Les effets de la pollution lumineuse sur les oiseaux sont bien connus, avec des impacts sur les oiseaux migrateurs ou les oiseaux nocturnes qui utilisent les astres et leurs lumières pour se diriger et voient ainsi leurs déplacements perturbés, conduisant parfois à l’échouage de certaines espèces en ville. Les oiseaux terrestres sont également impactés, avec des dérèglements de leurs horloges internes et des chants effectués trop tôt en saison en étant calés sur les lumières artificielles et non sur l’aube.

Sur l’île de La Réunion, l’augmentation de l’urbanisation a amplifié l’impact de la pollution lumineuse : les quatre espèces de Procellariidés (puffins, pétrels) nichant sur l’île subissent ainsi une importante mortalité due à l’attraction des lumières artificielles. Deux de ces espèces sont d’ailleurs endémiques de La Réunion et fortement menacées, le Pétrel noir de Bourbon et le Pétrel de Barau. Il est estimé que 5 à 10 % de la population des jeunes pétrels de Barau qui prennent leur envol s’échouent à cause de la pollution lumineuse. Le nombre de Pétrels de Barau retrouvés échoués est également considérable et oscille autour des 1400 individus pour l’année 2024.

Carte de la pollution lumineuse et des échouages de Pétrel de Barau et de puffins recensés entre novembre 2012 et décembre 2018 (Source : NOAA, Tourmetz 2018).

Pour lutter sauvegarder ces espèces, la Société d’études ornithologiques de La Réunion, partenaire officiel de la LPO France sur l’île, assure depuis 1995 le sauvetage des animaux sauvages protégés signalés en détresse sur l'ensemble du territoire de l'île. Grâce aux opérations de sensibilisation mises en œuvre, l’association a forgé un réseau de sauvetage qui accompagne les particuliers ayant trouvé un oiseau.

Le réseau de sauvetage de la SEOR, piloté par les salariés du centre, est composé essentiellement de bénévoles et d’une centaine de structures dites « postes-relais » telles que les cliniques vétérinaires, les casernes du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) ou encore la Police Nationale ou encore la Gendarmerie Nationale dans lesquels les oiseaux peuvent être déposés.

Ensuite, un réseau de plusieurs dizaines de bénévoles répartis partout sur l'île récupère les animaux et les font transiter jusqu'au centre de soins situé à Saint-André quand cela s'avère nécessaire. Grâce à cet effort collectif, 85% des oiseaux pris en charge peuvent reprendre le cours de leur vie en milieu naturel.

La LPO et la SEOR travaillent également actuellement avec le Groupe La Poste à La Réunion dans le but de tenter d’intégrer l’entreprise dans ce programme afin d’améliorer l’acheminement des oiseaux au centre de soins.

Centre de sauvegarde de la SEOR à La Réunion © SEOR

Chaque année au mois d’avril, une autre initiative est également menée lors de la période d’envol des jeunes et pilotée par le Parc national de La Réunion en collaboration avec la SEOR. Dénommée « Les Nuits sans lumières » jusqu’à 2019 puis "Les Jours de la Nuit", elle regroupe des partenaires publics et privés qui s’engagent notamment à éteindre les éclairages la nuit pendant le mois d’avril afin de favoriser leur envol et d’éviter leur échouage sur l’île. Elle a également pour objectif de sensibiliser à la pollution lumineuse, ses effets négatifs sur la biodiversité et l’homme et de communiquer sur les moyens de la réduire.

Crédit : S. Michel/ Parc national de La Réunion