De leurs 5000 m2, ouverts à la fois sur un paysage panoramique et un espace forestier escarpé, les Mathivet disent : "Le vrai propriétaire de ce gîte est la nature et nous en sommes les heureux locataires". Leur refuge est conçu en étroite relation avec toutes les composantes de son site : topographie, hydrologie, climat, etc. La mare et les bassines de plantes sont creusées directement dans la roche et celle-ci est réutilisée pour définir les espaces et créer des chemins. 9 cuves de 1 m3 récupèrent l'eau de pluie qui alimente le terrain à l'année.
Ce site est totalement perméable à la nature qui l'entoure : dans les recoins escarpés, là où le sol est recouvert de lierre terrestre, se trouvent des entrées discrètes pour les chevreuils et des mangeoires sont remplies de foin en hiver. A proximité des tas de bois sont cachés les passages à hérissons...
Mais le refuge impressionne surtout par sa multitude de nichoirs (plus de 50 !) posés en haut des conifères. Ils hébergent de nombreuses espèces telles que la chouette hulotte, les pics épeiches, les grimpereaux et divers passereaux. D'autres comme la corneille noire, le merle noir ou le bec croisé des sapins viennent se baigner dans la mare et se restaurer dans les espaces laissés sauvages.
Les butineurs vivent à proximité des 250 variétés de plantes, des simples essentiellement, répertoriées avec soin. Une pouponnière a été créée à côté du potager (où poussent entre autres, des légumes anciens), à proximité de la serre et de l'hôtel à insecte. Les plantules sont récupérées et installées dans un lieu dédié ; elles sont données ou échangées afin de faire perdurer leur diversité et diffuser une alimentation adaptée à la faune locale.
Ici, on se met au service de la nature en créant de nombreuses solutions ingénieuses et ludiques avec les matériaux les plus simples, le plus souvent récupérés. Ainsi sont nés des mangeoires ascenseurs, des "HLM à moineaux", une "usine de compost", les mangeoires "mairie" et "église"... Les mots utilisés avec humour, renvoient à un monde social, urbain et productif que l'on voudrait sans doute voir se transformer.
Les visites permettent d'échanger sur des bonnes pratiques et de s'enrichir mutuellement : le refuge est ouvert lors des journées LPO, de la Fête de la Nature et Mon jardin au naturel.
Texte : Elsa Francès, coordinatrice bénévole du Groupe Refuges LPO (particuliers) de la Loire.
Année de réalisation : 2024