Yoann et Perla ont repris en 2022 une ferme dans le bocage de Sallertaine (Vendée) pour y élever des moutons Landes de Bretagne.
Cette ferme, auparavant gérée en bovin conventionnel avec une grande surface en maïs, présentait des enjeux importants pour la biodiversité (retour à la prairie naturelle, restauration des haies, des zones humides, de la qualité du ruisseau qui longe la ferme).
Yoann et Perla ont pu l’acheter grâce aux soutiens financier, technique et moral de 3 associations :
- le Collectif Court Circuit,
- les paysans de l’association Gens du Bocage et du Marais
- la LPO Vendée.
Des pratiques favorables à la biodiversité
Depuis leur installation, Perla et Yoann, accompagnés par la LPO Vendée et les autres partenaires locaux, sont parvenus par leur gestion agricole à restaurer les fonctions biologiques du site et sa capacité d’accueil pour la biodiversité.
Ces Paysans de Nature ont transformé l’ensemble des terres de la ferme en prairies permanentes, sur lesquelles ils élèvent leurs moutons Landes de Bretagne avec un système d’élevage en plein air intégral. L’arrêt de l’utilisation de produits phytosanitaires autrefois utilisés sur les parcelles cultivées en maïs est l’une des actions les plus décisives. L’enjeu est de taille car le périmètre de la ferme borde le Taizan, l’un des cours d’eau les plus pollué du secteur.
La LPO Vendée et les éleveurs ont également sollicité des financements auprès de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne dans le cadre de plans d’actions de sauvegarde d’espèces en zone humide (odonates, loutre, chauves-souris) et de la Fondation Itancia pour favoriser les haies, conserver de l’eau dans les prairies inondables, créer des mares et refaire des petites parcelles.
Un projet collectif
La Bergerie de Saint Yves est un projet agricole pour la biodiversité, qui résulte d’un soutien collectif et d’une action partagée par les réseaux associatifs du territoire.
Trouver du foncier s’avère souvent compliqué pour les porteurs de projets.
Les paysannes et paysans de l’association Gens du Bocage et du Marais ont été un appui précieux pour partager leur expérience, assurer une veille foncière sur le territoire et soutenir moralement les jeunes porteurs de projet.
Le Collectif Court-Circuit, qui rassemble des citoyens acteurs de leur alimentation par la distribution de produits issus de fermes engagées pour la biodiversité, a également apporté son soutien. Certains adhérents de ce collectif et de la LPO Vendée ont réalisé des prêts à taux zéro au bénéfice du GAEC pour permettre la réalisation du projet de façon plus indépendante des banques. D’autres sont venus participer aux chantiers de régénération naturelle des haies ou à des inventaires naturalistes sur la ferme.
La LPO Vendée a également reçu de nombreux dons qui lui ont permis de se porter acquéreuse de quelques parcelles (10 hectares) présentant le plus d’enjeux écologiques, ceci afin de soutenir financièrement ce projet de protection de la nature par l’installation paysanne et de garantir la gestion écologique de ces parcelles.
Une démarche inscrite sur le long terme
Première Obligation Réelle Environnementale de la LPO Vendée
Perla et Yoann s’étaient engagés à mettre en place une Obligation Réelle Environnementale (ORE) avec la LPO Vendée pour la protection durable du site. C’est chose faite !
Ce dispositif, qui prend la forme d’un acte notarié valable 99 ans, permet d’inscrire le patrimoine naturel (haies et mares) afin qu’il soit préservé et de conditionner certains usages agricoles, même après la vente à d’autres propriétaires.
Le mot de James, administrateur de la LPO Vendée qui a suivi ce projet
L’acquisition de parcelles sur ce secteur de bas bocage rétro littoral s’inscrit dans une démarche de restauration des fonctionnalités écosystémiques de ce paysage.
On qualifie, probablement à tord, de biodiversité ordinaire les oiseaux communs mais la biodiversité est-elle encore ordinaire quand des oiseaux de milieux agricoles et bocager tel que l’Alouette des champs, la Linotte mélodieuse ou encore le Pipit des arbres connaissent des baisses de population de l’ordre de 50% d’effectif depuis vingt ans.
La signature d’une ORE et du plan de gestion associé permet d’inscrire sur le long terme, la pratique d’un mode d’élevage où la biodiversité est alliée du paysan dans un enrichissement conjoint.