Comment et pourquoi la LPO se mobilise ?
Comment et pourquoi la LPO se mobilise ?
A travers sa campagne de plaidoyer « Présumés coupables », la LPO demande la révision de l'arrêté triennal fixant la liste des ESOD du groupe 2 (Belette d'Europe, Fouine, Martre des pins, Renard roux, Corbeau freux, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes, Étourneau sansonnet), avec l’objectif de la voir disparaître, ou tout au moins considérablement réduite. Nous entendons réhabiliter l’image de ces espèces indésirables en les faisant mieux connaître du grand public, et en sensibilisant les agriculteurs, les éleveurs et les élus aux bénéfices qu’elles peuvent générer. De nombreux contenus seront publiés sur nos réseaux sociaux et la LPO organisera différentes actions de mobilisation en France.
Nous inviterons ensuite nos sympathisants à participer massivement à de la consultation publique obligatoire qui sera mise en ligne par le gouvernement avant l’été 2023 lors de la préparation du nouvel arrêté triennal renouvelant la liste des ESOD. Lors de la publication de ce dernier en juin 2023, et en fonction de son contenu, des recours juridiques seront envisagés aux niveaux national et local.
Chaque citoyen peut en parallèle interpeller ses élus locaux qui ont la possibilité d’exclure certaines espèces du classement ESOD à l’échelle d’une commune, d’un canton ou d’un département.
La LPO a également soutenu une étude inédite de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) afin de proposer des méthodes d’évaluation plus objectives de la réalité des dégâts et de l’impact des prélèvements sur les populations des espèces ciblées.
Laissons les vivre !
En à peine un demi-siècle, près de 70% de la faune sauvage a été exterminée sur la planète, essentiellement en raison de la disparition et la dégradation des habitats naturels causées par les activités humaines, en particulier la production animale et l’agriculture intensive. Les scientifiques du monde entier s’accordent pour parler de sixième extinction de masse, la précédente ayant vu la disparition des dinosaures et de 75% des espèces vivantes il y a 65 millions d’années.
Dans un tel contexte d’effondrement de la biodiversité, est-il encore aujourd’hui acceptable d’opter pour la solution de facilité, plus simple mais à terme inefficace, consistant à éliminer des animaux sous l’unique prétexte, parfois fallacieux, qu’ils nuisent aux rendements agricoles, à notre seul confort, voire à nos loisirs ? Notre opinion sur eux ressemble trop souvent à un jugement « à charge » qui fait l’impasse sur leur importance dans le fonctionnement des écosystèmes naturels, pour se concentrer sur la gêne qu’ils nous occasionnent malgré le fait que ces désagréments soient largement compensés par les services rendus, dont nous bénéficions sans nous en apercevoir.
Au cours de son évolution et principalement depuis sa sédentarisation, le rapport que l’Homme entretient avec la nature a progressivement changé, au point de ne plus la considérer comme notre cadre d’existence mais comme une simple ressource à exploiter. Ainsi s’est-il octroyé le droit de vie et de mort sur le vivant avec l’établissement d’une hiérarchie entre les espèces utiles et d’autres portant préjudice à ses activités, qu’il convient donc d’éliminer. Il est aujourd’hui urgent de changer de paradigme en reconsidérant notre rapport au vivant qui nous entoure, au risque d’être entrainés dans son funeste déclin. La priorité doit être de restaurer les équilibres naturels. Cela passe, à minima, par un durcissement drastique des conditions de destruction des espèces sauvages, quels que soient leur statut juridique, leur état de conservation et les prétendus dégâts occasionnés sur notre propre exploitation de la nature.