Haie champêtre au jardin : rôles, faune, plantation et entretien

Haie champêtre au jardin : rôles, faune, plantation et entretien

La haie champêtre est un élément incontournable du jardin naturel et sauvage. Elle est formée d’arbustes indigènes qui apportent des cachettes et des supports pour les nids ainsi qu’une abondante nourriture toute l’année. Elle est un habitat important pour de nombreuses espèces : merles, hérissons, insectes... La haie est, avec la mare, le milieu qui attire le plus les oiseaux. Voici ce qu’il faut savoir des rôles de la haie, de ses hôtes, sa plantation et son entretien.

Haie champêtre fleurie / Pixabay

Haie champêtre fleurie / Pixabay

Qu'est-ce qu'une haie champêtre ?

La haie champêtre est une structure végétale linéaire composée d’arbres, d’arbustes, de buissons et de plantes basses de diverses espèces indigènes. Une haie champêtre idéale comporte au minimum 5 à 6 espèces différentes d’arbustes, disposés en quinconce, souvent sur deux rangées. On trouve différents étages de végétation appelés strates végétales dans ces haies. La haie champêtre s’oppose aux haies monospécifiques composées d’arbustes ornementaux et/ou exotiques qui sont moins attractifs pour la faune sauvage (ex : haie de laurier-cerise, un arbuste originaire d’Asie).

Rôles écologiques de la haie

Les haies assurent diverses fonctions écologiques. La faune a souffert de la disparition progressive des haies à la campagne avec le remembrement lié à la politique agricole à partir des années 1960. Aujourd’hui, les haies sont réhabilitées et préservées.

La haie…

  • Sert à délimiter un terrain, à clôturer un jardin.
  • Sert de brise-vent et offre ainsi des zones abritées pour la faune.
  • Facilite l’infiltration de l’eau de pluie et évite le lessivage des sols.
  • Est l’habitat de nombreuses espèces sauvages : hérisson d’Europe, oiseaux, escargots, insectes… qui y trouvent nourriture et cachettes.
  • Forme un corridor écologique, zone de circulation pour la faune sauvage et de connexion des habitats naturels.
  • Stocke le carbone (C) et aide à lutter contre les changements climatiques.
Haie champêtre dans les Deux-Sèvres avec une bande enherbée © Nicolas Macaire

Haie champêtre dans les Deux-Sèvres avec une bande enherbée © Nicolas Macaire

Une faune diversifiée en fonction de la strate végétale

Au jardin, la haie sauvage accueille typiquement le rougegorge familier, le troglodyte mignon, le merle noir et l’accenteur mouchet. Les haies adjacentes aux friches ou aux terrains incultes (zones rudérales) ou encore en bordure de champs attirent souvent l’hypolaïs polyglotte, les pouillots véloce et fitis, la fauvette grisette et localement la fauvette babillarde dans le nord et l’est de la France. Les passereaux de la famille des fringillidés y sont communs comme le chardonneret élégant, le verdier d’Europe, la linotte mélodieuse et le pinson des arbres.

La faune sauvage est présente aux différents étages de végétation de la haie. La bande herbeuse au pied de la haie est le domaine du hérisson d’Europe, de la grenouille agile, du crapaud commun, des escargots et limaces.

A mi-hauteur, d’autres espèces installent leurs nids comme le merle noir, l’accenteur mouchet ou le muscardin, alors que plus haut dans les branches ce sera la tourterelle des bois ou le pigeon ramier.

Merle noir (Turdus merula) / Pixabay

Merle noir (Turdus merula) / Pixabay

 

Des essences indigènes pour votre haie

La haie champêtre repose sur une riche variété d’essences indigènes. Les essences locales à fruits, baies et graines constituent d’importantes réserves de nourriture et doivent donc être privilégiées. Par exemple, les baies noires du sureau apportent l’énergie nécessaire dès la période estivale aux fauvettes à tête noire, grisettes et fauvette des jardins. Les fruits rouges de l’aubépine sont appréciés par de nombreuses espèces en migration postnuptiale (migration de retour en automne) : elles aident à constituer les réserves de graisse nécessaires aux migrateurs au long cours comme le rossignol philomèle, les fauvettes et les hypolaïs… Les merles en sont également friands.

