Suivi et conservation
Suivi et conservation
Suivi des populations
Recensement des couples
Méthode de la repasse
Spontanément, la chevêche chante peu et ce, d’autant plus que la densité de population est faible. C’est pourquoi on utilise la méthode dite de la repasse.
Cette méthode est à utiliser avec beaucoup de précaution pour ne pas déranger les oiseaux. Elle repose sur un principe simple : un mâle territorial réagit lorsqu’il entend un éventuel concurrent sur son territoire. Soyons ce concurrent et nous verrons s’il y a réaction, donc présence !
Cette méthode est efficace pour la chevêche lorsqu'on effectue deux passages sur un même point (en laissant plusieurs semaines entre les deux passages). Par exemple, un en mars et un en avril. Encore une fois prudence ! Cette situation artificielle perturbe l'oiseau, elle peut le stresser, l'obliger à prendre des risques (notamment en l'incitant à traverser des routes). L'efficacité de la méthode repose aussi sur la modération de son utilisation. Pour ne pas se faire repérer, il ne faut surtout pas répéter trop souvent cette opération. En effet, le mâle pourrait se rendre compte qu'il ne s'agit là que de simples imitations et il n'y répondra plus. Autre possibilité, le mâle, intimidé, quitte son territoire et diminue ainsi ses chances de survie ! Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le cahier technique chevêche.
Observatoire Inter-parcs
En 1989, un observatoire inter-parcs a été créé afin de suivre de manière standardisée les populations de chevêche, dans des zones particulières. Depuis 1991, 10 parcs participent à ce contrôle selon une fréquence quadriennale. Aujourd’hui, l’observatoire a atteint une taille réaliste (Génot, communication personnelle). En effet, l’ensemble des parcs présente une diversité écosystémique importante et représentative des milieux abritant la chevêche en France.
Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le bilan du PNA chevêche 2000-2010.
Suivis annuels
Chaque année, des ornithologues salariés et bénévoles s'emploient à repérer les couples nicheurs de chevêche d’Athéna dans leur département et à surveiller le déroulement de la reproduction. L'issue de la reproduction (réussite ou échec et nombre de jeunes parvenant à l'envol) est un facteur clé pour mesurer l'état de santé d'une population. Une productivité élevée témoigne d'une population dynamique. Toutes ces données sont compilées dans un ouvrage appelé « les cahiers de la surveillance ».
Bilan de la Surveillance (2002 à 2010)
Pour consulter les bilans complets de la surveillance cliquez ici.
Baguage
La chevêche fait l’objet de programmes de baguages dans plusieurs départements. Certaines associations, en partenariat avec le CRBPO (Centre de Recherche par le Baguage des Populations d’Oiseaux) et le MNHN (Muséum national d’histoire naturelle), mettent en place des programmes de baguage qui visent à étudier la survie des individus, la dispersion des jeunes, la fidélité aux sites et aux partenaires, etc.
Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le bilan du PNA chevêche 2000-2010.
Suivi de mortalité
Le Muséum national d’histoire naturelle et les centres de soins recueillent toutes les données sur ce sujet. Le MNHM recueille ces données par l’intermédiaire de personnes qui retrouvent des bagues sur les animaux retrouvés morts. Tandis que les centres de soins font un bilan des animaux recueillis par année, toujours par l’intermédiaire de personnes.
Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le bilan du PNA chevêche 2000-2010.
Etude de l’habitat
L’étude et l’estimation de la qualité des habitats sont essentielles. Elles sont nécessaires pour connaître les exigences de l’espèce, orienter les mesures prioritaires, en tenant compte des autres espèces qui bénéficient des actions. Si les exigences de l’espèce sont relativement bien connues, il peut-être important d’affiner ces connaissances à l’échelle locale. De plus, ces études doivent être considérées comme des outils d’évaluation des actions de conservation et des politiques mises en œuvre.
Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le bilan du PNA chevêche 2000-2010.
Les différentes actions de conservation
Un programme de gestion, destinée à recréer des sites favorables à la chevêche d’Athéna mais aussi à la sauvegarde d’un milieu naturel et paysager indispensable à notre faune, est proposé par le groupe Noctua sur son site internet (www.noctua.org).
Pose de nichoirs
La pose de nichoirs ne doit pas se faire à tout prix. Elle ne se justifie que si l’on a vérifié que la chevêche manque de cavités artificielles. Cela implique de faire d’abord un recensement dans le secteur où l’on souhaite poser des nichoirs pour savoir où en est la population : s’il n’y a pas de chevêche sur un large secteur, il n’y a aucune raison de poser des nichoirs, si la chevêche est présente, elle peut avoir assez de cavités naturelles. Dans ce cas, on peut poser quelques nichoirs en périphérie de ses sites. Si elle manque de cavités, alors la pose peut se justifier. C’est en copiant la nature le plus fidèlement possible que les chances de réussite et de voir s’installer les chevêches seront les plus élevées. Il faut savoir que chaque espèce d’oiseau a ses exigences quant au modèle de nichoir, ses dimensions et son emplacement.
