Le hérisson, copain de mon jardin mais victime de l’humain

Actualité

En plus d’être mignon, le hérisson est un véritable allié du jardinier

Animal intégralement protégé par la loi*, le hérisson d’Europe est présent sur tout le territoire français en dessous de 1000 mètres d’altitude. Il habite les prairies, petits bois, haies et jardins. On le rencontre assez peu dans les zones agricoles car ces milieux sont trop ouverts et accueillent des prédateurs comme le blaireau. Ainsi, le hérisson se croise en zone péri-urbaine et urbaine, dans un domaine vital d’environ 18 ha qu’il peut partager avec d’autres congénères.

Seul mammifère de France à posséder des piquants (plus de 5000 ! qui sont en fait des poils modifiés composés de kératine), le hérisson ne peut pas se confondre avec un autre animal au vu de sa morphologie unique.
Son très bon odorat lui permet de localiser des proies jusqu’à 3 cm sous le sol et son ouïe le rend capable de percevoir les ultrasons : pratique pour entendre les bruits émis par les insectes dont il se nourrit ! En effet, le hérisson a un régime omnivore : il mange des insectes, larves, vers de terre, limaces, escargots et quelques baies et fruits. Cette alimentation en fait un vrai auxiliaire des jardins ! Il vous débarrasse ainsi des ravageurs du potager.

Hérisson d’Europe

Hérisson d’Europe © Pascal et Lydie Dubois

Le hérisson vit surtout la nuit, période pendant laquelle il peut parcourir jusqu’à 4 km pour trouver de la nourriture, un refuge ou de la compagnie.
Ce mammifère hiberne de mi-novembre à mi-février, dans un nid fait de feuilles. Au printemps, il recommence à se déplacer notamment pour reconstituer ses réserves. C’est malheureusement à cette période que la mortalité par écrasements routiers est la plus forte.
Puis, d’avril à octobre, c’est la période de reproduction. Après l’accouplement, une trentaine de jours sont nécessaires pour la gestation de la femelle qui donne ensuite naissance à 4 ou 5 « choupissons » (oui oui !), qu’elle va allaiter pendant 7 à 8 semaines jusqu’à leur émancipation. Une 2ème reproduction est possible mais pas systématique.

Le hérisson risque sa vie tous les jours et toutes les nuits

Les nombreux déplacements du hérisson et sa présence dans les zones urbaines et péri-urbaines le rendent particulièrement vulnérable aux écrasements routiers. Dans un contexte fort d’urbanisation et de fragmentation des milieux, chaque pas est un danger pour ce petit mammifère ! Les lisières et bandes enherbées disparues, l’animal a tendance à traverser les routes plutôt qu’à les longer ; et ce au péril de sa vie. Alors, de nuit comme de jour, levez le pied ! Chaque année en Europe, 700.000 hérissons meurent écrasés.

À ces nombreux écrasements routiers s’ajoutent la destruction des habitats et des ressources alimentaires du hérisson : suppression des haies champêtres qui constituent son habitat naturel, suppression des arbres morts et des vieilles souches qui abritent de nombreux insectes dont il se nourrit…
Et quand il trouve une limace à se mettre sous la dent, la chance pour qu’elle ne soit pas polluée chimiquement par un anti-limaces (molécule métaldéhyde fatale pour le hérisson si ingérée directement) est très fine !
Aussi, au gré de ses pérégrinations, le hérisson se heurte à d’autres dangers : les déchets (tête coincée dans un pot de yaourt, une boîte de conserve ou un sac en plastique), piscines (noyades), trous, chiens… Bref, un vrai parcours du combattant pour ce petit animal piquant !

Hérisson et chien

Hérisson et chien © Jean-Jacques Vidal

La LPO Auvergne-Rhône-Alpes travaille dans certains départements directement avec les collectivités territoriales pour tenter de limiter cette hécatombe, notamment à travers des programmes de suivi GPS (à Valence, Drôme), via des inventaires citoyens (dans la métropole de Grenoble, Isère), grâce à la création de passages dédiés à l’animal (dans la Loire et dans le Rhône grâce à un groupe dédié) ou par un réseau de jardins accueillants (dans la métropole clermontoise, Auvergne).