L’épine noire – appelée prunellier – fournit des baies juteuses violettes en septembre-octobre. Les faux-fruits de l’églantier (le fameux « poil à gratter »), portent le nom de cynorrhodons, ils restent accrochés jusque tard en automne et hiver sur les rameaux de l’épineux et sont appréciés des oiseaux.

Les haies où se mêlent aubépine, houx, épine noire, troène commun et sureau noir sont généralement les plus fréquentées par les oiseaux du jardin. D’autres essences sont particulièrement attractives comme le noisetier, l’érable champêtre, le fusain d’Europe et le sorbier des oiseleurs. Elles sont conseillées pour la plantation de votre haie.

Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) femelle et baies de sureau noir © Alain Boullah

Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) femelle et baies de sureau noir © Alain Boullah

Nous vous proposons dans le tableau ci-dessous quelques essences à choisir pour constituer votre haie avec notamment des essences plus adaptées au contexte méditerranéen (chaud et sec en été). Vous pouvez choisir au moins 4 ou 5 espèces. N’hésitez pas à demander conseil à votre pépiniériste !

Espèces adaptées à différents types de sols et de climats (grande adaptabilité)Espèces adaptées aux climats chauds et secs (type méditerranéen)
Alisier blanc Sorbus ariaNerprun alaterne Rhamnus alaternus
Alisier torminal Sorbus torminalisArbousier Arbutus unedo
Aubépine (épine blanche) Crataegus oxyacanthaBaguenaudier Colutea arborescens
Aubépine monogyne Crataegus monogynaBuplèbre Bupleureum fruticusum
Buis Buxus sempervirensChêne kermès Quercus coccifera
Charme commun Carpinus betulusCornouiller sanguin Cornus sanguinea
Cornouiller mâle Cornus masCoronille Coronilla glauca
Cornouiller sanguin Cornus sanguineaFilaire à feuilles larges Phillyrea latifolia
Coudrier Corylus avellanaFilaire à feuilles étroites Phillyrea angustifolia
Eglantier Rosa caninaLaurier sauce Laurus nobilis
Erable champêtre Acer campestreLaurier tin Viburnum tinus
Framboisier Rubus ideausMyrte commun Myrtus communis
Fusain d'Europe Euonymus europaeusOlivier Olea europaea
Houx commun Ilex aquifoliumPistachier lentisque Pistachia lentiscus
Merisier Prunus aviumPistachier térébinthe Pistachia terebinthus
Noisetier Corylus avellanaSumac des corroyeurs Rhus coriaria
Prunellier (épine noire) Prunus spinosaTroène commun Ligustrum vulgare
Sureau noir Sambucus nigra 
Troène commun Ligustrum vulgare 
Viorne obier Viburnum opulus 

Comment se procurer les plants ?

Certaines pépinières sont spécialisées sur les arbustes et plantes indigènes, il est possible de commander vos plants par correspondance. Préférez les jeunes plants (1 à 2 ans), moins coûteux et à fort potentiel de reprise et de croissance.

Et si vous souhaitez être producteur de vos propres plants, voici quelques méthodes de multiplication :

Par bouturage : à l’automne, prélevez quelques rameaux de 30 cm de long environ. Repiquez-les en les enfonçant de 20 cm dans le sol et en garnissant de sable fin le fond du trou. Arrosez suffisamment. Cette méthode est valable pour de nombreux ligneux.

