Lever la tête

Actualité

Depuis février, 5 dialogues permanents pour la nature (DPN) ont été organisés sur des fermes du département. Retour sur ces moments de partage, d’observations, d’échanges et propositions pour que la biodiversité se développe sur les fermes et dans nos territoires.

Groupe GAEC des Chevêches

© LPO Anjou

Qu’est-ce que le DPN ?

Plus qu’une visite de ferme, le DPN est un espace de rencontre, de partage, entre humains et non-humains. Parfois habitué(e)s aux groupes d’échanges techniques, les agriculteurs et agricultrices prennent plaisir à lever la tête pour observer d’autres choses que la terre, leurs plantes et animaux. Habitués aux observations dans des lieux publics – seul ou en groupe – les naturalistes sont intéressés pour échanger et partager leurs connaissances avec les paysan(ne)s sur leur ferme. C’est l’occasion d’arpenter des espaces inexplorés.

Ces moments sont souvent ponctués d’analyse du paysage, observation sur l’évolution de celui-ci avec souvent le même constat : « C’est marrant le voisin il veut pas qu’on le regarde, mais on l’a jamais aussi bien vu à force d’arracher ses haies ! ». Ce qui nous permet d’ailleurs d’observer qu’il est en train de construire un méthaniseur, alors on digresse : est-ce le rôle de l’agriculture de produire du gaz ?

Chêne

Chêne © LPO Anjou

Le paysage et la terre sont des marqueurs des évolutions agricoles locales : on observe la disparition d’une mare, on retrouve par hasard la sortie d’un drain, « ça va être facile de le reboucher ». On observe aussi les plantes : la fragonnette est un bon indicateur d’ancienneté de la haie, la renoncule de milieu humide, la marguerite de sol pauvre. Les discussions et observations sont ponctuées de petites explications sur la migration de la Pie-grièche écorcheur, la reproduction du Pipit des arbres et de l’Alouette des champs. Moment essentiel pour comprendre comment les pratiques sont favorables ou non au maintien des espèces. Pour beaucoup, connaître les espèces, ça permet d’en prendre soin et de donner envie aux collègues de s’y intéresser.

Les visites permettent d’identifier des pistes d’amélioration sur la ferme et des futurs chantiers collectifs : creuser une mare, couper quelques branches au-dessus d’une mare pour qu’elle puisse accueillir la lumière et donner vie à un écosystème, planter des haies pour permettre une continuité écologique, installer des nichoirs. Tout cela est bien, mais est-ce utile ?  « Il faudrait des actions à l’échelle des territoires – en attendant on commence par ce qu’on peut faire. Espérons que nos fermes soient les points de départ pour des reconquêtes biodiversifiées et non des oasis au milieu du désert. » Pendant les DPN, on discute aussi technique de fauche, travail du sol, laisser des espaces pour le développement de la vie sauvage. Comment concilier besoin économiques/temps de travail/prise en compte de la biodiversité ? L’agriculture c’est toujours des compromis – des choses à prioriser. Être paysan(ne) c’est donner vie, aux humains et non-humains.  Un DPN, ça rend vivant.