Faciles et sans pression, nos conseils pour aider le hérisson

Pour nos lecteurs qui ont la chance d’avoir un jardin, un mot d’ordre : pas de pesticides ! Cela va aider au développement des insectes dont pourra se nourrir le hérisson. En effet, nous conseillons de mettre en place des pratiques écologiques au jardin** qui favorisent le développement des proies naturelles du hérisson plutôt que de le nourrir artificiellement (croquettes, pain et lait proscrits !). Selon les températures, une gamelle d’eau peu profonde peut aussi aider l’animal à se désaltérer.

Gare aux pièges au jardin ! Trous, déchets, piscine, animal de compagnie… Veillez à ce que votre jardin soit sans danger pour les déplacements du hérisson.
Et mieux ! Si vous souhaitez l’accueillir notamment pendant son hibernation, un tas de branches et de feuilles sera idéal (plans). On appelle cela un « hibernaculum ».
Pour favoriser ses déplacements dans et en dehors de votre jardin, l’installation d’un passage dans votre grillage et la création de bandes enherbées le long de votre clôture sont conseillées.

Gîte à hérisson

Gîte à hérisson © Renaud Daumas

Lors du passage de votre tondeuse, soyez vigilants ! Un hérisson peut se cacher dans les herbes et ni vous ni lui n’avez envie de le voir scalpé… Et bannissez absolument les tondeuses automatiques qui roulent toutes seules la nuit, elles sont une vraie catastrophe pour ce petit animal nocturne.

Enfin, n’hésitez pas à sensibiliser votre commune à la présence du hérisson et aux petits gestes que citoyens et collectivités peuvent faire pour aider ce mammifère en danger.

** Plus largement, différents éléments paysagers du jardin peuvent être mis en place pour favoriser l’accueil du hérisson, en lui procurant un gîte et/ou de la nourriture, éléments essentiels à sa venue :

  • Planter des haies champêtres, elles fournissent abri et matière première pour confectionner le nid ;
  • Privilégier une végétation diversifiée : gazon, pissenlits, mousses, fleurs, plantes diverses, buissons, haies, arbustes, arbres… Elle peut à la fois fournir un abri et elle favorise le développement d’insectes, ressource alimentaire principale du Hérisson ;
  • Cultiver un potager, le hérisson en est un auxiliaire indispensable pour éliminer les invertébrés indésirables ;
  • Stocker un tas de bois contre un mur, avec un espace dessous pour installer un nid ;
  • Faire un tas de compost, il constituera une source de chaleur et de nourriture abondante pour les jeunes ;
  • Installer une cabane de jardin, le hérisson pourra se glisser dessous. Elle procurera un abri étanche idéal pour mettre les petits au monde ;
  • Aménager une rocaille avec des espaces creux, pour farfouiller, chasser et se cacher ;
  • Laisser les vieilles souches d’arbres creux, elles sont riches en insectes ;
  • Procurer au hérisson des endroits abrités de la pluie et du vent, comme des dessous d’escaliers.
Prairie fleurie

Prairie fleurie © Sabine Boursange

Les bons réflexes en cas de rencontre avec un hérisson

De nuit, mais aussi parfois de jour, vous pouvez croiser la route d’un hérisson. Dans tous les cas : observez l’animal avant d’agir. S’il ne semble pas blessé ou en danger, laissez-le tranquille. Si vous voyez des tiques ou des puces sur lui mais qu’il semble en bonne santé, pas besoin de s’inquiéter. En revanche, si le hérisson est blessé, contactez immédiatement un centre de soins pour la faune sauvage.

