Les départements de la Vienne, de la Charente, des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime hébergent 380 000 hectares d’espaces forestiers, mais aucun inventaire de l’avifaune forestière n’avait encore été coordonné à l’échelle du Poitou-Charentes. C’est désormais chose faite avec le programme « Oiseaux forestiers du Poitou-Charentes » dont le premier volet de 3 ans s’est achevé en 2024. Zoom sur les résultats des inventaires et la rencontre « Oiseaux forestiers »…
Un programme ambitieux bien soutenu
Le projet « Oiseaux forestiers du Poitou-Charentes » s’est déroulé de 2022 à 2024, sous l’égide de Poitou-Charentes Nature. Coordonné par la LPO Poitou-Charentes, il a également réuni Charente Nature, le Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres et Nature Environnement 17. Ce projet a reçu le soutien financier de la région Nouvelle-Aquitaine et de la fondation Anyama, et l’appui technique essentiel du Centre national de la propriété forestière Nouvelle-Aquitaine et de l’Office national des forêts.
Les actions entreprises étaient réparties en quatre volets : actualiser les connaissances sur les oiseaux forestiers nicheurs, sensibiliser les forestiers à la prise en compte de l’avifaune, former les bénévoles à la reconnaissance des espèces et constituer un groupe de suivi du circaète Jean-le-Blanc dans chacun des quatre départements de l’ex Poitou-Charentes.
Des connaissances réellement augmentées
Pour les inventaires, 35 observateurs ont réalisé des points d’écoute au sein de 79 boisements ou massifs forestiers de l’ex-région. Cela représente 3 204 points d’écoute, soit 267 heures d’écoute, répartis comme suit : 36 % en forêts publiques et 64 % en forêts privées. Au total, plus de 40 200 observations d’oiseaux ont été récoltées !
Ainsi, 112 espèces ont été inventoriées, dont 82 sont nicheuses. Il s’agit d’espèces de lisières (qui se retrouvent plutôt sur les abords des boisements), d’espèces généralistes (qui fréquentent aussi d’autres milieux), ou d’espèces spécialistes des milieux forestiers. Vingt de ces espèces figurent parmi les 23 listées par le Museum national d’Histoire naturelle, dont l’habitat principal est la forêt. Celles-ci ont des exigences écologiques plus fortes que les espèces généralistes. Leur présence témoigne de l’existence de zones forestières de « bonne qualité ». On peut citer par exemple les pics mar et noir, les pouillots de Bonelli et siffleur, le roitelet huppé, les mésanges huppée et noire.
Les espèces les plus fréquemment recensées sont le rougegorge familier, le pouillot véloce et le pinson des arbres. Par ailleurs, les résultats des analyses ont montré que les espèces sont moins nombreuses dans les forêts de conifères que dans les forêts de feuillus ou associant les deux.
Une journée riche en échanges
Le mercredi 12 février dernier, une journée technique portant sur les oiseaux et les forêts du Poitou-Charentes s’est déroulée à la Maison de la forêt de Montamisé, dans la Vienne. Cette journée, qui clôturait la première phase du programme « Oiseaux forestiers du Poitou-Charentes », a rassemblé plus de 70 personnes représentants des collectivités, services de l’État, associations de protection de la nature, et acteurs de la forêt comme des gestionnaires et des entreprises. L’objectif était de mieux cerner les rôles et les initiatives des acteurs en matière de préservation de la biodiversité, de présenter les cadres légaux d’intervention, et d’échanger sur la prise en compte concrète des oiseaux dans la gestion forestière.
L’Office national des forêts a présenté l’implantation d’une trame de vieux bois fonctionnelle en forêt domaniale, et le Centre national de la propriété forestière a évoqué les principes de gestion durable en forêt privée. La LPO a exposé l’outil Natura 2000, les résultats des inventaires effectués et le suivi du circaète Jean-le-Blanc, espèce particulièrement étudiée durant les trois années de ce programme. Moment clé de la journée, un atelier a permis de réfléchir collectivement à une meilleure considération de la nidification des rapaces forestiers en forêt, illustrée par l’exemple du circaète Jean-le-Blanc. La DREAL Nouvelle-Aquitaine a clôturé les interventions en évoquant la prise en compte des espèces protégées et notamment des espèces peuplant les milieux boisés.