Les moustiques ont mauvaise réputation en raison d’un petit nombre d’espèces qui piquent l’Homme. Ces derniers sont en effet vecteurs de maladies virales et parasitaires dont la plus répandue (et la plus connue) est le paludisme.
Cela ne doit pas faire oublier que ce groupe d’insectes joue un rôle important dans les écosystèmes. La larve de moustique est aquatique alors que l’adulte a un mode de vie aérien. Les moustiques constituent une source de nourriture importante pour de nombreux oiseaux comme les hirondelles et pour les mammifères sauvages. Mais saviez-vous qu’ils se nourrissent de nectar et non de sang et qu’ils sont avant tout de grands pollinisateurs ?
Les moustiques appartiennent à la famille des Culicidés / Pixabay
Qu'est-ce qu'un moustique ?
Les moustiques sont des insectes qui appartiennent à la famille des Culicidae et à l’ordre des Diptères (les mouches), du grec di (deux) et pteron (aile). Apparus sur Terre il y a 245 millions d’années, ils sont présents partout sauf aux pôles. Il existe 3 618 espèces de moustiques inventoriées sur Terre, réparties en 111 genres (chiffres 2023).
Les moustiques appartiennent à deux sous-familles principales, les Anophelinae et Culicinae. Les adultes peuvent être facilement reconnus une fois posés. Les anophèles (Anopheles spp.) ont le corps incliné à 45° au repos et la tête horizontale alors que les Culicinae (Aedes et Culex) ont le corps horizontal, dans le prolongement de la tête.
A gauche le corps des Anopheles sp. est incliné à 45°, à droite, le corps des Culex sp. est à l'horizontal
Le moustique adulte est de petite taille (environ 10 mm de long). Il possède une seule paire d’ailes comme tous les Diptères, longues et étroites, repliées horizontalement au repos. Le point commun à tous les moustiques est leur zonzonnement, un bruit caractéristique dû à la vitesse ultrarapide de battement des ailes, de 600 à 1 000 battements par seconde.
Le corps du moustique est fin, constitué de minuscules écailles. Le moustique étant un insecte, il possède trois paires de pattes, longues.
Parmi les 3 618 espèces de moustiques, seuls 10% d'entre eux sont considérés hématophages et environ une centaine d'espèces piquent l'Homme sur Terre.
Seules les femelles piquent !
La femelle diffère du mâle par la présence d’une longue trompe, appelée proboscis, qui possède deux canaux : l’un pour injecter une salive anesthésiante et anticoagulante, l’autre pour aspirer ensuite le sang. C’est la salive, urticante, qui provoque des réactions (démangeaisons, gonflements…).
En temps normal, tous les moustiques se nourrissent de nectar de fleurs. Seule la femelle pique pour prélever du sang nécessaire au développement des œufs et non pour sa propre nourriture. Elle est appelée hématophage. Certaines comme (Culex pipiens) ne piquent l’Homme que durant la nuit à l’intérieur des maisons, d’autres pendant la journée (Aedes albopictus) ou au crépuscule à l’extérieur (Aedes caspius) et (Aedes detritus). D’autres espèces encore ne piquent que les oiseaux (Culiseta longiareolata) ou les amphibiens (Culex hortensis hortensis, Culex impudicus).
La femelle moustique sent le CO2 synonyme de respiration animale, donc de sang chaud, qu’elle repère à 70 mètres. Elle est également sensible aux odeurs : parfums et odeurs corporelles de sueur, haleine… qui dépendent en grande partie de l’héritage génétique de chacun. Voilà pourquoi certaines proies sont préférées à d’autres. La femelle moustique tigre (voir ci-dessous), plus agressive, privilégie quant à elle le sang humain.
Schéma cycle de vie des moustiques © EID Atlantique
Développement en quatre phases
Le moustique passe par quatre phases principales de développement : l’œuf, la larve qui comporte elle-même 4 stades larvaires, la nymphe et l’adulte (imago). Les trois premières phases sont aquatiques, la dernière est aérienne. La durée de développement varie beaucoup en fonction des conditions de température, de sécheresse ou d’humidité, de 5 jours à 90 jours pour le développement aquatique. Certaines espèces de moustiques peuvent supporter une sécheresse de plusieurs mois à l’état d’œuf.
Rôles des moustiques dans les écosystèmes
Les moustiques sont les maillons indispensables de nombreuses chaînes alimentaires (chaînes trophiques) et agissent en tant que consommateurs, proies et décomposeurs.
Pollinisateurs : les moustiques adultes se nourrissent du nectar des fleurs, surtout au crépuscule. Ils participent au transport du pollen et à la fécondation de milliers de plantes au même titre que d’autres diptères, lépidoptères et hyménoptères. Dans les régions Arctiques ils sont même indispensables à la reproduction des plantes à fleurs.
Moustique commun (Culex pipiens) couvert de pollen de tanaisie © Mike Hrabar
Proies : les moustiques jouent un rôle important de proies pour la petite faune sauvage, aussi bien à l’état larvaire qu’à l’état adulte. La larve de moustique est la proie d’insectes aquatiques plus gros comme les larves de libellules ou de dytiques, de la nèpe cendrée et de la ranatre linéaire (deux punaises aquatiques), mais aussi des alevins, des têtards, des poissons...