Au printemps et en été

Si vous rencontrez un hérisson en pleine nuit dans votre jardin, dans un espace public ou au bord d’une route, et qu’il est actif, il est très certainement en bonne santé. Laissez-le poursuivre son chemin en toute tranquillité.
Si vous découvrez un hérisson immobile en pleine journée, approchez-vous doucement afin de l’observer de plus près. S’il se met en boule ou pousse des grognements à votre approche, laissez-le tranquille et revenez un peu plus tard. S’il n’a pas bougé, la situation peut être anormale.
Si, lorsque vous observez l’animal de plus près, vous constatez qu’il est blessé (boiterie, plaie…), qu’il est infesté par des mouches, des œufs ou des larves, la situation est alors préoccupante.
En cas de situation anormale avérée, il faut récupérer rapidement le hérisson en détresse. Commencez par préparer un carton troué avec une litière de journaux et un tissu polaire. Utilisez des gants ou une serviette pliée pour attraper le hérisson et installez-le délicatement à l’intérieur. Gardez-le dans une pièce au calme, loin des animaux domestiques et des enfants. Il est important de ne pas nourrir, ni hydrater l’animal car cela pourrait aggraver son état. Contactez au plus vite un centre de sauvegarde de la faune sauvage habilité qui vous donnera des conseils et pourra prendre en charge l’animal.

En automne et hiver

Vous trouvez un hérisson immobile dans votre garage, dans un pot de fleurs, dans le compost, ou sous un tas de bois, il est important de ne pas le déranger : il hiberne.
Vous rencontrez un hérisson actif à l’extérieur : lorsque les températures sont plus clémentes, il peut sortir de son gîte et vagabonder à la recherche de nourriture. Le croiser ne signifie pas forcément qu’il est en détresse. Il est important de bien l’observer avant d’envisager d’agir.
Ne vous précipitez pas, cela vous évitera de ramasser un hérisson en bonne santé.

Ramassage des jeunes hérissons

Avant de les ramasser, assurez-vous qu’ils sont réellement en détresse, car un jeune hérisson en bonne santé aura de plus grandes chances de survie s’il est élevé par sa mère que s’il est rapatrié vers un centre de soins. En cas de dérangement du nid, replacez les individus dans le nid reconstitué et prenez le temps de vous assurer que la femelle revient s’occuper des jeunes. Attention ! Les mammifères sont très sensibles aux odeurs, la mère pourrait abandonner ses petits si elle sent l’odeur humaine : utilisez toujours des gants.
Si vous trouvez des jeunes hérissons aux yeux fermés hors du nid, ramassez-les, placez-les dans un carton avec une bouillotte et un tissu polaire et contactez rapidement un centre de sauvegarde habilité.
Si vous trouvez des jeunes (bébés encore roses ou jeunes de 15/20 cm de longueur) aux yeux ouverts et avec des piquants se baladant seuls, attendez de voir si un adulte revient. S’il ne revient pas, vérifiez si le reste de la portée n’est pas dans les environs en difficulté, puis ramassez le jeune, placez-le dans un carton et contactez un centre de soins.

Hérisson d’Europe

Hérisson d’Europe © Dominique Mignard

Une cohabitation (presque) parfaite

Allié du jardinier, le hérisson peut toutefois (rarement) se révéler être un voisin encombrant…

Voleur d’œufs : Bien que le hérisson soit un mangeur d’œufs avéré, il ne recherche pas particulièrement ce met et est loin d’être un ravageur de poulailler. Pour protéger vos œufs, vous pouvez par exemple enlever la rampe d’accès au poulailler (les poules pouvant y accéder en sautant), surélever les nids, fermer le poulailler la nuit ou récupérer les œufs quotidiennement et avant le crépuscule.

Squatteur gênant : Dans certaines situations, le hérisson peut devenir un locataire gênant. Lorsqu’il s’installe sous un tas de bois, il est difficile d’utiliser les bûches sans déranger le locataire. Cette situation est pourtant facile à anticiper en stockant son bois sur des palettes ce qui permet au hérisson de s’installer en dessous tout en vous permettant d’y accéder sans le déranger.

Rien de bien grave donc ; le hérisson a vraiment tout pour plaire !

Encore + d’infos sur le hérisson

Ce projet a reçu un soutien financier de la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes.