Le concours national des pratiques agro-écologiques prairies et parcours du Salon international de l’agriculture de Paris récompense les éleveurs qui utilisent les prairies naturelles, un modèle agricole à la fois vertueux pour l’éleveur et ses bêtes, mais aussi pour la biodiversité. Zoom sur David Guillet, éleveur dans la Vienne, récompensé par une deuxième place le 26 février dernier…
Point de départ : le Montmorillonnais
La LPO Poitou-Charentes et le CIVAM de Montmorillon et de Châtellerault organisent, depuis deux ans, le concours des pratiques agro-écologiques prairies et parcours dans le Montmorillonnais, un territoire bocager de la Vienne historiquement tourné vers l’élevage. Les deux structures souhaitent mettre en avant le rôle essentiel des éleveurs, avec lesquels elles travaillent régulièrement.
Un jury pluridisciplinaire, associant des spécialistes en botanique, agronomie, apiculture et paysage, a désigné David Guillet lauréat, en juin 2024, le sésame pour la poursuite du concours au niveau national. Cet éleveur de bovins de race Limousine, à Montmorillon, a présenté une prairie humide de 3,5 hectares. Celle-ci s’est démarquée des trois autres parcelles en lice par sa très grande diversité floristique, avec notamment de nombreuses orchidées, et la totale adéquation de son utilisation vis-à-vis des besoins des animaux qui y pâturent.
Passage du jury dans la prairie de David Guillet en mai 2024 © Morgane Revol
Une 2e place au concours national
Tout comme l’avait fait l’an dernier Alexandre Bourry, lui aussi éleveur lauréat dans le Montmorillonnais, David Guillet a raflé la deuxième place du concours national agro-écologie, dans la catégorie Prairie pâturée et fauchée le 26 février. Devancé par un éleveur du secteur de Saint-Nectaire qui a pris la première place, le candidat de la Vienne arrive devant ceux des territoires de montagne, aux traditions de prairies naturelles et d'élevage encore très fortes, comme les Pyrénées, mais aussi des parcs naturels régionaux Loire-Anjou-Touraine, des Marais du Cotentin et du Bessin, d'Armorique...
Les territoires en lice.
La LPO accompagne les éleveurs : l'exemple de la Vienne
Le concours n’est que la partie émergée des relations nouées avec les éleveurs. Les prairies naturelles constituent un enjeu fort de conservation et de valorisation au sein des sites Natura 2000 que la LPO anime, et le CIVAM rassemble depuis plusieurs années des agriculteurs du sud-Vienne pour des formations. Depuis 4 ans, des groupes d’éleveurs sont accompagnés par le CIVAM et la LPO dans le Montmorillonnais pour favoriser les échanges sur la gestion des prairies naturelles.
Chaque année, 2 à 3 rencontres rassemblent 10 à 15 personnes autour de formations sur la reconnaissance de la flore des prairies naturelles, d'échanges sur l'autonomie fourragère des fermes visitées, la gestion du pâturage etc. Un espace de dialogue et d'écoute qui permet à la LPO de mieux comprendre les enjeux de fonctionnement d'une ferme et aux éleveurs d'être sensibilisés à la biodiversité qui les entoure !
Les prairies naturelles, l’or vert
Le concours des pratiques agro-écologiques prairies et parcours a pour objectif de valoriser les éleveurs qui utilisent les prairies naturelles, c’est-à-dire non labourées et non semées depuis très longtemps. Ainsi préservées, ces prairies sont composées d’une très grande variété de plantes. Souvent associées à des arbres et des haies, elles participent à la qualité des paysages, à l’infiltration des eaux, et contribuent à la préservation de la biodiversité, en favorisant la présence d’insectes, d’oiseaux, de reptiles et de petits mammifères.
Si les bienfaits pour la nature sont nombreux, ils le sont également pour les agriculteurs. Les prairies naturelles sont une ressource à moindre coût pour les éleveurs qui les utilisent pour faire pâturer leurs animaux et pour la fauche. Leur richesse floristique contribue directement à la production en élevage, en rendant le fourrage plus attrayant pour les animaux, pour des produits de qualité. Sans labour, avec très peu d’intrants, ces prairies nécessitent moins de matériel et offrent un gain de temps. Préservées, elles présentent également une meilleure résistance aux accidents météorologiques.
