Que faire dans son Refuge LPO en septembre?

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Crédit : Pixabay

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L’été nous quitte, laissant derrière lui son lot de pics de chaleur et d’orages. Les rayons du soleil ont séché les herbes et les fleurs sauvages. C’est le bon moment pour la fauche annuelle des hautes herbes sans nécessairement faire appel à la tondeuse. Et avant d’intervenir, pourquoi ne pas en profiter pour récolter des graines en prévision des futurs massifs de fleurs sauvages ? Mais commençons par parler du lierre qui, avec sa floraison décalée, permet d’attirer de nombreux insectes. 

Fleurs du lierre commun (Hedera helix) © Nicolas Macaire / LPO

Fleurs du lierre commun (Hedera helix) © Nicolas Macaire / LPO

La fleur de lierre et la guêpe

L’automne n’est pas encore tout à fait là et de nombreux butineurs sont encore visibles : abeilles sauvages ou encore le vulcain, le Robert-le-Diable, le paon du jour, de magnifiques papillons qui volètent autour du lierre commun. Ils profitent de la floraison tardive de cette liane grimpante, mais aussi des mûres ou des figues flétries tombées dans le jardin, à la recherche du précieux nectar source d’énergie.

Les fleurs du lierre sont bénéfiques à de nombreux insectes à cette saison et il faut bien se garder de les tailler ! Les guêpes sont particulièrement abondantes sur les fleurs jaune-vert regroupées en ombelle. A cette saison la reine guêpe a fini de pondre dans le nid et les ouvrières se retrouvent « sans emploi » et sans nourriture.

Guêpe sur fleur de lierre commun / Pixabay

Guêpe sur fleur de lierre commun / Pixabay

Pendant le printemps et l’été, les ouvrières étaient occupées à attraper des insectes qu’elles rapportaient à leurs larves carnivores. En retour, la larve excrétait un liquide sucré que les ouvrières, "végétariennes", s’empressaient de « siroter » dans le nid. Mais maintenant que les larves ont grandies, les femelles guêpes doivent trouver d’autres sources de nectar, et les fleurs du lierre sont une aubaine. Le lierre est parmi les seules plantes à être au stade floral : la plupart des autres plantes en sont au stade de formation des graines et septembre est la bonne saison pour en récolter quelques-unes.

Récolter des graines en prévision des futurs massifs

Pour réaliser un massif de fleurs sauvages au printemps prochain vous pouvez récolter les graines sur les gousses qui se détachent ou sur les fruits bien mûrs, afin de diversifier vos futures plantations. Privilégier toujours une récolte par temps sec pour éviter les risques de pourrissement. Choisissez des plantes locales sur votre terrain ou à proximité que vous récolterez sur un papier journal posé à plat. Vous pourrez stocker et conserver vos graines dans un endroit frais et sec dans des enveloppes en papier, puis pourquoi pas les troquer ou en échanger. Il est même possible de confectionner un bac fleuri pour les pollinisateurs sur un balcon !

Le choix des espèces est vaste et vous permettra d’accroître l’attractivité des insectes et des oiseaux sur le massif. Voici quelques espèces types de graines courantes et faciles à récolter : cardère sauvage, bourrache officinale, digitale pourpre, primevère officinale, coquelicot, bleuet des champs, bardane, origan, chicorée sauvage, mauve sylvestre, bouillon blanc, chardon marie, compagnon blanc, guimauve sauvage…

 

Faucher les hautes herbes

Ce n’est pas une obligation bien sûr, mais septembre est le bon mois pour faucher les hautes herbes. La fauche est nécessaire si des ligneux commencent à s’installer et que vous voulez conserver un espace de prairie. Si la surface n’est pas trop grande, essayez d’utiliser une faux, une cisaille ou une faucille. Ces outils manuels ancestraux respectent la nature et évitent le broyage des herbes et l’élimination de la micro-faune (insectes, arachnides) engendrée par la tondeuse.

