Cigogne blanche
Cigogne blanche
En 1974, la Cigogne blanche était au bord de l’extinction et la France n’abritait plus que 11 couples nicheurs, un en Ille-et-Vilaine, un dans la Manche et 9 en Alsace. Grâce aux actions coordonnées par la LPO (mise en place de plates-formes artificielles notamment), notre pays compte désormais près de 5000 couples, dont 525 en Charente-Maritime (2019), ce qui en fait désormais le premier département français, devant le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, pour le nombre de couples qui s'y reproduisent, et le nombre de jeunes à l'envol !
1974 : une espèce au bord de l'extinction en France
La population alsacienne, qui comptait 177 couples en 1947, a subi un déclin rapide à partir de 1961 (118 couples) jusqu'à atteindre le seuil d'extinction en 1974 (9 couples).
Le déclin de la population française, plus généralement de l’Ouest européen, était principalement dû à une chute du taux de survie annuelle des adultes, consécutive aux fortes sécheresses sahéliennes. D'autres causes sont évoquées comme les électrocutions sur les lignes électriques aériennes et surtout une importante mortalité due à la chasse, en particulier sur les lieux d'hivernage africain, et notamment au Mali. Dans ce pays, des ornithologues de la LPO constatent des prélèvements qui peuvent atteindre plus de 700 oiseaux par an.
Des actions de conservation couronnées de succès
Face à ce déclin dramatique, des ornithologues et passionnés se sont mobilisés.
En Alsace-Moselle, en Suisse, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, la méthode dite des enclos, consistant à réintroduire des cigognes (notamment avec des oiseaux du Maghreb) ayant passé 2 à 3 ans en captivité, a été mise en œuvre et s'est traduit par des résultats concrets et satisfaisants.
La seconde solution, adoptée avec succès en Charente-Maritime, a consisté à mettre en place des supports artificiels (plateformes de nidification) afin de pallier le manque de lieux propices à l’installation de nid.
La Charente-Maritime, 1er département de France pour la Cigogne blanche
En 1884, les mentions de Cigogne blanche en Charente-Maritime ne font état que de très rares passages accidentels. Elle niche pour la première fois en 1962 et, jusqu'en 1967, 1 à 3 couples s’installent chaque année.
Après une période d'interruption de près de dix ans, un premier couple revient nicher spontanément en 1978.
Les cigognes installent leurs nids sur les branches maitresses des ormes. Or, à cette époque, ces arbres sont victimes de la graphiose, se dessèchent et meurent. Le nid pouvant atteindre le poids moyen de 400 kg, les arbres morts s'effondrent à la première tempête, jetant à terre, nid, œufs et nichées.
Dès 1978, de nombreuses plateformes sont installées par le Groupe Ornithologique Aunis Saintonge (GOAS) et la LPO. L'espèce étant grégaire, l’opération débute en marais de Brouage puis dans les prairies humides de la Vallée de la Charente et du pays Rochefortais. Les efforts de conservation et l'arrivée d'oiseaux espagnols permettent à la Cigogne blanche de recoloniser ce département, et, plus globalement, l'ensemble de la façade atlantique.
Suite à l'ouragan Martin de décembre 1999 et aux vents violents qui cassent ou décapitent de nombreux arbres, les cigognes blanches installent à nouveau leur nid dans les arbres (185 en 2011 contre 98 sur plateformes artificielles), créant des colonies de reproduction.
Parallèlement, le nombre de nids installés sur les structures électriques croît avec 32 nids en 2011, dont 27 sur des pylônes haute tension et 5 sur des poteaux moyenne tension. Ces installations s'accompagnent de la signature de partenariats avec RTE et ERDF afin de protéger au mieux les oiseaux et d’éviter les désagréments pour les usagers.
Depuis, chaque année, la LPO recherche et suit l'ensemble de la population charentaise avec l'aide des adhérents LPO et grâce au soutien annuel de ses partenaires.
La population départementale se porte désormais beaucoup mieux avec 525 couples dénombrés en 2019.
Cet oiseau est devenu un véritable symbole des marais de Charente-Maritime, et pourrait bien remplacer prochainement les célèbres mouettes sur le logotype du département !
Dans les autres départements récemment colonisés par l'espèce, de nombreuses associations locales LPO poursuivent les efforts de sauvegarde, notamment à travers l'installation de plateformes artificielles et la mise en place de protections pour éviter les collisions ou les électrocutions.
La Cigogne blanche se nourrit essentiellement d'invertébrés (en particulier les coléoptères et les orthoptères), de mollusques, limaces, escargots, lombrics, de micro-mammifères et désormais d'écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii). Cette dernière, espèce invasive qui colonise rapidement notre pays, est un véritable fléau pour la végétation aquatique et les populations de poissons, batraciens, mais un réservoir exceptionnel de nourriture pour les hérons et les cigognes !
Un avenir positif assuré ?
Malgré une augmentation régulière du nombre de couples nicheurs en France depuis plus de 40 ans, la situation reste fragile et nécessite la poursuite des actions de préservation des zones humides, de neutralisation de lignes électriques, et la fermeture des décharges où de plus en plus de cigognes viennent se nourrir, entrainant des empoisonnements… C'est pourquoi, la LPO poursuit sa collaboration, aux côtés des spécialistes français, dans le cadre du Groupe Cigognes France.
Le Groupe Cigognes France
La LPO est un membre actif du Groupe Cigognes France
Officiellement créé en 2003 à Nevers, le Groupe Cigognes France s’est en réalité constitué progressivement, à l’initiative de l’APRECIAL à partir de 2001. Il regroupe des personnes issues d’associations (APRECIAL, LPO, Groupe Ornithologique Normand - GONM, SOBA Nature Nièvre, Association pour la Connaissance et Recherche Ornithologique Loire et Atlantique - ACROLA…), d'organismes publics (ONF…), de collectivités territoriales (Conseil Général de Moselle…) et d’organismes de recherche (CNRS de Strasbourg…) qui s’investissent dans l’étude et la protection de la Cigogne blanche et de la Cigogne noire en France.
Chaque année, les membres du groupe s'attellent à recenser les effectifs de cigognes afin d'établir le bilan de la reproduction et de l'hivernage en France des deux espèces de cigogne, de travailler sur des thématiques spécifiques (mise en sécurité des nids, coordination des suivis, problématique électrocution…). Depuis 2008, il coordonne également le programme de baguage pour la Cigogne blanche. Lors de chaque rencontre, une conférence est organisée afin de sensibiliser le grand public.
Une dynamique européenne a également été initiée lors des premières journées européennes qui se sont tenues à Colmar en octobre 2009 et une collaboration internationale est fortement souhaitable afin d'appréhender les menaces globales et de poursuivre les efforts de conservation.
Plus d'informations sur la Cigogne blanche
- Oiseau magazine n°97
- Contact : Nicolas GENDRE