Dans le cadre de l’Année Thématique de la mer et du littoral, la LPO s’intéresse étroitement à la pollution qui impacte l’écosystème marin. Cette pollution de grande ampleur affecte aussi bien les organismes marins que l’Homme et commence à l’intérieur des terres, près de nos habitations et des zones d’activité, drainée par l’eau des ruisseaux et des rivières jusqu’à l’océan. Nous vous proposons ici un petit aperçu des diverses sources pollutions qui affectent nos cours d’eau et comment nous pouvons agir pour les limiter. L’enjeu est de taille et chacun peut contribuer à réduire ce problème.

Plus de la moitié des eaux superficielles sont en mauvais état écologique (56,4% -source : Ministères territoires écologie logement, 2025). L’eau est polluée par plusieurs polluants et nous citons ici les principaux. Sans vouloir ni pouvoir dresser un inventaire exhaustif des polluants nous voulons éveiller une prise de conscience afin que chacun puisse agir à son niveau.  

Rivière peu polluée avec Nénuphars jaunes (Nuphar lutea) © Nicolas Macaire / LPO

La présence de nénuphars jaunes (Nuphars lutea) indique que l'eau de cette rivière n'est pas "trop" polluée © Nicolas Macaire / LPO

Il existe bien sûr aujourd’hui des actions de nettoyage des bords de rivières très efficaces et qu’il faut encourager. Mais si chacun prenait le problème en amont, nous arriverions à réduire les déchets et les polluants à la source. Chaque geste a un impact sur la biodiversité aquatique. Comme le dit si bien un poète anglais « Celui qui cueille une fleur dérange une étoile ».

L’eau des cours d’eau accumulent des substances toxiques et différents déchets issus de l’activité humaine. Ils sont malheureusement acheminés vers la mer ou bien s’infiltrent dans le sol dans les nappes phréatiques.

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On distingue :

  • la pollution chimique : produits phytosanitaires, engrais (nitrates, phosphates), PFAS (polluants éternels), métaux lourds, produits ménagers … 
  • la pollution organique : bactéries, matières organiques (eaux usées, effluents d’élevage) … 
  • la pollution plastique : transport de sachets, bouteilles, fragments de plastique. 
  • les divers déchets, petits ou gros : verre, métal (cannettes, vélos, trottinettes, chariots…), tissus, pneus, morceaux de polystyrène… souvent échoués sur les bords.

La pollution chimique dégrade la qualité des eaux 

Des milliers de produits chimiques d’origine anthropique sont transportés dans le cycle de l’eau, via le lessivage des eaux de pluie, puis par l’eau des rivières et des fleuves. Mais ils s’accumulent aussi dans les plans d’eau et par infiltration dans les nappes phréatiques du sous-sol. Ils représentent un danger pour la santé humaine et pour la biodiversité.

L’eau contient des résidus médicamenteux, des métaux lourds (comme le plomb utilisé dans les cartouches de chasse), des produits phytosanitaires (glyphosate) utilisés dans les pesticides dans l’agriculture, des engrais (azote, nitrates, phosphates), des PFAS (polluants éternels).

Pollution des cours d'eau de 2000 à 2020 / Ministère de la Transition Ecologique

La pollution chimique des cours d'eau et des plans d'eau en France de 2000 à 2020 / Ministère de la Transition Ecologique

Les pesticides utilisés en milieu agricole et non agricole contaminent la quasi-totalité des eaux de surfaces en France comme le montre le rapport : La pollution chimique des cours d’eau et des plans d’eau en France de 2000 à 2020 édité par le Ministère de la transition écologique et des territoires, 2023.

Pollution organique 

Les effluents d’élevage sont une grosse source de pollution des eaux. Si les fermes et autres bâtiments d’élevage ont l’obligation de disposer de fosses étanches de récupération des déjections animales, le lisier est cependant largement utilisé comme fertilisant dans les champs par épandage. La pratique est largement répandue. Les élevages de porcs et des ruminants contribuent à la pollution des sols et des eaux superficielles et souterraines. L'agriculture est à l'origine des deux tiers de la pollution de l'eau potable en France selon un récent rapport du Ministère de la transition écologique et des territoires (La pollution chimique des cours d’eau et des plans d’eau en France de 2000 à 2020, Ed 2023).

Autre problème, certaines agglomérations rejettent des eaux d’égout peu ou mal épurées. L’apport organique dans les eaux provoque une réduction de l’oxygène naturellement dissous dans l’eau : c’est le phénomène d’eutrophisation qui rend les eaux « vertes » et croupies. Les organismes aquatiques (poissons, insectes aquatiques…) ne peuvent pas y vivre « normalement ».