Les surplus de fauche peuvent servir de paillage au pied des jeunes plantations, des arbustes ou de la haie… une autre partie des résidus pourront être entreposés sur le compost et une autre encore formera un très bon gîte hivernal pour l’orvet fragile et le crapaud commun si vous faites un petit tas dans un coin du jardin (Voir la fiche "gestion des végétaux, des solutions pour les particuliers").

Ramassage des herbes de fauche © Nicolas Macaire / LPO

Ramassage des herbes de fauche © Nicolas Macaire / LPO

Réaliser des tas de branches pour la petite faune

Alors que les hirondelles sont en partance pour l’Afrique, d’autres animaux sont sédentaires. Ils choisissent la stratégie de l’hibernation pour passer la mauvaise saison. En septembre, réaliser un tas de branches mortes sera favorable au hérisson d’Europe qui s’affaire à transporter de la mousse et des feuilles mortes pour son nid. L’idéal étant de les disposer pêle-mêle avec des feuilles mortes, sur une hauteur d’environ 1 mètre. Il est même possible d’y loger dessous un gîte sur mesure.

Le tas de branches fera l’affaire de bien d’autres organismes à commencer par les invertébrés qui logeront dessous au niveau du sol : cloporte, carabes, limaces… Puis viendront des mousses et des champignons plus tard.

Tas de branches © Aymeric Delporte

Tas de branches © Aymeric Delporte

Rien ne vous empêche de construire des gîtes en prévision de la diapause des insectes... Coccinelles, chrysopes, papillons… (suivre nos Tutos Refuges) à cette saison.

Septembre : le mois des papillons de nuit !

Septembre est un mois parfait pour découvrir de nouvelles espèces de papillons nocturnes. Saviez-vous que sur l’ensemble des espèces de lépidoptères présents en France, 95% sont au moins partiellement nocturnes (hétérocères) ? N’hésitez pas à réaliser une petite exploration en début de soirée dans le jardin à l’aide d’une lampe torche, en cherchant les hétérocères sur les fleurs des massifs. Il suffit d’admirer ces joyaux de la nature tel l’ennomos du tilleul avec son thorax jaune vif, la xanthie cirée aux ailes barrées de rose ou encore la xanthie ochracée aux ailes jaunes et marron qui se confondent avec les feuilles mortes. Peut-être aurez-vous la chance d’observer le sphinx tête de mort, ce grand papillon migrateur dont les adultes émergent en septembre-octobre avant de prendre leur envol pour migrer vers le Sud.

Ennomos du tilleul (Ennomos alniaria) / Wikipedia

Ennomos du tilleul (Ennomos alniaria) / Wikipedia

En septembre, la petite faune sauvage est très active !

Il y a de belles observations à faire. Le geai des chênes s’active à rechercher les glands et à les cacher pour les jours de disette. La migration bat son plein et des dizaines de passereaux font peut-être une escale dans votre jardin. Au détour d’un arbre ou d’un buisson, vous aurez peut-être la chance d’observer le pouillot fitis juvénile dans sa magnifique livrée jaune citron, ou une fauvette des jardins à la recherche de baies sauvages ou encore un gobemouche gris posté à l’affût d’insectes volants.

Geai des chênes (Garrulus glandarius) © Jean-Jacques Carlier

Geai des chênes (Garrulus glandarius) © Jean-Jacques Carlier

A la tombée du jour, les familles de blaireaux s’affairent à rechercher des baies, des champignons, des vers de terre ou des noisettes que l’écureuil roux aura oublié dans sa quête diurne.

En septembre, la vie sauvage offre encore de belles découvertes. Celles et ceux qui possèdent un Refuge balcon ne seront pas en reste. Il faut s’occuper du point d’eau pour les insectes et les oiseaux, nettoyer les jardinières des tiges et feuilles sèches, éclaircir les plantes grimpantes, prévoir les prochains bacs fleuris, nettoyer les mangeoires pour l’hiver…

Profitez des beaux jours de l’arrière-saison et surtout, laissez la nature faire les choses !