Différents types de nichoirs à Chevêche d’Athéna existe comme l’exemple ci-dessous, qui est appelé le nichoir « caisse à vins ».
Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le cahier technique chevêche.
Pour regarder les différentes actions qui sont effectuées sur le terrain concernant ces nichoirs, n’hésitez pas à consulter le bilan du PNA chevêche 2000-2010 qui synthétise et fait un état des lieux des actions par département ou région.
Aménagements de cavités
Dans les vieux arbres, les cavités à chevêche s’ouvrent avec l’âge laissant ainsi l’eau et la lumière pénétrer d’une façon excessive. Ces gîtes naturels sont alors abandonnés, obligeant les oiseaux à déménager vers d’autres horizons.
Des dispositifs existent et permettent de rétrécir l’entrée des cavités tout en permettant à l’ornithologue d’y accéder (entretien, baguage, etc.). Le principe est simple: une plaque amovible contenant le trou d’envol de la chouette s’emboîte dans la plaque couvrant la cavité de l’arbre. Ainsi la cavité est de nouveau accessible à la nidification de la chevêche. Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le cahier technique chevêche.
Les systèmes anti-prédations
La prédation due à la fouine a chuté appréciablement partout où a débuté la campagne de pose de Système Anti-Prédation (SAP). L’exception confirmant la règle, on a pu constater l’acharnement de certains mustélidés ayant pour résultats, des nichoirs éventrés. Seules certaines caisses simplement recouvertes de carton bitumé et sans toiture proéminente proprement dite ont été attaquées par les angles supérieurs et puis éventrées, ce qui laisse de toute façon le temps aux chouettes adultes d’être alertées.
Un SAP consiste à modifier l’embout par un biseautage ou une coupe spéciale pour stopper le mustélidé, il conviendrait à l’avenir de n’utiliser que des tubes ou coudes de 160 mm au minimum car cette dimension est trop large pour subir l’étreinte d’une fouine. Plusieurs solutions existent comme on pourrait imaginer, pour renforcer le bois, un nichoir à double épaisseur qui emprisonne un treillis « inrongeable » conçu pour l’élevage du vison par exemple. Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le cahier technique chevêche.
Les systèmes anti-noyades
Autrefois, les éleveurs disposaient une baignoire en bordure d’un pâturage pour faire boire le bétail. Aujourd’hui, ils disposent des abreuvoirs ronds en plastique moulé de plus en plus sophistiqués. Un tracteur peut rouler dessus sans l’endommager et ils sont faciles à transporter.
L’inconvénient majeur de ces abreuvoirs disposés en permanence dans la nature est qu’ils ont des parois verticales glissantes et que tout animal qui tombe dedans est en grand danger de noyade. On retrouve ainsi des chauves-souris, des hirondelles, des chouettes chevêches, des mulots morts dans ces bassins. Les naturalistes qui font des inventaires de faune sur le terrain regardent systématiquement les abreuvoirs de tous modèles et ils constatent un cas de mortalité sur 10.
Pour éviter cela, on dispose généralement une planche ou une branche contre la paroi pour permettre aux animaux de sortir de l’eau. Mais ce système est très instable et le vent ou le bétail vont le rendre vite inopérant. Un travail en commun a permis la mise au point de divers systèmes d’échappatoires.
Entretien et conservation des habitats
Les vergers traditionnels
Alors que les vergers plantés sur prairies représentent dans beaucoup de régions l’un des milieux de prédilection de la chevêche (Génot et al., 2001), ceux-ci ont largement régressé.
Le verger traditionnel persiste en Alsace, Lorraine, Bourgogne, Franche-Comté et Normandie. Les vergers traditionnels occupés par la chevêche sont des prés-vergers pâturés ou fauchés. Les facteurs déterminants sont une densité limitée d’arbres fruitiers (Ferrus et al., 2002), l’âge et l’essence des arbres (pommiers, noyers, poiriers), la Chevêche ayant besoin d’arbres âgés pour nicher, c'est-à-dire de plus de 50 ans (Dalbeck et al., 1999). Les plantations d’oliviers que la chevêche fréquente également lui rappellent les vergers traditionnels, milieux boisés semi-ouverts favorables à la nidification (Baudvin et al., 1995).
Il est également nécessaire de protéger les vergers à hautes-tiges face à l’urbanisation et au remembrement agricole. Ces milieux sont essentiels pour le maintien de notre paysage rural puisqu’ils forment la ceinture verte de nos villages. Pour accueillir la chevêche, ces vergers doivent être constitués d’essences particulières d’arbres fruitiers (principalement de pommiers, poiriers et noyers), âgés d’au moins 50 ans, et plantés à faible densité.
Pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter le cahier technique chevêche.
