Les oiseaux et l'eau
Les oiseaux et l'eau
Les oiseaux sont des animaux vertébrés à sang chaud, homéothermes(1). Leur température corporelle est constante et oscille entre 41 à 42°C. L’eau est vitale pour eux. Le corps d’un oiseau est composé d’environ 60 % d’eau et jusqu’à 85 % chez certains juvéniles. Contrairement aux mammifères, les oiseaux ne possèdent pas de glandes sudoripares(2) et n’ont pas de sueur. Ils ont moins besoin d’eau que les mammifères pour cette raison. Cependant, ils perdent de la vapeur d’eau en respirant et par les excrétions. La perte d’eau est proportionnellement plus forte chez les grandes espèces (autruches, cygnes…) que chez les petites. Les oiseaux doivent maintenir une certaine concentration d’eau dans l’organisme, qui doit être renouvelée en permanence pour le bon fonctionnement métabolique du corps. L’eau est également indispensable pour le nettoyage quotidien des plumes et le bain.
Des besoins différents selon les espèces
Les oiseaux ingèrent l’eau dont ils ont besoin par la nourriture et en buvant. Selon les espèces et le régime alimentaire, ils ne boivent pas tous de la même façon ni la même quantité d’eau.
Les martinets et les hirondelles ont la capacité de boire en vol lorsqu’il pleut. Ils peuvent aussi raser la surface d’un plan d’eau comme une rivière, un étang, parfois même une piscine, pour s’abreuver. Les rapaces diurnes et nocturnes qui ont un régime alimentaire carnivore, et les espèces d’oiseaux insectivores (gobemouches, rougequeues), ont moins besoin de boire que les espèces d’oiseaux granivores (pigeons, tourterelles, pinsons, chardonnerets). Leurs proies sont en effet plus riches en eau que les graines.
Les oiseaux d’eau comme les canards, les hérons, les aigrettes et les petits échassiers (limicoles) trouvent de l’eau douce facilement dans les milieux humides où ils vivent. Certaines espèces pélagiques(3) sont adaptées pour boire directement l’eau de mer comme la famille des Procellariidés (puffins, pétrels, fulmars). Le fulmar boréal, qui nidifie sur les côtes rocheuses de l’Atlantique nord et en Bretagne, a la capacité d’extraire le sel de l’eau de mer. L’eau est filtrée par les glandes à sel puis est expulsée par les narines. Une solution hypersaline s’écoule à la pointe de son bec, donnant l’impression que le fulmar a « la goutte au nez ».
D’autres espèces d’oiseaux des milieux steppiques et désertiques comme les gangas (Ptéroclididés) sont particulièrement adaptés aux milieux secs. Ces oiseaux ont la morphologie des pigeons avec un plumage cryptique qui leur permet de se dissimuler au sol où ils passent beaucoup de temps à se nourrir. Les gangas ont la capacité d’absorber et de retenir l’eau dans leurs plumes ventrales lorsqu’ils se baignent dans une flaque. Les gangas font, de cette façon, des réserves d’eau et peuvent la rapporter à leurs oisillons, au nid, après avoir parcouru de longues distances. En France, on trouve une espèce de ganga, le ganga cata, localisé dans la plaine de la Crau en Provence.
Il s’agit ici d’adaptations spectaculaires mais la plupart des oiseaux boivent « normalement ». La plupart des petits oiseaux du jardin ont besoin de boire au moins deux fois par jour pour remplacer l’eau perdue. Le régime des oisillons étant souvent insectivore, ils n’ont pas besoin de boire. Les adultes peuvent toutefois, en cas de canicule, apporter de l’eau dans leur gorge et la laisser couler dans le bec des petits.
Comment font les oiseaux pour boire ?
Les oiseaux trouvent l’eau essentielle à leur survie à divers endroits. Cela peut être au bord d’une mare, d’une flaque d’eau, dans un fossé, dans une gouttière quand il pleut… Ils peuvent aussi prélever les gouttelettes de la rosée du matin. Les oiseaux forestiers (pouillots, roitelets, mésanges) sont quant à eux habitués à boire les gouttes sur les feuilles des arbres, dans la strate arborée(4).
Pour boire, la plupart des espèces plongent directement le bec dans l’eau. L’eau est recueillie dans la mandibule inférieure du bec puis par un mouvement de tête en arrière, l’oiseau fait couler l’eau dans son gosier. Mais certaines espèces ont la capacité de boire en continu, le bec plongé dans l’eau sans mouvement de tête, comme les tourterelles et les pigeons.
De l'eau pour le bain
Les petits points d’eau sont nécessaires aux oiseaux, hiver comme été, pour le nettoyage du plumage. Les oiseaux se baignent puis lissent méticuleusement leurs plumes. Le lissage permet d’éliminer les corps étrangers (parasites, traces de boue ou de fruits collés) et de réajuster les barbules entre elles. Ce bain sert aussi à humecter les plumes, avant que l’oiseau répartisse uniformément une sécrétion huileuse(5) avec le bec, qui protège le plumage et l'imperméabilise chez presque toutes les espèces.
Idéalement, les oiseaux doivent pouvoir trouver un endroit où ils ont pied 2,5 à 10 cm, permettant aux différentes espèces de se baigner. Avec le changement climatique, les épisodes de canicule sont plus nombreux et les petits points d’eau s’assèchent plus vite. Bien que la température corporelle des oiseaux puisse s’élever jusqu’à 46°C sans les mettre en danger (température corporelle normale de 42°C), ils ont besoin d’eau pour se rafraîchir. Il est vital de mettre à la disposition des oiseaux et de la petite faune sauvage des points d’eau. Les petits récipients peu profonds (dessous de pot de fleurs) remplis de 3-4 cm d’eau sont particulièrement adaptés et ne présentent pas de danger de noyade pour la petite faune sauvage. Veillez à ce qu’ils soient régulièrement remplis, notamment en période de sécheresse, et disposés dans un endroit dégagé où les oiseaux peuvent voir venir les éventuels prédateurs (chats).
Pour savoir comment disposer de l’eau pour les oiseaux, voir le geste « Je récupère l’eau et dispose des points d’eau pour la faune ».
(1) Homéotherme : Être vivant dont la température moyenne, constante, est indépendante du milieu ambiant (ex : mammifères, oiseaux…).
(2) Glande sudoripare : glande située sous la peau des mammifères et dont le rôle est de produire de la sueur pour permettre la thermorégulation par transpiration, c'est-à-dire le maintien d'une température corporelle normale.
(3) Pélagique : espèce liée au milieu marin, de pleine mer.
(4) Strate arborée (ou strate arborescente) : désigne en botanique un étage végétal composé d’arbres dont la hauteur dépasse 5 mètres.
(5) Sécrétion huileuse : mélange complexe de corps gras et de cires, sécrété par la glande uropygienne située au niveau du croupion chez les oiseaux. L’oiseau enduit ses plumes de cette sécrétion huileuse avec le bec pour imperméabiliser son plumage.