La crossope aquatique est inféodée à l’eau et elle peut être considérée comme semi-aquatique, bien qu’elle puisse parfois être observée loin des points d’eau. Elle fréquente les ruisseaux, les fleuves, les lacs, les étangs, les tourbières, les prairies humides et même les canaux de drainage. Elle recherche avant tout des secteurs qui lui offrent des zones pour se cacher : rochers, souches, chevelu racinaire et végétations des berges… Très bonne nageuse, elle est capable de plonger à près d’un mètre et peut rester immergée quelques dizaines de secondes. Les doigts de ses pattes postérieures sont dotés de poils raides qui l’aident à se déplacer dans l’eau. Sa queue arbore également une frange de poils typiques appelés poils natatoires.
La crossope de Miller, quant à elle, semble moins liée aux milieux aquatiques et les poils natatoires de ses pattes et de sa queue sont moins développés. Bien que les deux espèces semblent pouvoir être en compétition, elles peuvent tout à fait cohabiter dans un même milieu.
Les crossopes sont carnivores et leur salive toxique, à l’instar de toutes les musaraignes, paralyse les proies, facilitant ainsi leur capture. Elles se nourrissent principalement d’invertébrés terrestres ou aquatiques (notamment de crustacés) mais aussi d’alevins, notamment pour la crossope aquatique. Elles peuvent avoir 2 à 3 portées par an, entre mars et septembre, qui compte entre 3 et 12 jeunes. Elles aménagent un nid dans une cavité qu’elles peuvent creuser dans les berges et qui comporte généralement une entrée aquatique et une entrée terrestre.
Les crossopes sont autant actives de jour que de nuit. Comme pour la plupart des micromammifères, leurs principaux prédateurs sont les mammifères carnivores et les rapaces mais elles sont peu capturées du fait des faibles densités et de leurs mœurs aquatiques. Leur métabolisme rapide leur impose une activité quasi-permanente pour rechercher de la nourriture, et leur durée de vie est comprise entre 12 et 19 mois.
La distinction entre les deux espèces est complexe et ne peut se faire qu’en main. Les poils natatoires plus développés chez la crossope aquatique sont considérés comme un critère d’identification. Cependant, une crossope aquatique avec des poils natatoires usés peut être confondue avec une crossope de Miller ! Un critère d’identification visuelle concerne le nombre et la forme des pelotes plantaires, mais la validité de ce critère serait à préciser…
Les crossopes sont encore mal connues, comme d’autres micromammifères, et des améliorations sont à apporter sur sa répartition et la densité de ses populations. Un inventaire, soutenu par le Département de la Loire, a été réalisé par la LPO Auvergne-Rhône-Alpes délégation Loire, et des crossopes (aquatiques ou de Miller) ont été découvertes sur des cours d’eau des communes des Noës dans les Monts de la Madeleine, mais également sur les communes de Sauvain et de Soleymieux dans les Monts du Forez. Pour cela, des pièges non létaux ont été utilisés. Les animaux ont été relâchés immédiatement après leur capture.
Attention, les crossopes étant des espèces protégées, une autorisation est nécessaire pour réaliser ce type d’étude avec catpure.