Enquête estivale aux Refuges LPO : les résultats !

Actualité
Jardin Refuge LPO © Jean-François Jarry

Jardin Refuge LPO © Jean-François Jarry

Nous avons profité de la trêve estivale pour lancer un questionnaire auprès des propriétaires de Refuges LPO, pour les sonder sur leur geste Refuge favori, essentiel, parmi les 15 proposés par notre programme.  

Nous avons reçu plus de 1 000 réponses à la suite de cela, et cette participation conséquente a été une heureuse nouvelle pour l’équipe Refuges de la LPO France, nous avons particulièrement aimé vous lire. Ces nombreuses réponses nous montrent que le réseau des Refuges LPO est incroyablement actif et vivant. Merci à toutes et à tous de vous être prêtés au jeu (difficile) du choix unique, de nous avoir partagé vos avis et vos photographies ! 

Nous vous proposons ici les résultats, plus ou moins inattendus, de ce questionnaire. Au-delà des suffrages exprimés, nous y avons associés les commentaires reçus, des « paroles de propriétaires de Refuges », qui apportent des témoignages sur l’écologie des jardins. Ils motiveront à n’en pas douter celles et ceux qui voudraient emboîter le pas pour préserver la nature.

Jardin Refuge LPO © Catherine Laufray

Les gestes Refuges les plus pratiqués chez vous

Les 15 gestes Refuges invitent les propriétaires de jardin ou les gestionnaires de sites à agir pour préserver la faune et la flore sauvages, le sol et à réduire l’utilisation des ressources naturelles ou à les recycler. Ces 15 gestes sont une déclinaison de la Charte Refuges et matérialisent, rendent concret, l’engagement pour lequel le propriétaire de Refuge s’est inscrit.  

La question posée était difficile, car il s’agissait d’élire, choisir LE Geste semblant le plus important pour préserver la biodiversité. Evidemment, cette question en forme de “s’il n’en restait qu’un seul, ce serait celui-là” a fait réagir dans les commentaires du questionnaire, car c’est l’ensemble des 15 Gestes Refuges qui forment la colonne vertébrale du programme, et qui viennent au secours de la biodiversité. Mais proposer ce choix unique nous donne des indices précieux des actions que les propriétaires de Refuges mettent en œuvre en premier lieu !  

Parmi les 1 052 réponses reçues, deux gestes arrivent en tête, à égalité : « Je maintiens le sol vivant sans produits chimiques » et « Je laisse des zones d’herbes hautes et de fleurs sauvages » à 27% respectivement. Ils sont suivis du geste « Je favorise les gîtes naturels et aménage mon jardin pour accueillir la faune sauvage » pour 19% des réponses. 

Il est intéressant de constater que pour 98% des réponses, le geste est concrètement mis en œuvre dans le Refuge. Cela montre que la volonté de protéger la biodiversité n’est pas une intention au sein du réseau des Refuges LPO, mais est bien concrète et s’accompagne d’actions au jardin.  

L’engagement au programme des propriétaires Refuges LPO est donc fort. Au-delà de l’inscription Refuge, les pratiques écologiques sont mises en œuvre et le vivant respecté !

Les gestes Refuges qui, selon les participants, apparaissent en seconde ligne sont : « je favorise l’accès aux ressources alimentaires naturelles pour la faune sauvage » avec 7%, « je récupère l’eau de pluie et dispose des points d’eau pour la faune » avec 6% et « Je plante et préserve des variétés locales d’arbres et d’arbustes » avec 4%

Les gestes Refuges les moins importants pour préserver la biodiversité (selon les répondants) et proches de 0% en termes d’application sont : « Je neutralise les pièges potentiels pour la faune des jardins », « Je contribue aux programmes de sciences participatives » et « Je limite les pollutions lumineuses et sonores pour respecter la faune et la flore sauvages ». 

Quelques éléments de discussion

Avant tout, soulignons que, dans les commentaires, des participants signalent réaliser plusieurs gestes chez eux et leur attachement à l’ensemble des Gestes ! Et c’est évidemment la meilleure des façons de répondre aux atteintes que subit la biodiversité.

La saison estivale à laquelle l’enquête a été réalisée et la photo utilisée pour l’illustrer (fleurs sauvages et hautes herbes) a peut-être influencée les réponses ? Notamment celles en faveur des gestes consacrés aux « herbes hautes » et « des gîtes pour la petite faune » notamment au détriment de « l’accès aux ressources alimentaires naturelles », l’apport de nourriture étant une pratique hivernale et non estivale.

