Politique agricole commune
La PAC représente 40% du budget européen et influence très largement le modèle agricole productiviste que nous connaissons aujourd'hui.
Il est urgent de la réformer en profondeur !
Depuis sa création en 1962, la PAC soutient majoritairement des systèmes agricoles très intensifs privilégiant la productivité au détriment du bien être des paysans, de la santé des citoyens et des écosystèmes. Le constat est sans appel : la biodiversité rurale s’effondre à une vitesse sans précédent.
En 15 ans seulement, les oiseaux, considérés comme de très bons indicateurs écologiques, ont diminué d’un tiers dans les campagnes agricoles françaises (étude CNRS/MNHN). En parallèle, 80% des insectes ont disparu en 30 ans ! Les causes de ce déclin catastrophique sont connues et certains modèles agricoles les cumulent : destruction des habitats naturels (haies, prairies permanentes, zones humides, bosquets…), spécialisation de l’agriculture, pollution chimique du sol et de l’eau par l’utilisation importante de pesticides, d’engrais de synthèse, d’antibiotiques et d’antiparasitaires …
De telles pratiques sont encouragées par la PAC depuis des dizaines d’années à travers un système d’aides financières d’abord basé sur le nombre d’hectares détenus par les agriculteurs, incitant ainsi à l’agrandissement des fermes. Les aides financières de la PAC se répartissent en deux piliers : le premier (75% du budget) vise à organiser le marché et soutenir les revenus agricoles, tandis que le second (25%) favorise le développement durable et la préservation des ressources naturelles. Ce déséquilibre flagrant entre impératifs de production et de protection doit être corrigé. Les aides de la PAC doivent être impérativement conditionnées à la mise en place de pratiques agricoles vertueuses pour le climat, les ressources naturelles ou la biodiversité, afin de répondre aux enjeux alimentaires et environnementaux d’aujourd’hui et de demain.
Entre 2014 et 2020, 362,8 milliards d’euros, soit près de 40% du budget total de l’UE, ont été consacrés à la Politique Agricole Commune, à laquelle chaque européen a donc contribué en moyenne à hauteur de 114 euros par an.
Pauline Rattez (LPO France) Responsable politiques agricoles et alimentaires
Les négociations sur la PAC, qui n’ont lieu que tous les sept ans, représentent une opportunité rare d’insuffler les changements nécessaires à l’échelle du premier exportateur mondial de produits agroalimentaires qu’est l’Europe et du premier pays bénéficiaire des aides de la PAC qu'est la France.
Initiées par la Commission européenne en Juin 2018, les négociations de la réforme de la PAC post 2020 ont pris du retard. Elles se poursuivent encore à l’échelle européenne et nationale. La LPO est très investie dans ces négociations à l’échelle européenne et nationale, notamment au travers de son travail de plaidoyer mené depuis plusieurs années en partenariat avec le bureau européen de BirdLife International et la Plateforme Pour une autre PAC qui regroupe 41 organisations françaises.
La LPO se bat notamment pour une PAC qui encourage :
- La mise en place d’un maillage d’habitats naturels fonctionnel pour la biodiversité en milieu agricole.
- Le développement et la préservation des prairies permanentes et des zones humides, valorisées par l’élevage extensif à l’herbe.
- La réduction des pesticides, notamment en grandes cultures, viticulture et arboriculture où cet enjeu est primordial.
- Le développement de pratiques agricoles vertueuses pour l’environnement : diversification, rotations longues des cultures, couverture des sols, présence de légumineuses, choix de variétés adaptées au climat et aux spécificités locales, bonne gestion des habitats naturels…
- La résilience des fermes : autonomie, encrage territoriale, rémunération décente des agriculteurs, revalorisation de la profession agricole…
Pour ce faire, la LPO défend fermement la mise en place de 2 grands types d’aides, fonctionnant de manière complémentaire au sein de la PAC :
- Des aides destinées à accompagner la transition des modèles agricoles, qu’il est indispensable d’opérer le plus rapidement possible.
- Des aides qui valorisent et récompensent à leur juste valeur les pratiques agricoles vertueuses pour l’environnement et la société (ex de services rendus : pollinisation, préservation de la biodiversité, fixation du carbone, lutte contre l’érosion des sols, amélioration de la qualité de l’air, préservation de la ressource en eau…)
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, La LPO a publié Comprendre la Politique Agricole Commune, un guide à l’intention des citoyens soucieux de ces enjeux cruciaux relevant de la responsabilité collective que vous pouvez télécharger également ci-dessous en 2 versions.