La toiture végétalisée du bâtiment est constituée d’un substrat de 30 cm de terre végétale. Le côté Est de la terrasse est une vraie réussite. Un semi de fleurs sauvages (100% indigènes et diversifiées) a été minutieusement sélectionné par la LPO avant d’être planté. Dans le plan de gestion écologique établi par la LPO, ce semi constitue la base végétale de la toiture, avant que d’autres espèces spontanées ne s’implantent d’elles-mêmes. Lors des inventaires bilan de 20192 nous avons pu relever une vingtaine d’espèces végétales, semées à l’origine ou bien nouvellement arrivées, comme l’ail des vignes.
Des insectes étaient également présents dont la magnifique chenille de machaon, notre plus grand papillon européen, ou encore une femelle de grande sauterelle verte à son dernier stade larvaire. Les observations montrent que ces espèces sont nées et réalisent leurs cycles biologiques sur la toiture. Cette partie de toiture attire même une biodiversité plus importante que le jardin en contrebas (situé au niveau du sol), car elle est exclusivement composée de plantes sauvages de la région. Cette flore sauvage est étroitement liée à la faune sauvage locale et l’une ne va pas sans l’autre.
Les papillons sont de bons indicateurs de la diversité écologique du site et ont besoin de plantes hôtes pour se développer. Le machaon utilise par exemple le salsifis des prés (plante de l’hémisphère Nord caractéristique des prairies de fauche) présent sur la toiture. Un piège photo a été installé au niveau des prairies pour mieux connaître les espèces d’oiseaux qui fréquentent la toiture. Les données sont saisies par des collaborateurs du groupe Rocher, sur la base de données participatives LPO « faune Île-de-France ». Cinq espèces y ont été observées : l’étourneau sansonnet et la pie bavarde (qui nichent toutes deux en façade du bâtiment), ainsi que la corneille noire, le pigeon biset et le pigeon ramier. Un nichoir pour faucon crécerelle, pas encore occupé, a été installé face au Refuge LPO de l’île-Saint-Germain pour offrir un site de nidification à ce petit rapace diurne intégralement protégé, observé ici en chasse. Les inventaires que la LPO Ile-de-France réalise sur différentes toitures végétalisées montrent une diversité qui n’a rien à envier à d’autres espaces verts « sauvages » parisiens. Les résultats de 3 ans d’études sur 5 terrasses 3, en lien avec le Club U2B (groupe de travail coordonné par la LPO sur « Urbanisme et Biodiversité »), montrent que la biodiversité peut être aussi riche sur une toiture végétalisée qu’au niveau d’un sol.
(1) HUON F. (2016) - Rapport d’étude – Refuges LPO Convention 2015/2019-Site Cap Rocher- Siège du Groupe Rocher-Issy-les-Moulineaux. LPO .62 p.
(2) HUON F. (2020) - Rapport Bilan du Refuges LPO « Cap Rocher »Siège du Groupe Rocher Issy-les-Moulineaux (92) Convention 2015/2019. LPO .48 p.
(3) HUON F. (2016) - Végétalisation innovante : Résultats de 3 années de suivi de la végétation spontanée, des insectes pollinisateurs et des oiseaux sur des toitures terrasses d'immeubles Gecina à Paris et dans les Hauts-de-Seine. LPO 105 p.
Année de réalisation : 2015