Effraie des clochers

Conseil Biodiversité

L'Effraie des clochers est une magnifique chouette au masque facial blanc et aux yeux noirs. Elle se nourrit à 95% de campagnols et de musaraignes et est un auxiliaire des cultures d'une grande importance. Elle nidifie dans les granges et les clochers d'églises où les accès sont de plus en plus bouchés (grillage).

Effraie des clochers © Gregory Smellinckx

Effraie des clochers © Gregory Smellinckx

Description

  • Longueur : 33-39 cm
  • Envergure : 80-95 cm
  • Poids : 290 à 340 g (315 g de moyenne) chez le mâle et de 310 à 370 g (340 g) chez la femelle.
  • Longévité : 12-17 ans (max 21 ans).

L'Effraie des clochers ne peut être confondue. Elle porte une tête blanchâtre en forme de cœur (formant un masque facial) et des yeux noirs, ce qui est rare chez les rapaces nocturnes. Ses parties inférieures sont blanches tachetées. Les parties supérieures des ailes et de la queue sont chamois dorées, finement ponctuées de gris pâle, blanc et noir. Le dessous des ailes est entièrement blanc. Les effraies ont de longues pattes entièrement emplumées.

Son cri est un long chuintement sonore, souvent lancé en vol. Il est très différent de l’appel strident « ki-wick » lancé par la Chouette hulotte Strix aluco dans l’obscurité. L’Effraie des clochers ne « hullule » pas mais possède d’autres cris, souvent utilisés au nid : ronflements graves ou aigus chez les jeunes, cris aigus, stridents et tremblés chez l'adulte.

♪ Ecouter le chant et les cris de l'Effraie des clochers sur Xeno-Canto

Effraie des clochers (Tyto alba) forme rousse © François Desbordes

Effraie des clochers (Tyto alba) forme rousse © François Desbordes

Répartition

L’effraie des clochers est présente sur presque toute la planète (espèce cosmopolite), essentiellement dans les zones tropicales et subtropicales mais également dans les régions aux températures plus modérées en Europe et Amérique du Nord. Elle évite les zones désertiques. L'espèce se reproduit communément dans toute l'Europe, sauf dans les pays scandinaves. Les pays situés à l’est du continent accueillent de faibles populations, en particulier la Bulgarie, la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine (BirdLife International, 2004).

En France, l'Effraie de la sous-espèce T. a. alba se reproduit sur l'ensemble du territoire, excepté dans les zones montagneuses des Alpes, des Pyrénées, et du Massif central.

Habitat

En France, on trouve l'Effraie dans les milieux ouverts et bocagers situés à proximité des constructions humaines. Les territoires de chasse préférentiels comportent une forte proportion de prairies naturelles, de lisières de champs, de haies ou bois ainsi que des friches, jachères et vergers. Les marais intérieurs ou littoraux, ainsi que les zones de grandes cultures sont également fréquentés. En revanche, les grands massifs forestiers sont rarement occupés.

Effraie des clochers (Tyto alba) / Pixabay

Effraie des clochers (Tyto alba) / Pixabay

Nourriture et chasse

L’Effraie des clochers est essentiellement nocturne mais peux chasser avant l’obscurité complète et au lever du soleil, surtout quand elle nourrit ses jeunes. Elle chasse aussi de jour en hiver. En Europe, les micro-mammifères représentent 90% des proies, surtout les campagnols agrestes suivis des mulots et des rats surmulots, mais il existe des variations régionales et saisonnières.

Les proies sont avalées en entier avec les éléments indigestes (poils, os, dents, plumes…) puis régurgitées en larges pelotes rondes, noires et lisses, s’accumulant sur les sites de nidification et les reposoirs diurnes. L’Effraie des clochers chasse souvent d’un perchoir exposé (piquet de clôture), mais aussi en vol. Elles ont une ouïe exceptionnelle et peuvent localiser leur proie seulement au son.

Reproduction

Le nid est installé habituellement dans des bâtiments anciens assurant un minimum d'espace obscur (granges, greniers de ferme ou de maison peu fréquentées, églises, châteaux, pigeonniers) et dans des cavités (arbres, falaises). La nidification dans des arbres ou en falaises est très rare dans les régions du nord et de l'est de la France, alors qu'elle paraît nettement plus fréquente sur les façades atlantiques et méditerranéennes (Muller). En France, les églises (nefs et clochers) sont particulièrement recherchées.