Jardin potager Refuge LPO © Jael Cano

Jardin potager Refuge LPO © Jael Cano

Il est par ailleurs intéressant de constater que le geste « Je plante et préserve des variétés locales d’arbres et d’arbustes » recueille un faible pourcentage de geste favoris (4%), alors même que cette pratique est à la base de l’installation de la biodiversité sur le Refuge. La petite faune (hérisson d’Europe, oiseaux, insectes, microfaune du sol…) étant étroitement dépendante des végétaux nourriciers et de leur structure végétale pour s’abriter se nourrir et vivre sur le terrain ; le cycle de l’eau, de l’air atmosphérique et du sol en sont également dépendants.

Mais revenons sur les gestes les moins sélectionnés comme prioritaires, pour souligner leur importance :

 "Je neutralise les pièges potentiels pour la faune des jardins" est une action clé, car commencer par supprimer les risques pour la faune sauvage est une bonne façon de la préserver ! Le jardin, aussi accueillant soit-il pour la vie sauvage, reste un endroit fortement anthropisé. Il abrite bien des éléments artificiels qui peuvent constituer de véritables pièges mortels pour la petite faune sauvage sans qu’on s’en doute de prime abord : les baies vitrées, certaines cavités, des déchets ménagers ou encore les bassins et les abreuvoirs aux parois lisses ou abrupte... Retrouvez, dans la vidéo Colocataires sauvages épisode 9, des informations essentielles sur ce sujet trop souvent oublié.

Au sujet du geste "Je contribue aux programmes de sciences participatives" peut-être est-il important de rappeler que, si nous observons la nature pour notre bien-être, notre plaisir, nous pouvons faire profiter de ce moment de bonheur la communauté scientifique ! C’est ça, les sciences participatives : des programmes scientifiques auxquels on peut tous, spécialistes ou amateurs, contribuer par de la collecte d’observations, sur la base du volontariat. C’est utile, nécessaire, pour améliorer la connaissance et démultiplier l’action des chercheurs, ceux du Museum National d'Histoire Naturelle (MNHN), de la LPO, des Centres Permanents pour l'Initiatives à l'Environnement (CPIE). Mais aussi pour démultiplier les actions en faveur de la biodiversité : plus on connaît la biodiversité, plus il est facile de la protéger !

Inscrivez votre Refuge LPO à l’observatoire Oiseaux des Jardins, mené par la LPO et le MNHN, le prochain grand RDV est en janvier 2025 !

Témoignages et paroles de propriétaires de Refuges

Les répondants ont bien voulu compléter ce choix unique de leurs avis et témoignages, enrichissant ainsi le choix unique ! Les réponses reçues forment ce nuage (ci-dessous) reflétant les mots les plus utilisés, et cette image pourrait suffire à mille analyses ! On y retrouve tous les fondamentaux des engagements Refuges LPO : la faune (oiseaux, insectes, papillons), la flore (herbes, fleurs, plantes), et le sol. La vie, le vivant et le sauvage (au singulier comme au pluriel) sont bien présents !

"Le sol vivant et sans produits chimiques" est un geste qui suscite de nombreuses réactions et qui apparaît comme « préalable au reste ! » selon un commentaire. Voici quelques témoignages relatifs à cet écosystème :

« Les polluants chimiques participent à la destruction des insectes et des végétaux, qui sont à la base de la chaine alimentaire et indispensables pour le bon fonctionnement du vivant »

« Je suis sensibilisée aux dégâts provoqués par les herbicides pour avoir vu deux hérissons en souffrance après qu'ils ont sans doute consommé des limaces empoisonnées. Ils n'avaient en effet pas de tiques »

« Ça me parait être la base de l'engagement écologique et simple à mettre en pratique »

Sur les herbes hautes, la tondeuse est bel et bien un outil démodé du jardin de nature et il apparait que les « herbes indésirables » ont tout intérêt à reprendre leur place pour la biodiversité, c’est une évidence.

« Tondre puis désherber puis tondre puis désherber puis... me paraît dénué de sens aujourd'hui (grâce à vous entre autres). Laisser pousser, dessiner quelques allées parmi les herbes hautes, installer une petite mare, et voilà notre sol toujours couvert et vert, parsemé de fleurs très jolies, de papillons, de libellules, de tout un petit univers d'insectes jamais vus auparavant, habité par un (ou plusieurs ?) hérisson, survolé par une belle variété d'oiseaux... voilà un de nos gestes Refuge... »

« Parce que laisser des zones d’herbes hautes permet d’attirer et d’observer toutes sortes d’insectes et d’oiseaux ; cette année, par exemple, nous observons plein de libellules et de demoiselles (rouges, bleues, jaunes...) dans notre jardin. »

« Parce qu'il s'inscrit tout naturellement dans le cycle des saisons et par conséquent il est utile à la flore et à la faune. »

Enfin, plusieurs participants nous précisent appliquer le geste choisi depuis de nombreuses années (« depuis 50 ans » note Tanguy), preuve (s’il en fallait) que la démarche Refuges est un engagement de long terme et de longue date !

Vos Refuges LPO en image : les photos