Les épisodes de canicules et de sécheresses estivales sont maintenant derrière nous. L’automne s’installe progressivement. Le jardin voit tomber ses feuilles mortes et il est temps de récolter les fruits sauvages. L’humidité fait ressortir les senteurs de l’humus et des champignons.

70% des champignons poussent en automne, par temps doux et humide © Pixabay

La nature n’est pas morte à cette saison et offre de belles découvertes naturalistes : les branches s’éclaircissent de leurs feuilles et l’écureuil roux se laisse plus facilement observer. C’est la saison des migrations d’oiseaux, de l’émergence des champignons, des chants des rainettes, du brame du cerf… Les activités d’entretien et de jardinage sont encore nombreuses pour bien préparer votre jardin avant l’arrivée de l’hiver.

Ecureuil roux (Sciurus vulgaris) © Christian Aussaguel

Nettoyage des nichoirs

A cette saison, les nichoirs pour oiseaux cavicoles sont désertés. C’est le bon moment pour les nettoyer et entretenir leurs fixations. L’idée est de retirer l’ancien nid et de nettoyer les matériaux apportés par les passereaux pour la confection du nid. Ouvrez le nichoir par le toit (ou par devant selon le modèle), puis retirez la mousse, les lichens, les plumes, brindilles, coquilles d’oeufs ou œuf non éclos. Il y a souvent beaucoup de poussière et de terre fine accumulée au fond du nichoir. Nous vous conseillons de porter un masque et des gants ménagers pour prévenir les irritations.

Une fois le nid et les matériaux retirés, vous pouvez brosser l’intérieur à l’aide d’une brosse métallique et éventuellement gratter au papier de verre le fond si nécessaire (attention : seulement le fond peut être gratté car les parois doivent en effet rester rugueuses pour que les oiseaux puissent s’accrocher). Le nichoir doit être complètement vidé avant d’être refermé. Les oiseaux construisent en effet un nouveau nid lors de la saison de reproduction. Le nichoir doit être en place pour la prochaine saison qui commence très tôt dans l’année. Dès le mois de janvier, les mésanges charbonnières et bleues prospectent déjà les cavités pour la future nidification !

Le nichoir peut être ouvert en automne afin de retirer le vieux nid, ici un nid de mésange charbonnière © Nicolas Macaire

Installer un gîte pour le hérisson...

Le hérisson d’Europe est un petit mammifère commun des jardins, malheureusement menacé par le trafic routier. Il débute son hibernation en automne, généralement en novembre, lorsque la température descend sous 11°C. Il peut s’installer sous un tas de bois, sous le plancher d’une cabane de jardin, un tas de branches mortes ou de feuilles… Il s’accommodera volontiers d’un gîte sur mesure, type caisse en bois sur mesure (Retrouver le tuto « Comment fabriquer un gîte pour le hérisson ? »).

Le gîte à hérisson s’installe dans un endroit calme, à l’abri du vent, de l’ensoleillement direct et de la pluie : sous une haie, contre un mur. L’entrée doit être orientée si possible au sud-est. Laisser l’intérieur du gîte vide car le hérisson apporte lui-même les matériaux nécessaires à la construction du nid.

... et pour le loir et le muscardin !

Ces deux petits mammifères font partie de la famille des Gliridés. Les deux espèces habitent les milieux boisés, les bois, les parcs et grands jardins avec la présence de buissons et de friches. Ils peuvent hiberner dans les nichoirs pour passereaux, mais si vous souhaitez mieux les accueillir dans votre jardin, autant choisir des gîtes spécifiques aux bonnes dimensions.

Loir gris (Glis glis) dans son gîte © Christian Prevost

Abri à coccinelles

Les coccinelles sont des coléoptères bien connus, gros dévoreurs de pucerons. Pour aider ces auxiliaires du jardin à passer l’hiver au chaud, vous pouvez fabriquer et poser des abris très simples comme une bûche percée (les trous font 8 mm de diamètre) ou bien un gîte en bois fermé, type nichoir boîte-aux-lettres, rempli de paille sèche, percé d’une dizaine de trous de 8 mm de diamètre sur le devant. Attention de bien exposer les gîtes à coccinelles au sud, en plein soleil car les insectes ont besoin de chaleur.

Coccinelle à sept points (Coccinella septempunctata) © Michel Bosma

Friches et plantations au jardin

Les zones en friche du jardin doivent être en partie conservées. Bon nombre de plantes qui ont poussé pendant l’été abritent des graines pour les oiseaux. Il est possible de pratiquer une fauche tardive seulement sur une partie de la friche, en laissant des îlots d’herbes sèches. N’oubliez pas de laisser sur pied les chardons, cardères, tournesols… ces plantes fournissent des graines sauvages longtemps en saison pour les oiseaux granivores. Et aussi laisser des zones envahies par les ronces qui seront des abris pour le muscardin, le troglodyte mignon, parfois les lapins, les renards.

C’est en novembre et décembre que se plantent les arbres et arbustes indigènes. L’arrière-saison est propice à l’enracinement dans les sols humides (hors-gel évidemment). Au printemps suivant, la reprise des jeunes plants n’en sera que meilleure avec la montée de sève. C’est aussi l’occasion de réaliser une plantation de haie champêtre, en choisissant  des plants indigènes d’arbustes à fruits, baies et graines (voir le tuto "Comment planter une haie champêtre?") pour la petite faune sauvage. Un moyen simple de s’en souvenir c'est cet adage : « A la Sainte-Catherine, tout bois prend racine ».

Rougegorge familier (Erithacus rubecula) au jardin © RSPB

Côté potager

Les derniers légumes peuvent encore être récoltés : tomates, aubergines, courgettes, poivrons mais aussi des fruits sauvages : noisettes, châtaignes, mûres, figues, pommes… N’oubliez pas de planter les fraisiers pour l’été prochain. Vous pouvez retirer les tiges sèches des plantes fanées puis laisser reposer le sol durant l’hiver, sans le retourner afin que la microfaune ne soit pas perturbée (Retrouver le geste « Je limite mon emprise sur le sol vivant »).

Vous pouvez choisir de planter des engrais verts sur le potager. Ces derniers permettent d’enrichir le sol durant l’hiver par la matière organique qu’ils produisent : phacélie, trèfle, moutarde... Certains oiseaux aiment venir se nourrir de leurs pousses vertes ou des graines en fin d’hiver : bruants, pigeon ramier, fringillidés… Au printemps il suffira de coucher au sol ces plantes pour la production des légumes.

Si vous disposez d’une serre, c’est le moment de préparer les légumes d’hiver. Libérez de la place afin de pouvoir récolter en serre les légumes frais. Selon l’espace dont vous disposez, semez en automne : laitues, roquettes, choux, navets, radis, épinards, mâche, moutarde, phacélie, trèfle… Il suffit de semer dans un petit sillon, de recouvrir les graines avec la terre puis d’arroser abondamment à l’arrosoir. Recouvrez ensuite le semis d’un paillage (mulch).

Citrouilles du potager © Pixabay

Mettez à profit les journées ensoleillées d'arrière-saison !

Voilà quelques activités d’automne bien agréables à réaliser par beau temps. Votre jardin sera bien préparé pour l’hiver et la petite faune sauvage pourra passer la mauvaise saison en toute quiétude. La diversité des espèces sauvages sera d’autant plus importante si vous variez les petits milieux (biotopes) disponibles : potager, mare, haie champêtre, arbres fruitiers, friches… et si la production des légumes et des fruits est conçue sur le modèle d’une forêt-jardin.