Plan régional en faveur du balbuzard pêcheur
Plan régional en faveur du balbuzard pêcheur
Introduction
Autrefois largement répandu en Europe et en France, le balbuzard pêcheur a vu sa population diminuer fortement au cours du XIXème siècle, jusqu'à ce qu'il soit considéré comme disparu de France continentale en tant qu'espèce nicheuse. Depuis les années 1980, le balbuzard pêcheur fait un retour progressif grâce aux actions de conservation qui sont menés. Malgré une lente recolonisation, la population reste fragile, avec 99 couples nicheurs en 2022 sur l'ensemble du territoire français. La déclinaison régionale du Plan National d’Actions en faveur du balbuzard pêcheur en Bourgogne-Franche-Comté vise à renforcer les populations sur le bassin de la Loire (Nièvre et Yonne) et favoriser son installation durable, en particulier en Saône-et-Loire, stratégique pour la reconquête du bassin du Rhône.
Le balbuzard pêcheur
Portrait de l’espèce
- Taille : 50 à 60 cm de long pour une envergure de 145 à 170 cm.
- Poids : 1,2 à 2 kg, les femelles étant plus grandes que les mâles.
- Plumage : tête blanche barrée de noir, iris jaune, dos brun foncé contrastant avec un ventre et un dessous des ailes blancs.
- Espérance de vie : en moyenne 20 ans, mais 50 % des jeunes meurent durant leur première année.
- Statut de conservation en France métropolitaine : Classé vulnérable, le balbuzard pêcheur compte 137 couples en 2023, un chiffre en hausse mais encore modéré.
Un rapace migrateur piscivore
Le Balbuzard pêcheur est un rapace migrateur qui se nourrit uniquement de poissons. Il en consomme environ 4 par jour, pouvant mesurer jusqu’à 40 cm.
Une morphologie adaptée à la pêche
Avec une vue perçante, un vol puissant et des pattes robustes munies de serres longues et recourbées, le balbuzard pêcheur est taillé pour la prédation. La face intérieure de ses doigts est dotée de papilles saillantes, idéales pour maintenir fermement les poissons en vol. Le balbuzard pêcheur repère ses proies en vol, et après un court vol stationnaire, il les capture au terme d'un plongeon spectaculaire où il s’immerge complètement, avant de s’envoler grâce à de puissants coups d'ailes.
Un comportement philopatrique
Les mâles sont particulièrement attachés à leur site de naissance, revenant généralement se reproduire dans un rayon de 15 à 20 km de celui-ci. Fidèle à son site de nidification et à son partenaire, le balbuzard pêcheur forme des couples durables.
Des exigences fortes pour sa nidification
Ses sites de nidification doivent répondre à trois critères majeurs :
- Des supports adaptés : il privilégie les arbres robustes, notamment les conifères comme les pins sylvestres ou les cèdres, offrant une vue dégagée. Ces dernières années, les pylônes électriques deviennent des sites de nidification de plus en plus courants. Plus stables que les arbres, ils peuvent offrir une meilleure protection contre les prédateurs.
- Proximité des zones de pêche : le nid doit être situé à moins de 10 km environ de rivières, étangs ou fleuves, où il peut chasser.
- La tranquillité : très sensible au dérangement, il peut abandonner son nid en cas de perturbations. Les travaux forestiers, le tourisme ou certaines activités de nature, comme la photographie animalière, peuvent nuire à sa reproduction.
Le saviez-vous ?
Le nid du Balbuzard pêcheur, constitué essentiellement de branchages, peut dépasser les 100 kg ! Cependant, de nombreux nids s’effondrent en raison du poids, de la qualité ou de l’état des arbres. La LPO BFC s’engage à renforcer ces nids naturels en installant des plateformes en bois pour garantir leur stabilité.
La situation de l'espèce en Bourgogne-Franche-Comté
Le balbuzard pêcheur commence à regagner lentement ses anciens territoires grâce à des programmes de conservation et de prospection, notamment via le Plan National d’Actions (PNA) 2020-2029. En Bourgogne-Franche-Comté, les premières installations récentes datent de 2011-2012, avec l’arrivée de couples reproducteurs dans l’Yonne et la Nièvre.
La Saône-et-Loire quant à elle se présente comme un secteur clé, offrant une opportunité de continuité entre la population historique du centre de la France et le programme de réintroduction en Suisse. Ce dernier laissant espérer une potentielle installation de l'espèce dans le Doubs.
Une belle histoire !
Dans l’Yonne, un couple a été identifié pour la première fois en 2011. La femelle, bagué “M6,” marque la première reproduction en Bourgogne suite à la disparition de l’espèce. En 13 années de reproduction, elle a donné naissance à 32 poussins ! 31 d'entre eux ont pu être bagué dont une femelle née en 2019 qui s’est elle-même reproduite en 2022 dans la Nièvre.
Malgré ce retour prometteur, la population régionale reste fragile et dépend d’efforts soutenus pour protéger les sites de nidification et les habitats favorables.
Les actions menés par la LPO BFC et ses partenaires
Depuis 2024, la déclinaison régionale en 5 axes de travail du PNA (plan national d'action) en Bourgogne-Franche-Comté vise à renforcer l’installation durable de l’espèce dans la région.
- Mieux connaitre et suivre l'espèce : création d’un réseau de surveillance, analyse des échecs de nidification, suivi détaillé des couples reproducteurs, baguage des jeunes et pose de balises GPS.
- Protéger les couples installés : sécurisation des aires naturelles , partenariats avec l’ONF et les propriétaires de forêts privées pour sensibiliser à la prise en compte de l’espèce.
- Faciliter l’installation de nouveaux individus : Identification des zones favorables à la nidification et installation de plateformes pour encourager de nouvelles reproductions.
- Réduire les risques de mortalité : Suivi des impacts des lignes électriques, sensibilisation des pisciculteurs aux dangers des filets, prise en compte de l’espèce dans les projets d’éoliennes, et surveillance des cas de mortalité.
- Sensibiliser les acteurs du territoire : Informer les habitants, les professionnels du tourisme, les pêcheurs et les autres acteurs du territoire sur l’importance de préserver l'espèce.