La taille des pontes et le succès de nidification dépend de la disponibilité des proies principales, il peut donc y avoir des variations considérables d’année en année sur les performances de la nichée. Deux à quatorze œufs blancs (6 en moyenne) sont pondus à intervalles de deux ou trois jours. L’incubation se termine au bout de 30-31 jours et la femelle commence à couver dès le premier œuf. Par conséquent, les éclosions ont deux à trois jours d’intervalle et montrent différents stades de développement : le plus jeune oisillon peut mourir si la nourriture vient à manquer. Les jeunes oiseaux volent à 50-55 jours.

Deux nidifications peuvent être menées par année. Environ 75% des jeunes meurent la première année : pour les autres, l’espérance de vie est de un à trois ans.

L’effraie des clochers (Tyto alba)

L’effraie des clochers (Tyto alba) peut parfois se noyer la nuit dans les bassins où l’eau reflète © Google images

 

Menaces

  • Disparition des secteurs où l'effraie peut chasser (prairies naturelles) et modifications des pratiques agricoles (agriculture intensive).
  • Trafic routier (collision).
  • Disparition des vieilles haies boisées et des vieilles constructions agricoles, démolies, modernisées et converties pour d’autres usages.
  • Utilisation de rodenticides contre les micro-mammifères (principales proies de l'effraie).
  • Electrocution ou collision avec les lignes électriques.
  • Période prolongée de froid (neige).

Propositions de gestion

Le maintien des populations d'Effraies dépend en grande partie des politiques agricoles. La protection des habitats de l'espèce passe par le maintien et la restauration d’un milieu rural diversifié. Il serait souhaitable par exemple, d'encourager par des aides financières le pâturage extensif (reconquête des prairies naturelles) et de mener une politique de protection et de replantation de haies. La conservation des arbres têtards paraît fondamentale. Il apparaît aussi nécessaire de diminuer l’utilisation des pesticides.

  • Préserver les prairies, les bordures de champs, bords de cours d'eau et les bandes enherbées en lisière de bois qui procurent des zones idéales de chasse.
  • Prévoir la restauration de bandes enherbées de 20 mètres autour des champs, comprenant des touffes de Poacées comme le dactyle Dactylis glomerata ou la houlque laineuse Holcus lanatus. Elles formeront un couvert végétal favorable aux campagnols.
  • Faucher les herbes hautes en septembre, en laissant 10% d'herbes non coupées. Les zones non fauchées doivent se trouver près des haies ou sur les bordures.

 

  • Maintenir en place les piquets de clôture qui servent de perchoir.
  • Poser des nichoirs adaptés à l'effraie dans les zones où les combles sont fermés (clochers, granges) : Cette mesure doit être envisagée en concertation avec les chiroptérologues du fait de la prédation exercée par l'effraie sur les colonies de reproduction de chauve-souris qui sont aussi des espèces menacées (Fairon et al, 1996).

Chouette blessée

Si vous trouvez une effraie blessée sur le bord de la route, saisissez la avec des gants ou un chiffon par le corps, en faisant attention aux serres, puis mettez la dans un carton avec un journal au fond. N’oubliez pas de perforer le carton pour l’aération.

Si vous avez une ou des effraies en situation de détresse (travaux, jeune chouette au sol, accès fermé...), voir la Fiche médiation LPO - Effraie des clochers et suivre les consignes ici sur le site de la LPO ou contacter le 05 46 82 12 34 qui pourra vous indiquer les coordonnées du centre de soin le plus proche de chez vous.

Tendance de la population

Le statut européen de l'Effraie des clochers était considéré en déclin dans la période 1970-1990. Actuellement, la baisse des effectifs nicheurs semble plus modérée, excepté dans les Iles Britanniques, en Espagne, Italie, Europe centrale et Ukraine (BirdLife International, 2004). Le statut de conservation de l'espèce reste cependant défavorable.

La population européenne actuelle est estimée entre 110 000 et 220 000 couples. L'Espagne et la France accueillent les plus fortes populations avec respectivement 50 000 à 90 000 couples et 20 000 à 60 000 couples.

Statut

  • Espèce intégralement protégée (arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection) ; 
  • Espèce protégée (article 1er de l'arrêté modifié du 17/04/81), inscrite à l'Annexe II de la Convention de Berne, à l'Annexe II de la Convention de Washington et à l'Annexe C1 du règlement CEE/CITES.
  • Espèce inscrite à la Directive oiseaux 79/409/CEE.
  • Classée "Préoccupation mineure" (LC) sur la liste rouge de l'UICN.

 

Voir également la fiche espèce de l'Observatoire des Oiseaux des Jardins.