diversifiée avec des arbres à cavités et des vieux bois qui permettent la nidification du pic noir.
Les populations de cette chouette sont fluctuantes et dépendent des populations de micromammifères. Une absence ou une raréfaction momentanée de l’espèce ne signifie donc pas obligatoirement que le milieu n’est plus favorable et que l’espèce est en danger.
Statuts
Statut légal
La chouette de Tengmalm, comme toutes les espèces de rapaces, est protégée en France, selon la loi du 10 juillet 1976 (arrêté d’application du 17 avril 1981) relative à la protection de la nature.
De plus, elle figure en annexe I de la Directive « Oiseaux » (n° 79/409 du 6 avril 1979). Cette directive européenne s'applique à tous les États membres de la Communauté, depuis le 6 avril 1981. Elle vise à assurer la protection de toutes les espèces d'oiseaux désignées en annexe I de la dite Directive et elle permet la désignation de Zones de protection spéciales, qui sont destinées à renforcer le réseau Natura 2000.
La chouette de Tengmalm figure également en annexe II de la Convention de Berne qui a pour objet d'assurer la conservation, au niveau européen, de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs États.
La chouette de Tengmalm est protégée par la CITES ou Convention de Washington (annexe II : liste des espèces qui, bien que n'étant pas nécessairement menacées actuellement d'extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé). Cette Convention sur le commerce international des espèces est un accord international entre États qui a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent.
Statut de conservation
La chouette de Tengmalm est inscrite sur la liste rouge de la faune menacée de France, dans la catégorie « à surveiller ». Elle est classée dans la catégorie CMAP 5 (espèce dont le statut français n’est ni défavorable ni fragile, contrairement au statut européen).
A l’échelle européenne, d’après les critères définis par Birdlife International (Tucker & Heath, 1994), la chouette de Tengmalm est classée dans la catégorie Non-SPEC (espèce non concentrée en Europe au statut de conservation favorable).
Au niveau mondial, elle figure sur la liste rouge de l’IUCN dans la catégorie « préoccupation mineure ».