2002 - Le Prestige
Suite à une avarie survenue le 13 novembre 2002, le pétrolier Prestige battant pavillon Bahamas, s’est brisé en deux et a sombré le 19, à 270 Km de la Galice en Espagne par plus de 3 000 m de fond avec plus de 77 000 tonnes de fioul lourd à bord.
Les premiers oiseaux mazoutés se sont échoués en Espagne le 15 novembre, au Portugal le 6 décembre et en France le 28 décembre 2002. Au total, plus de 23 000 oiseaux mazoutés ont été collectés et comptabilisés sur les côtes espagnoles, portugaises et françaises.
L’action de la LPO :
En France, face aux risques d’arrivées de polluants et d’échouages d’oiseaux, les préfectures mettent en alerte tous les départements littoraux (des Pyrénées-Atlantiques au Finistère) et prennent très vite en compte les risques encourus par l’avifaune. De nombreuses associations (l’ADEV, le Centre de Soins Helgalaldia, la FDC des Landes, le Centre de Soins de l’ENV de Nantes, la LPO, le Centre de Soins du Marais aux oiseaux, Bretagne Vivante, l’UFCS, le Centre de Soins LPO de Lorient, …) s’organisent pour collecter et accueillir d’éventuels oiseaux mazoutés.
Par mesure de prévention, des réseaux de surveillance du littoral et de collecte des oiseaux mazoutés sur les plages sont mis en place sur l’ensemble de la côte atlantique. En Charente-Maritime, tous les oiseaux collectés morts et vivants sont initialement regroupés par secteur, avant d’être transférés au Marais aux Oiseaux (Ile d’Oléron) pour y recevoir les premiers soins puis vers l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes afin d’y être lavés et réhabilités en piscine. En Aquitaine, suite aux échouages conséquents d’oiseaux, la DIREN sur demande du préfet de zone organise et coordonne un plan de sauvetage. Les oiseaux collectés sur les plages sont transférés vers un des 3 centres de transit médicalisés créés dans l’urgence, en Pyrénées-Atlantiques (Helgalaldia), dans les Landes (FDC 40) et en Gironde (LPO Aquitaine), pour y recevoir les premiers soins avant d’être accueilli dans le centre de soins (lavage et réhabilitation en piscine) installé dans les Landes (Bretagne Vivante/UFCS).
Une équipe composée d’une soigneuse LPO et de 2 spécialistes du centre de l’Ecole Vétérinaire de Nantes iront 15 jours sur place pour aider nos homologues espagnols : la SEO et transmettre notre expérience et connaissances.
Au 16 mai 2003, en Espagne et au Portugal, 20238 oiseaux ont été touchés par la pollution (source : SEO/Birdlife) et 2831 oiseaux mazoutés ont été collectés en France.
La LPO a déposé plainte. Michel Métais a été auditionné par la gendarmerie maritime en juin 2007 sur cette affaire. Le ministère public représentera les parties civiles françaises lors du procès qui se déroulera en Espagne.
Mardi 27 janvier 2016, le capitaine a été condamné à 2 ans de prison par la justice espagnole. Quant à l’armateur et l’assureur, ils sont déclarés civilement responsables car le pétrolier, surchargé, mal entretenu et surtout vieux de 26 ans était en fin de vie et aurait dû finir à St-Pétersbourg.
Ils devront indemniser les nombreuses victimes « à hauteur d’un milliard de dollars », soit le plafond qui figurait dans le contrat d’assurance. Les dédommagements, concernant essentiellement la France, le Portugal et surtout l’Espagne. Dès 2012, le préjudice avait été chiffré à plus de 4 milliards d’euros dont 3,8 pour l’Etat espagnol. En 2013, le gouvernement français avait estimé plus de 100 millions le coût pour les victimes françaises de la marée noire.
Le montant global des dommages et intérêts auquel seront condamnés le capitaine, l'assureur et le propriétaire n'a pas encore été fixé, pas plus que le détail des victimes (communes littorales, associations …) qui seront indemnisés car « La Cour suprême espagnole a seulement donné un cadre général pour la fixation des indemnisations ». Elle souligne cependant que l'indemnisation devra couvrir « la réparation des dommages constatés, le manque à gagner, y compris les dommages causés à l'environnement dans ses différents aspects, l'indemnisation des dommages d'ordre matériel et moral, dans la limite des requêtes formulées par les parties dans leurs conclusions ».
La LPO est donc particulièrement satisfaite mais reste vigilante quant aux suites concrètes qui vont être données à cette décision de justice.