Reproduction
Reproduction
Les Vautours percnoptères atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de 4 ou 5 ans, voire 6 ans. La stratégie de développement du Vautour percnoptère se caractérise par la longévité de l’adulte, des soins parentaux aux juvéniles importants et une faible productivité de jeunes à l’envol.
L'accouplement
Les Vautours percnoptères, de retour de leurs quartiers d’hiver, effectuent en mars et en avril des vols de parades caractérisés par des acrobaties en couple avec préhension des serres.
Le Vautour percnoptère est fidèle et reste lié toute sa vie à son partenaire. Quelques rares cas de bigamie ont toutefois été signalés. Le couple est donc déjà formé à l’arrivée de la migration.
Les individus solitaires s’apparient entre fin mars et avril. Les deux partenaires préparent ensemble l’aire de nidification, située sur une paroi rocheuse, en récoltant et assemblant des fibres végétales, synthétiques, des débris ligneux, etc.
L’accouplement des Vautours percnoptères est observé sur les sites rupestres, à terre, non loin de leurs aires de reproduction.
L'aire de reproduction
Dans les Pyrénées, il construit ses aires de nidification entre 400 et 1 300 m d’altitude alors, qu’en Provence, il les installe entre 130 à 950 m.
Le nid est composé de débris divers : branches sèches, chiffons, laine et déchets (plastiques, papiers...).
La coupe du nid est rechargée régulièrement par les futurs parents, pendant et après l’incubation.
En France, la ponte a lieu approximativement durant la seconde quinzaine d’avril. Durant cette période, la femelle assure seule la couvaison.
La ponte et l'incubation
La femelle du Vautour percnoptère pond en moyenne deux œufs avec un intervalle approximatif de 3-4 jours.
L’incubation de chaque œuf dure en moyenne 39 à 45 jours et les parents se succèdent au nid au moins une fois par jour.
L'élevage des jeunes
Dès la fin mai, les premiers poussins apparaissent. Ils disposent déjà de toutes leurs facultés optiques et auditives. Les parents, attentionnés, leur apportent alors de la nourriture sous la forme de proies régurgitées. Dès que l’âge des poussins excède 35 jours, ils sont capables de se nourrir de proies dépecées et distribuées en morceaux.
Lorsque dans une même couvée il y a deux jeunes, ils se développent différemment, l’un des deux protagonistes prenant le dessus sur l’autre.
Après l’envol des jeunes, environ 2,5 mois après l’éclosion, les parents continuent leur nourrissage pendant environ 35 jours pour ensuite cesser peu avant la migration postnuptiale. Les jeunes sont observés lors de la migration avec ou sans leurs parents.
Suivi de la reproduction
Sur une échelle de vingt années, la population française de Vautours percnoptères des régions méditerranéennes au massif Pyrénéen a connu une progression de ses effectifs jusqu’en 2012/2013 avant de se stabiliser au terme de la décennie actuelle.
Cette tendance est valable pour les deux noyaux de population qui semblent se stabiliser, pour l’un à près de 20 couples et pour l’autre autour de 70 couples.
Il faut prendre en compte ici que la qualité des suivis s’est considérablement améliorée et ainsi être conscient du manque de fiabilité des données avant les années 90. On remarque néanmoins qu'en 1935 la population de vautours d'Egypte avoisinait les 180 couples.
Ces dernières données permettent toutefois de constater qu’après une forte diminution des effectifs durant près de 70 années, l’évolution de la population de Vautours percnoptères a amorcé une nouvelle tendance croissante dès les années 2000 pour finalement se stabiliser autour de 90 couples à partir de 2012 (seuil jamais égalé depuis 1960).
Population reproductrice
L’analyse de la population montre que depuis 1998 le nombre de couples reproducteurs est stable avec une légère augmentation de 44 à 52 couples reproducteurs pour les Pyrénées et de 11 à 19 couples reproducteurs pour le Sud-Est.
On observe cependant que l’évolution de la population reproductrice dans les Pyrénées est assez fluctuante. En 2011 et 2012 le nombre de couples reproducteurs est passé au-dessus des 60 (62 et 64) puis est redescendu brutalement en 2013 (perte de 11 couples). On observe également en 2017 un record du nombre de couples reproducteurs avec un pic à 65 puis une perte subite de 13 couples l’année suivante.