Ces rejets sont dangereux, d’abord parce qu’ils contiennent des matières fécales et favorisent la dissémination de germes pathogènes (bactéries), et ensuite parce qu’ils entraînent une importante pollution des eaux en matière organique en ammoniaque, nitrates et phosphates, aboutissant à la prolifération d’algues vertes asphyxiantes.

La Nymphe au corps de feu (Pyrrhosoma nymphula) fréquente la végétation aquatique flottante des cours d'eau à faible courant © Kévin Broquereau

La Nymphe au corps de feu (Pyrrhosoma nymphula) fréquente la végétation aquatique flottante des cours d'eau à faible courant © Kévin Broquereau

Le plastique, une menace de grande ampleur 

Le plastique est un matériau issu du pétrole, synthétisé à partir des années 1920-1930. Le PVC (polychlorure de vinyle ou chlorure de polyvinyle) a été créé dans ces années-là. Utilisé dans de nombreux domaines, aussi bien pour l’usage domestique, médical ou industriel, le plastique a envahi nos vies… mais aussi la nature !

Le plastique est une importante source de pollution des cours d’eau. Il se retrouve aujourd’hui partout à l’état de déchet, et cette pollution commence à terre, loin des côtes, y compris dans nos jardins.

Bouteille plastique / Pixabay

Une bouteille en plastique met 450 ans pour se dégrader en nano-particules / Pixabay

Quand ils ne sont pas enfouis sous terre, des millions de déchets plastiques sont transportés par l’eau des ruisseaux et des rivières, puis dans les fleuves jusqu’à l’Océan, le réceptacle final. Le plastique ne disparaît pas, il se fragmente en morceaux de plus en plus petits, d’abord macro-déchets, puis micro-déchets pour devenir nano-déchets.

Sa dégradation prend du temps : de 10 à 20 ans pour un sachet plastique et pas moins de 450 ans pour une bouteille plastique !

Les nano-particules de plastique se retrouvent dans l’organisme des animaux. Les morceaux plus gros provoquent la mort directe de certains par ingestion comme les oiseaux marins, les tortues marines qui confondent les sacs en plastique avec les méduses, leurs proies naturelles, ou encore les poissons que nous consommons.

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Règlementation et nettoyage de berges 

Les propriétaires riverains de cours d’eau ont le devoir de préserver la faune et la flore des écosystèmes aquatiques et c’est pour cela que la démarche Refuge LPO vous engage à ne pas pratiquer la pêche, conformément à la Charte des Refuges.

Pour rappel, les berges et le lit mineur appartiennent aux propriétaires riverains qui doivent assurer la bonne santé de cet écosystème (Article L215-2 du Code de l’environnement). Cependant, l’eau est considérée comme un « bien commun » et n’appartient pas aux riverains.

Macro déchets polluants un cours d'eau / Adobe Stock

Macro déchets polluants un cours d'eau / Adobe Stock

Au gré des crues et de la fluctuation du niveau d’eau, les déchets s’échouent sur les berges. Ils peuvent s’accumuler dans certaines zones stratégiques où le courant a « butté » contre une grosse souche d’arbre, un bras mort, un arbre tombé dans l’eau.

A la fin du printemps, lorsque les niveaux d’eau sont plus bas, chacun peut entreprendre un nettoyage de berges de rivière, soit de façon autonome, au quotidien, soit en organisant des opérations collectives de nettoyage de berges. Lors d’une promenade, un geste simple consiste à ramasser dans un sac les cannettes, les sacs en plastique, les gobelets et bouteilles échouées.

Nettoyer, c’est agir APRES la pollution, mais pour avoir un réel impact sur la santé des cours d’eau, des océans et de leurs écosystèmes, c’est en AMONT que nous vous invitons à agir !

Nettoyage de berge de rivière © LPO Centre Val de Loire

Nettoyage de berge de rivière © LPO Centre Val de Loire

Agir à la source... des pollutions ! 

Les petits ruisseaux sont davantage menacés car même la plus petite pollution a un impact considérable sur ce milieu aquatique. Il convient bien sûr de ne pas y déverser de quelconques produits, même d’infimes quantités : résidus de peinture, white spirit, huile de friture, eaux sales… qui affectent le milieu ripicole (bords des eaux courantes).

Réduire la pollution, c’est aussi mieux consommer en réduisant l’achat d’emballage en plastique, utiliser des produits cosmétiques ou d’entretien biodégradables, installer (quand cela s’y prête) un petit lagunage naturel annexe à son habitation…

Imaginez ces différentes pollutions comme de l’eau jaillissant d’un robinet, pour finir dans une baignoire qui déborde... Avant d'éponger au pied de la baignoire, fermons le robinet !

Ressource :

La pollution chimique des cours d'eau et des plans d'eau en France de 2000 à 2020 - Données statistiques - Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires (juin 2023).

dernière mise à jour : 24 février 2025