Mobilisons nous contre ce nouveau projet d'arrêté, participez à la consultation publique avant le 27 février !
Les années se suivent et, hélas, se ressemblent en Saône-et-Loire avec ce nouveau projet d'arrêté. La LPO ne baissera pas les bras. La France fait partie des derniers pays européens à persécuter les blaireaux. C’est aussi la seule à autoriser leur déterrage en pleine période d’élevage des jeunes. En Saône-et-Loire, la LPO restera mobilisée pour délivrer la faune de ces pratiques.
IMPORTANT : Pour que votre avis soit comptabilisé, nous vous invitons à l’exprimer individuellement en vous inspirant des arguments en bas de page, sans toutefois les recopier à l’identique. Pour participer, vous devez utiliser votre compte FranceConnect ou en créer un. Pas de risque de piratage, site de l'Etat, très sécurisé.
Attention, le principe de l’exercice de la vénerie sous terre n’entre pas dans le cadre de la présente consultation, les avis mettant en avant uniquement cet argument ne seront pas comptabilisés !
Arguments qui font que la LPO BFC s'oppose totalement à ce projet d'arrêté
- INJUSTIFIÉ : Un projet d'arrêté sur demande de la Fédération départementale des chasseurs du 71 pour "limiter les dégâts causés par l'espèce" ? De quoi parle-t-on ? De 16 déclarations de dégâts en Saône-et-Loire sur une année ! Le blaireau est une espèce "gibier" qui ne fait pas partie de la liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts. Le présent arrêté est proposé par la Préfecture de Saône-et-Loire pour "assurer une régulation de l’espèce en vue de limiter les dommages qu’elle peut causer". En 2022 et 2023, 14 déclarations de dégâts ont été signalés sur des cultures, 2 dans des jardins, 0 au niveau des infrastructures ferroviaires et 0 au niveau des infrastructures routières. On tue donc plus de 200 blaireaux en 3 mois pour 16 dégâts déclarés sur l'échelle du département ? Inadmissible !
- Une démarche illégale au vu du Code de l'Environnement : 72 blaireautins ont été tués en Saône-et-Loire en 2023 sur un total de 234 blaireaux en période complémentaire. Près de 30 % des blaireaux tués en 2023 en période complémentaire étaient des blaireautins ! La vénerie sous terre, méthode non sélective et violente, tue sans distinction les individus, adultes comme jeunes. Or, l’article L. 424-10 du Code de l’Environnement indique qu’« Il est interdit de détruire, d’enlever, de vendre, d’acheter et de transporter les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée. ». Nous considérons cette démarche comme non conforme au droit.
- Des blaireautins non émancipés au 15 juin : une étude récente, menée de 2003 à 2021 en France(2), démontre que les petits du blaireau naissent entre janvier et avril et sont sevrés à l’âge de 4 mois (avril à juillet). Sevrés oui, mais loin d’être émancipés au 15 juin ! En effet, plusieurs mois après le sevrage, le blaireautin est dépendant de sa mère aussi bien au niveau alimentaire qu’au niveau comportemental et hiérarchique. Le blaireautin est ainsi considéré comme émancipé et indépendant qu’à partir de l’âge de 6 à 8 mois minimum (entre août et novembre selon la période de naissance). Tuer la mère d’un blaireautin, c’est donc le condamner à court terme.
- La Préfecture de Saône-et-Loire déjà sanctionnée par la Justice en 2022 pour un arrêté similaire : en 2022, suite à un recours de la LPO et d’autres associations naturalistes, le Tribunal administratif de Dijon a sanctionné et annulé l’arrêté de prolongation de la période de chasse au blaireau en dénonçant l’illégalité de cette décision, et en précisant qu’aucune raison objective n’avait été donnée pour justifier de tuer des blaireaux (aucun chiffre précis sur la population de blaireaux, les dégâts causés, leur évolution, etc.). Par ailleurs, le tribunal a également indiqué que les articles scientifiques mentionnent que les jeunes blaireaux ne sont pas tous sevrés à la date prévue de prolongation rendant l’arrêté illégal au regard de l’article L. 424-10. En dépit de ces éléments de droit et de cette sanction, le Préfet de Saône-et-Loire a lancé une nouvelle consultation publique en ce printemps 2023.
Le témoignage de Virginie Boyaval, éthologue spécialiste du blaireau :
« Le blaireau est une espèce très sociable : il vit en groupes inter familiaux. Par conséquent, l’apprentissage des codes comportementaux est essentiel à sa survie. Le blaireautin est indépendant à partir de 6 mois. Avant cet âge, il est incapable de se débrouiller seul. Tuer la mère d’un blaireautin, c’est donc le condamner à court terme.
Cette espèce a une dynamique de population très lente qui se traduit par une faible natalité (30 % seulement des femelles ont une portée de 2 à 3 petits) et un fort taux de mortalité juvénile (50 % des blaireautins n’atteignent pas 1 an). Enfin, ils sont très sensibles à la perte de leur habitat naturel et aux dérangements. »
Interview réalisée pour le journal local Info-Chalon
(1)La vénerie sous terre est une pratique qui consiste à poursuivre, par des chiens introduits dans les terriers, les blai-reaux qui subissent alors des heures de terreur extrême tandis que les chasseurs creusent jusqu’à les atteindre avant de les extirper à l’aide d’une pince de métal puis de les achever au fusil ou au couteau.
(2) BOYAVAL V. 2010, mise à jour en 2021. Contribution à l’étude de la reproduction des blaireaux eurasiens (Meles meles) et de la période de dépendance des blaireautins en France, 12 pages.