Les espèces exotiques envahissantes désignent les espèces introduites par l’humain hors de leurs aires de répartition naturelle, volontairement ou accidentellement, et qui menacent les écosystèmes, les espèces locales, la santé ou les activités économiques. Elles figurent parmi les cinq grandes pressions pesant sur la biodiversité au niveau mondial.

En Outre-mer, les espèces exotiques envahissantes animales (EEE) constituent l’une des principales menace et cause de disparition de la biodiversité. L’UICN a d’ailleurs récemment mis en lumière que les espèces exotiques envahissantes constituent une pression pour près de 30 % (soit 772 espèces) des espèces végétales et animales menacées en outre-mer et sont impliquées dans 43 % (102 espèces) des extinctions documentées. Parmi les 100 espèces animales et végétales considérées comme étant les plus envahissantes au monde, 60 sont d’ailleurs présentes dans les Outre-mer français.

Prédation d’un œuf par un Rat © Kaua Endangered Seabird Recovery Project

Prédation d’un adulte par un Chat haret © Kaua Endangered Seabird Recovery Project

Introduits de manière volontaire ou involontaire par l’Homme, certaines de ces espèces comme les rats ou encore le Chat haret impactent l’avifaune ultramarine à travers la prédation des œufs, des juvéniles et/ou directement des adultes. Souvent composées de petites populations, parfois isolées, l’avifaune ultramarine reste fragile et sensible à leur introduction contre lesquelles ces espèces n’ont pas acquis de moyen de défense. Ainsi de nombreuses espèces voient leur population diminuée voire s’éteindre et leur succès de reproduction devenir quasi nul.

Que ce soit sur le territoire hexagonal ou en Outre-mer, le besoin d’agir est urgent si nous souhaitons pouvoir protéger l’avifaune. Cela doit passer par la mise en place de mesures de biosécurité permettant de prévenir et d’éviter les introductions d’espèces, par l’accélération et l’amplification de programmes de contrôle et de lutte des espèces exotiques envahissantes et par la sensibilisation et la participation du grand public à ces projets de conservation.

La LPO France agit ainsi contre cette menace et déploie des programmes en métropole à l’instar du LIFE Vison (2017-2022) dont l’une des priorités consistait à surveiller l’expansion du Vison d’Amérique sur le territoire du Vison d’Europe mais également en Outre-mer avec la coordination de programmes européens en faveur de l’avifaune ultramarine (Life+ CAP DOM (2010-2015), LIFE BIODIV’OM (2018-2024)) et le soutien à certains projets locaux comme la sauvegarde du Monarque de Fatu Hiva en Polynésie française.

Mise en place de pièges mécaniques A24 dans les mangroves de nidification du Crabier blanc à Mayotte © GEPOMAY/LIFE BIODIV’OM

Construction d’un exclos anti-chats en Nouvelle-Calédonie pour protéger une colonie de pétrels © BCNC

A l’instar de l’île Tromelin, les opérations de lutte et de contrôle d’espèces exotiques animales fournissent des résultats plus que positifs pour l’avifaune. Tandis que l’île de Tromelin abritait près de 350 couples de deux espèces d’oiseaux marins nicheurs, le Fou masqué et le Fou à pieds rouges, l’opération menée d’éradication du Rat en 2005 a conduit à l’augmentation croissante de leurs populations respectives mais également à la recolonisation d’espèces d’oiseaux marins nicheurs à tel point qu’en 2022, l’île abritait près de 7 espèces d’oiseaux marins nicheurs et plus de 4000 couples au total, l’histoire d’un véritable succès.

Fous masqués sur l’île de Tromelin © Florent BIGNON/TAAF