Elégant rapace, le Busard cendré revient chaque année courant avril de ses quartiers d’hiver africains pour nicher en milieu céréalier. En effet, la disparition de ses habitats d'origine a conduit l'espèce à s'adapter à des milieux de substitution. Dans l'Aube, il s'agit des champs de céréales (orge, blé et escourgeon) dans lesquels le busard installe son nid au sol.
En raison de la précocité des moissons, une grande partie de ces oiseaux serait détruite sans l’intervention des « busardeux », bénévoles qui parcourent la campagne pour repérer les nids, contacter les agriculteurs concernés pour les informer de la présence de cette espèce dans l’une ou plusieurs parcelles. Il s’agit ensuite et avec leur accord, de localiser les nids à l’intérieur des champs pour mettre en place une mesure de protection adaptée en fonction des besoins. La survie des populations « céréalières » de busards dépend entièrement de ces actions de sauvetage.
Un travail fastidieux et particulièrement chronophage. Ce sont ainsi près de 6 000h de terrains qui ont été consacrées à cette action en 2021 pour surveiller un peu moins de 200 nids sur l’ensemble de la Champagne-Ardenne et permettre ainsi à quelques 450 jeunes busards de prendre leur envol.
En début de saison 2022, le finage de Bar-sur-Seine avait vu l’installation de 4 couples de Busards cendrés. Deux d'entre eux ont vite été perdus (prédation naturelle et pluies d'orages). Pour les deux nids restant, des bénévoles sont intervenus pendant plusieurs semaine pour assurer leur suivi et leur protection.
C’est un sentiment mêlé de consternation, de colère et d’incompréhension que nourrissent les volontaires depuis qu’ils ont découverts hier matin les corps des 4 jeunes sans vie ont été retrouvés piétinés au sol, le 2ème nid surveillé étant vide.
« Cette destruction volontaire est d’autant plus incompréhensible que cette espèce ne vient aucunement en concurrence avec une autre. Au contraire, c’est un auxiliaire particulièrement efficace du monde agricole car elle détruit de nombreux rongeurs. Une famille de Busard cendré avec 4 jeunes, consomme ainsi entre 700 et 900 campagnols par saison de reproduction » souligne la LPO Champagne-Ardenne qui, par l’intermédiaire de sa vice-présidente Jacqueline GILLET a décidé de porter plainte après que l’Office français de la Biodiversité (OFB) ait constaté les faits et engagé une enquête.
Ces comportements sont à condamner le plus fermement possible car au-delà de leur caractère criminel*, ils viennent anéantir tous les efforts fournis et répétés pour protéger cette espèce grâce à cette action exemplaire de préservation qui s’appuie sur une coopération de longue date entre les naturalistes et le monde agricole » souligne Etienne CLEMENT, président de la LPO Champagne-Ardenne.
*Dans un contexte général d'érosion de la biodiversité, le code de l'environnement, prévoit une peine de 3 ans d'emprisonnement et 150 000 € d'amende.
CONTACTS : Jacqueline GILLET : 06.15.08.59.57