Par marcottage : Au printemps ou à l’automne, pliez un jeune rameau et recouvrez-le en partie de terreau humide et maintenez-le à l’aide d’une pierre. La séparation du pied mère et le repiquage peuvent se faire dès l’automne suivant. Cette méthode s’applique au lierre, à la clématite, à la ronce, au chèvrefeuille…

Par semis : Un semis des graines peut être effectué soit en pépinière soit en place, selon les espèces. Une vernalisation (passage au froid imitant les conditions hivernales) et une stratification (conservation des graines disposées par couches alternées avec de la terre ou du sable) sont souvent nécessaires.

La plantation de haie se fait en automne ou en hiver © Unsplash

La plantation de haie se fait en automne ou en hiver © Unsplash

Plantation de la haie

La plantation se fait classiquement en automne ou en hiver, lorsque le sol est suffisamment humide et qu’il ne gèle pas. Pour limiter la concurrence des herbes et améliorer la croissance, il est utile de couvrir le sol au moins la première année. Il existe différents types de paillages naturels à disposer au pied des plants : écorces, paille, compost, copeaux, feuilles…Choisissez uniquement des matériaux naturels et biodégradables, pas de plastique !

Schéma de plantation d'une haie champêtre © François Desbordes

Schéma de plantation d'une haie champêtre © François Desbordes

Pour un meilleur garnissage et diversifier les strates, associez arbres de haut jet, arbres bas ou à recéper, grands arbustes, petits arbustes, sur au moins deux rangs en quinconce. Pour un bel effet esthétique, groupez 2 à 4 plants de la même essence.

  • Effectuer les trous pour la plantation à l’aide de la pioche et de la pelle.
  • Garder la terre extraite sur le côté.
  • Ameublir la terre en bêchant au fond des trous pour favoriser la pénétration de l’eau en profondeur et pour aérer le sol afin que les racines puissent se développer correctement.
  • Placer le plant (arbuste) sans tordre ses racines et avec sa motte : les racines doivent s’étaler et être dans une position naturelle.
  • Combler avec la terre mise de côté et ajouter du compost de jardin (mélanger terre + compost).
  • Tasser avec les bottes ou la pelle au pied du plant.
  • Arroser abondamment au pied des arbustes.

Voici ici les principales étapes de plantation d’une haie champêtre, pour davantage de conseils, voir le tuto « Comment planter une haie champêtre ? »

 

Ne jamais tailler la haie entre le 15 mars et le 31 août pour laisser nidifier les oiseaux / istock

Ne jamais tailler la haie entre le 15 mars et le 31 août pour laisser nidifier les oiseaux / istock

Entretien de la haie

Il est nécessaire d’entretenir sa haie afin qu’elle reste fournie et accueillante pour la faune sauvage, en évitant que les pousses soient hors de contrôle et n’envahissent le terrain voisin.

La LPO recommande cependant de ne pas tailler ni d’élaguer les haies entre le 15 mars et le 31 août, afin de ne pas déranger la nidification des oiseaux (la destruction des nids d’oiseaux est par ailleurs interdite par la loi) voir l'article « la haie champêtre et la loi ».

Les travaux de taille peuvent être réalisés avant la montée de sève, c’est à dire en hiver, idéalement pendant les mois de novembre et décembre. Voici quelques conseils pour entretenir votre haie champêtre :

  • De manière générale : laisser évoluer vos arbres librement : le mieux étant de limiter les tailles qui sont une agression et fragilisent l’arbre. Néanmoins une taille peut être nécessaire, notamment pour respecter les distances des plantations de voisinage ou proches des voiries (voir « la haie champêtre et la loi »).
  • Evitez de rabattre la haie à la même hauteur chaque année. Pour lui donner un aspect touffu, couper 2 cm au-dessus de la coupe de l’année passée : les repousses seront plus vigoureuses, plus fournie, c’est ce qui convient le mieux à la petite faune.
  • Pour les haies dont la base est clairsemée : une taille basse (à 50cm) peut s’avérer nécessaire : cela favorise la pousse de branches basses et la haie deviendra plus dense et touffue les années suivantes.
Outils de jardin / Pixabay

Outils de jardin / Pixabay

 

dernière mise à jour : 6 février 2024