Outarde canepetière
L'espèce est menacée par la disparition des prairies, l'intensification de l'agriculture et l'urbanisation.
- Ordre : Otidiforme
- Famille : Otididae
- Genre : Tetrax tetrax
- Nom vernaculaire : Outarde canepetière
En 2016, la population d’Outarde canepetière en France était estimée à 2455 mâles répartis entre le pourtour méditerranéen (2142 mâles) et le Centre-Ouest (313 mâles). Dans le Sud, environ 20% de la population niche sur des terrains d’aviation. Dans le Languedoc-Roussillon, le reste des effectifs est majoritairement situé dans des zones viticoles où une déprise agricole conjoncturelle a laissé place à des friches favorables à l’outarde, tandis qu’en région PACA l’essentiel de la population se trouve dans la plaine de la Crau.
Le Centre-Ouest accueille la dernière population d’outardes migratrices en Europe. Plus de 80% de la population se reproduit dans plusieurs plaines céréalières classées en ZPS, où sont mises en place des jachères favorables à sa reproduction, avant de migrer vers la péninsule ibérique.
La fragilité des effectifs et les menaces qui pèsent sur cette espèce en danger d’extinction ont conduit à un troisième Plan National d’Actions (PNA) mis en œuvre sur 10 ans.
Les menaces qui pèsent sur l'Outarde canepetière
Évolution de l’habitat
L’Outarde canepetière a disparu de huit régions françaises : Champagne-Ardennes, Alsace, Ile de France, Picardie, Bourgogne, Franche-Comté, Aquitaine et Midi-Pyrénées. Dans ces régions, l’habitat favorable à l’outarde n’existe plus car les systèmes de production agricole sont spécialisés en grandes cultures à destination alimentaire ou industrielle. La production de luzerne (plus de 70 000 ha en Champagne-Ardenne) elle-même est destinée à la production industrielle de granulés déshydratés qui nécessite des coupes fréquentes dans les parcelles, les rendant inhospitalières pour l’outarde.
De nombreuses études scientifiques ont démontré que les causes principales de régression des oiseaux de plaine sont liées à l’intensification des systèmes agricoles et entre autres à l’utilisation massive de pesticides. Les modifications des pratiques agricoles se sont traduites par la diminution des ressources alimentaires et des sites de nidification qui sont des facteurs limitants pour les oiseaux de plaine. L’Outarde canepetière, loin de faire exception, a vu ses effectifs diminuer de façon drastique dans les plaines cultivées d’Europe. [...]
Partout en France, l’urbanisation des terres agricoles et la construction d’infrastructures érodent petit à petit le milieu disponible pour l’Outarde canepetière.
Évolution de l'agriculture
L’intensification de l’agriculture a peu à peu conduit à la diminution des surfaces en prairie, la simplification de la mosaïque du paysage et l’agrandissement de la taille des parcelles.
Dans les plaines céréalières du Centre Ouest de la France, le déclin de l’Outarde canepetière est étroitement associé à l’intensification agricole. La disparition du système de polyculture élevage au profit d’une agriculture spécialisée a conduit à la disparition de la mosaïque du paysage, en particulier dans les zones de céréaliculture.
Si en Espagne, les outardes nichent encore dans les céréales, ceci n’est plus possible en France depuis l’avènement des engrais de synthèses et des herbicides. Les prairies sont alors apparues comme les seules cultures présentant les caractéristiques nécessaires, en hauteur et en densité, à la reproduction de cette espèce. Cependant, la spécialisation de l’agriculture a conduit à la raréfaction des milieux prairiaux en induisant la disparition de l’élevage et/ou en favorisant l’élevage hors sol. Toutefois, l’instauration du gel obligatoire (jachère PAC) dans le cadre de la Politique Agricole Commune a de façon détournée préservé des milieux non productifs à faciès prairial qui depuis leur mise en place ont indiscutablement concouru au maintien de la biodiversité dans les plaines cultivées. Malgré cela, le déclin de l’espèce s’est poursuivi, la cause formellement identifiée étant le déficit de productivité des femelles . En effet, l’accélération du rythme des fauches des cultures fourragères et l’obligation d’entretien des jachères conduisent à la destruction de nombreuses nichées alors que dans le même temps l’utilisation de pesticides provoque la raréfaction des ressources alimentaires en insectes et en plantes adventices des cultures.
L’avènement des cultures industrielles et des biocarburants érode depuis plusieurs décennies ce potentiel de terres utilisé par la faune sauvage. La suppression du taux de jachère obligatoire en 2008 apporte potentiellement des modifications notables du paysage agricole et il est important de suivre ses effets sur les dernières populations d’outardes migratrices françaises.
Urbanisation et infrastructures
Les travaux liés aux infrastructures de transport, une menace importante pour les populations d’outardes en France
Les pressions d’urbanisation sur des milieux autrefois dédiés à l’agriculture (Domaine Atlantique et Méditerranéen) ou sur les milieux semi-naturels (Domaine Méditerranéen) sont importantes à très importantes et causent la régression et le mitage des biotopes abritant des outardes, y compris dans les zonages environnementaux.
Partout en France, le développement démographique et le souhait d’accession au logement individuel ont amplifié les phénomènes de périurbanisation. Cependant, les surfaces urbanisées augmentent bien plus vite que l’accroissement de la population.
En savoir plus
- sur le PNA en faveur de l'Outarde canepetière
- consultez la fiche espèce