Production de jeunes à l'envol
Le nombre de jeunes à l’envol apparait comme étant peu constant d’une année à l’autre. Si, au niveau national, le nombre de jeunes à l’envol varie au fil des saisons autour de 48 à 74 jeunes à l’envol, avec une moyenne de 55 jeunes à l’envol entre 1997 et 2018, le seuil des 70 jeunes à l’envol n’a été dépassé qu’à 1 reprise en 2011 (n= 74). On remarque que les fluctuations sont similaires dans les deux noyaux de population pour une même année. Cela suggère que les paramètres démographiques sont principalement modulés par des facteurs nationaux et non régionaux.
L’année 2020 est positive pour le Sud-Est de la France et pour le massif Pyrénéen. Dans le Sud-Est on observe une production exceptionnelle de 20 jeunes à l’envol, ce nombre n’a jamais été atteint depuis 1998. Dans les Pyrénées on observe une augmentation du nombre de jeunes à l’envol en 2019 et 2020 (49 et 51 couples), c’est un soulagement après l’année 2018 qui a été particulièrement mauvaise ou seuls 37 jeunes ont pris leur envol.
Les paramètres de la reproduction :
Les paramètres de la reproduction sont bien étudiés en France en raison des programmes de surveillance réguliers, mis en œuvre au niveau national au cours des dernières décennies.
Ces suivis ont permis d’obtenir différentes données nécessaires à l’analyse de la dynamiques des populations Française de vautours percnoptères
- La productivité : Nombre de jeunes à l’envol / Nombre de couples territoriaux
- Le succès reproducteur : Nombre de jeunes à l’envol / Nombre de couples reproducteurs
- Le taux d’envol : Nombre de jeunes à l’envol / Nombre de couples producteurs
Taux d'envol
Sur cette dernière décennie, le taux de jeunes à l’envol de la population Pyrénéenne apparaît faible (1,11), au point qu’il est assez exceptionnel qu’un couple produise 2 jeunes à l’envol. Dans le sud-est de la France, de 1997 à 2004, le taux d’envol était particulièrement bon avec une moyenne de 1,36, avant de baisser les années suivantes (moyenne de 2005 à 2009= 1,07). Ainsi, sur la période de référence de 1999 à 2018, il n’est plus que de 1,24.
Productivité
Ce graphique montre, entre 1999 et 2005, une productivité dans les Pyrénées inférieure à celle du sud-est (suite à un taux d’envol fort dans le sud-est). De 2006 à 2008, la productivité dans la partie méditerranéenne apparaît plus mauvaise que dans les Pyrénées.
A partir de 2010 la productivité des deux noyaux de population français semble s’homogénéiser. En moyenne depuis 1999, la productivité est sensiblement meilleure dans le sud-est (0.78) que dans les Pyrénées (0.67).
Globalement la tendance évolutive de la productivité de la population française sur les deux dernières décennies présente une courbe régressive (voir courbe de tendance linéaire ci-dessus).
Ainsi l’analyse de l’ensemble de ces dernières données permet de conclure que la population française de Vautours percnoptères reste particulièrement vulnérable avec une évolution très timide de ses effectifs. Les données de reproduction confirment globalement des valeurs inférieures aux moyennes européennes. La persistance des populations de vautour percnoptère ne semble pas intimement liée aux paramètres de la reproduction.
Cependant les actions menées depuis plus de 50 ans pour réduire les menaces et augmenter la ressource alimentaire (placettes) semblent porter leurs fruits et, en augmentant la survie des oiseaux, favoriser l’accroissement de la population française.
Les Bilans détaillés par région sont rédigés par Erick Kobierzycki et Cécile Ponchon chaque année. Ils présentent avec précision les saisons de reproduction pour chacun des noyaux de population et détaillent les actions de terrain effectuées (programmes de baguage et de suivi télémétriques).
Synthèse du suivi de la reproduction du vautour percnoptère rédigé par la LPO grâce aux données récoltées sur le terrain et transmises aux 2 coordinateurs régionaux, Cecile Ponchon pour la population du Sud Est et Erick Kobierzycki pour la population des Pyrénées. Merci à tous les contributeurs.