Prairie à saules têtards, bocage
Pour protéger une espèce, il faut d’abord commencer par protéger son biotope. Celui de la chevêche est très varié, constitué de vergers traditionnels et de prairies à saules têtards. Les saules têtards, autrefois recepés régulièrement afin de procurer du bois de chauffage, sont aujourd’hui abandonnés à leurs tristes sorts. Leurs coupes régulières provoquaient la cicatrisation de l’arbre. Les cavités ainsi formées offrent le gîte et le couvert à de nombreux animaux dont fait partie la petite chouette.
Les prairies à arbres têtards (saules ou autres essences) constituent un type d’habitat important pour la chevêche. Les prairies relativement humides bordées de saules têtards occupent encore des vallées alluviales, elles peuvent également constituer des reliquats d’anciens bocages. Le maintien des arbres têtards, mais aussi la gestion extensive des prairies conditionnent le caractère favorable à la chevêche.
Le bocage est également souvent cité dans la littérature consacrée à l’espèce comme l’un des milieux de prédilection de la chevêche. C’est précisément ce milieu qui a été le plus affecté par le remembrement. Sur les deux millions de kilomètres de haies présents au début du XXe siècle, il n’en demeurait en 2001 que 700 000. Cette destruction a été conduite dans de nombreux autres pays européens tels que l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande.
Les cavités naturelles présentes dans les arbres disparaissant rapidement, les possibilités de reproduction pour la chevêche ont été réduites. Les capacités d’accueil des habitats se sont également restreintes, par réduction des proies disponibles. En effet, la transformation du bocage a provoqué un agrandissement de la superficie des parcelles, l’arasement des haies et l’abattage des arbres têtards isolés tels que des chênes et des saules. En outre, l’homogénéisation de la production agricole et de la gestion dans les parcelles entraîne une réduction conséquente de la diversité faunistique et floristique.
Périphérie de villages
La Chevêche a profité de la déforestation et de la mise en culture des terres pour coloniser la plupart de ses territoires européens. Les facteurs anthropiques contribuant à des habitats optimaux pour la Chevêche se caractérisent par la conservation de méthodes de culture traditionnelles extensives et de petites fermes à faibles moyens techniques (Schönn 1991).
Face à l’avancée des grandes cultures et l’homogénéisation des zones agricoles, la chouette chevêche se retrouve progressivement cantonnée dans un habitat particulier que constitue la périphérie des villages. Cet habitat péri-villageois, voire périurbain, est composé d’une mosaïque de milieux différents (pâtures, prairies, vergers, jardins, pelouses, champs cultivés, friches basses…). Autour des villages, cette mosaïque périurbaine est précieuse par la diversité imbriquée de ces milieux. De plus, dans de nombreuses régions, cet habitat offre des cavités dans les bâtiments, maisons d’habitation ou hangars agricoles. Des zones de chasse y sont souvent bien représentées en raison d’une mosaïque de milieux prairiaux (vergers, parcs à ovins ou chevaux, friches basses, prairies de fauche, pâturages…) qui participent à la diversité de ces ceintures péri-villageoises.
Cet écosystème péri-villageois subit de profondes modifications : les milieux traditionnels sont convertis en cultures annuelles plus rentables ; de larges surfaces de terres agricoles ont cédé la place au développement urbain, lotissements, voies de communication et infrastructures telles que aéroports, zones industrielles et commerciales (Génot et al., 2001).
Milieux steppiques
L’habitat primaire de la chevêche perdure dans les régions méditerranéennes et d’Asie du sud est. Les habitats naturels se trouvent majoritairement dans les régions tempérées et chaudes de l’Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie comprenant ravins, gorges, éboulis, murs de terrasses, de rivières, précipices, montagnes sèches, steppes montagneuses sèches, semi-déserts, déserts de sable ou argileux…Les milieux steppiques, constituant l’habitat primaire de la chouette chevêche, ne sont que peu présents sur le territoire français. On retrouve ces steppes essentiellement dans le Parc national des Cévennes (sur les causses Méjean, Noir et de Sauveterre).
Le plan national de restauration (2001-2006)
Face aux effondrements des populations de chevêche d’Athéna en France mais également dans le reste de l’Europe, la LPO lance dès 2000 un appel alarmant sur la situation critique de l’espèce. Un réseau se constitue sous l’égide de la LPO mission rapaces.
Rédigé et validé par la LPO en 2001, ce plan d’action est établi pour 5 ans (2001-2006) et a pour objectif général de stopper le déclin des effectifs français et de restaurer les populations. Cet objectif se décline en 4 sous-objectifs spécifiques par types d’action (sur habitat, les populations, l’information et la sensibilisation, les mesures institutionnelles nationales et internationales). Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le plan national d’action.
Achevé en 2007, ce plan a fait l’objet d’un bilan jusqu’à 2010. Au vu des conclusions, la mise en place d’un second plan d’action a été actée par la LPO. Sa rédaction est prévue pour 2011-2012. Durant cette période de transition, les actions du premier plan sont poursuivies.