Les prédateurs du moustique adulte sont les araignées, les amphibiens, les reptiles (lézards), les chauves-souris, les oiseaux (en particulier les hirondelles), d’autres insectes… Une pipistrelle de 5 grammes peut ainsi capturer l’équivalent en poids de 3 000 moustiques en une seule nuit !
Décomposeurs : les larves se nourrissent des matières organiques présentes dans l’eau : micro-organismes (algues, plancton, bactéries…), mais aussi de restes de végétaux ou d’insectes en suspension ou déposés sur les fonds vaseux. La larve contribue ainsi au cycle de production et de transformation de la biomasse (l’ensemble de toute la matière organique produite par les végétaux, animaux, micro-organismes d’un écosystème) en participant aux cycles du carbone (C) et de l’azote (N). Elles opèrent ainsi un important transfert de biomasse et d’énergie, de l’eau à la terre si l’on se rapporte aux millions d’individus qui émergent de l’eau à la belle saison.
En hiver, c'est la diapause
Avec la baisse des températures, les moustiques adultes se réfugient dans les endroits chauds et abrités : bergeries, écuries, caves, garages… et entrent en diapause, c’est-à-dire l’arrêt saisonnier du développement du moustique sous l’influence de stimuli extérieurs (baisse de la durée du jour, température, …). L’activité reprend généralement avec l’augmentation de la durée du jour. La durée de vie des moustiques est variable en fonction des espèces, certaines ne vivent que trois semaines, d’autres plusieurs mois avec la diapause.
Cohabiter avec les moustiques
Il existe différentes façons de se protéger des moustiques, mais quelques conseils de bon sens limiteront leur présence et vos désagréments à l’échelle d’un jardin :
- Limiter les petits points d’eau stagnants : c’est le moyen le plus efficace car c’est là que les femelles pondent : vider les seaux, arrosoirs, bassines, coupelles, les récipients et les déchets où l’eau peut stagner : vieux pneus, bâche plastique…
- Il n’est pas nécessaire de se préoccuper des mares et des étangs : ils sont des milieux aquatiques naturels avec un écosystème en équilibre. La présence de plantes aquatiques oxygénantes favorise les prédateurs aquatiques des moustiques et empêche que l’eau ne croupisse. Bon nombre de larves sont prédatées par les libellules et les larves aquatiques. Les chauves-souris et oiseaux sont nombreux à proximité de l’eau et y chassent les moustiques adultes.
- Favoriser la présence des prédateurs naturels : oiseaux (hirondelles, martinets, gobemouches…), des chauves-souris et des amphibiens, en disposant des gîtes et en diversifiant les petits habitats.
- Les moustiquaires et vêtements longs sont plus efficaces que les insecticides là où pullulent les moustiques (zones tropicales).
- Eviter l’épandage de pesticides : ceux-ci ne sont pas sélectifs et causes des dégâts sur la biodiversité. Il vaut mieux favoriser la présence des prédateurs naturels et de leurs petits milieux.
- La couleur des vêtements, les huiles essentielles, bracelets et plantes « répulsifs », ne sont pas ou peu efficaces.
Les moustiques sont utiles aux écosystèmes et leur éradication pourrait donc laisser un impact loin d’être négligeable sur l’environnement en laissant les plantes sans pollinisateurs, de nombreux prédateurs sans proies, et un manque de décomposeurs.
Les moustiques font partie intégrante de la biodiversité sur Terre et nous devons apprendre à cohabiter avec ces insectes « zonzonneurs » sans détruire les espèces.
Le moustique tigre
Arrivé par accident en Europe dans des cargaisons de pneus, le moustique tigre (Aedes albopictus) a été observé en France en 1999 pour la première fois. Originaire d’Asie du Sud-Est, il est classé comme espèce exotique envahissante (EEE), vecteur de maladies comme la dengue, le zika ou le chikungunya, menaçant la santé humaine. Il est répandu presque partout en France hexagonale sauf dans quelques départements du nord, de l’est et de l’ouest. Le moustique tigre se reconnait à ses ailes sombres et à son corps et ses pattes rayés de noir et blanc. L’espèce est diurne contrairement au moustique commun, et pond ses œufs sur des surfaces verticales, juste au-dessus de toute eau stagnante. Pour éviter la prolifération du moustique tigre, il est recommandé d'éviter les eaux stagnantes : coupelles, jouets d'enfants, pots de fleurs ou eaux dans les éviers. Les changements climatiques sont également une des raisons de son expansion car ses œufs résistent à la dessication, au froid et à la grande chaleur.
Retrouver la fiche médiation LPO sur le moustique tigre
Ressources sur les moustiques :
Peut-on cohabiter avec les moustiques ? (MNHN)
Moustiques vecteurs de maladies (sante.gouv.fr)
Carte de présence du moustique tigre en France (sante.gouv.fr)
Comment les moustiques ont-ils conquis le monde ? (IRD)
Cycle de vie des moustiques (EID)