SOS Faune Sauvage Bretagne, saison 1

Actualité

Plus de 9 300 sollicitations en 4 mois ! Ouvert 7 jours sur 7 depuis début mai, le nouveau service régional de médiation SOS Faune Sauvage Bretagne enregistre une première saison aussi intense que constructive. L’aboutissement d’un long travail qui a mobilisé les acteurs bretons concernés autour de la LPO Bretagne et du parc refuge « Les Terres de Nataé »… Et le début d’une aventure inédite pour les années à venir.

Bénévoles de la station LPO de l'île Grande relâchant des jeunes goélands ©Olivier Retail

6 mai 2024. C’est à cette date que la plateforme régionale SOS Faune Sauvage Bretagne est officiellement entrée en service. Pour le grand public : un numéro de téléphone unique – le 02 57 63 13 13 – ainsi qu’un site internet – sosfaunesauvage.bzh. Et en coulisse, une nouvelle équipe de médiateurs est à pied d’œuvre, composée de Solène Dulac (également coordinatrice), Quentin Beyria, Mélanie Roupie, Clara Depriester, embauchés par la LPO Bretagne pour le compte de la plateforme SOS Faune Sauvage, et épaulés, pour la saison, par Morgane Cazes, capacitaire animalière de l’association Trisk’Ailes, et Aline Moulin, de l’association Faune Ethique.

Leur mission ? Répondre aux sollicitations des personnes qui, sur le territoire breton, découvrent un animal en détresse ou rencontrent des soucis de cohabitation avec une espèce sauvage, en leur apportant les conseils appropriés, voire en déclenchant, si nécessaire, une chaîne logistique pour transférer les individus blessés vers les structures de soins adaptés. Soit une approche novatrice de SAMU à l’échelle d’une région et au service des animaux sauvages… Et à l’écoute des personnes !

Avec les Terres de Nataé

La route a cependant été longue avant d’en arriver là. Le projet s’enracine dans l’étude de 2020 / 2021, financée par la Région Bretagne et pilotée par la LPO Bretagne. Réalisé par Manon Tissidre, de La Queue Touffue, et Amélie Boulay, de Trisk’Ailes (ex-Volée de Piafs), ce bilan de la situation de la faune sauvage en détresse bretonne pointe du doigt deux pistes d’action majeures : le maillage indispensable du territoire en termes de centres de soins (qui nécessitent également d’être soutenus dans leur fonctionnement) et, face au nombre grandissant de sollicitations, la mise en place d’une plateforme de médiation, avec un numéro d’appel unique, afin d’apporter une réponse professionnelle aux découvreurs et délester les centres de soins pour leur permettre de se renforcer sur leur mission hospitalière.

Dans les mois qui ont suivi, le déclic s’est fait grâce à la rencontre des Terres de Nataé, alors futur projet de reprise du parc refuge animalier de Pont-Scorff, de la station LPO de l’Ile Grande et de la LPO Bretagne. « Les Terres de Nataé se sont fixées une raison d’être autour de la protection des espèces menacées, en prenant différents engagements forts, dont un sur la création d’un centre de soin en Bretagne et plus largement sur la prise en compte de la faune sauvage en détresse locale », rappelle Sébastien Musset, directeur fondateur du parc. Pour Laurent Pélerin, président de la LPO Bretagne, « dès le départ, ce projet a été pensé comme un outil fort au service de la biodiversité, par l'aide apportée à des animaux relevant d'espèces parfois patrimoniales ou menacées, mais aussi en montrant au public la détresse « visible » de nombreux animaux sauvages, souvent du fait de l'action de l'homme. »

Un projet partagé

En 2022, la LPO Bretagne a alors pris les devants en recrutant Solène, puis Quentin, pour libérer les bénévoles de la mission médiation, devenue trop lourde à gérer. Et c’est véritablement en 2023 que le travail a démarré, à deux niveaux. Il a d’abord fallu penser, organiser et évaluer cette expérimentation de service régional de médiation – une première en Bretagne et en France ! — en balayant toutes ses dimensions : équipe professionnelle, outil téléphonique, plages horaires, liens avec les centres de soins, rapatrieurs bénévoles, vétérinaires partenaires, recherche de mécénat, financements publics… Et surtout, il a fallu rassembler. Pour cela, l’Agence Bretonne de la Biodiversité a rejoint les porteurs de projet afin de copiloter et animer la tenue de plusieurs comités de suivi qui ont mobilisé tous les acteurs concernés : centres de soins, collectivités locales, services de l’État, vétérinaires, associations environnementales, porteurs de projet…

Ces temps d’échanges ont permis de constituer un groupe de travail prêt à retrousser ses manches, impliquant, de façon opérationnelle, la LPO Bretagne, les Terres de Nataé, la station LPO France de l’Ile Grande, Trisk’Ailes, Faune Ethique, l’Agence Bretonne de la Biodiversité, rejoints depuis par l’ordre des Vétérinaires (et sans oublier l’entreprise mécène Skill Telecom pour la solution téléphonique sous IP).

Expérimentation sur 3 ans

Sur le plan financier, les planètes se sont soudainement alignées en 2024 grâce à une aide de l’Union Européenne (fonds FEDER) de 400 000 €, accordée par la Région Bretagne. Celle-là même qui a permis de lancer le service dès mai, avec un premier bilan conséquent dépassant les 9 300 sollicitations (cf. encadré et témoignage) et une visibilité jusqu’en mars 2027. L’aventure ne fait donc que commencer, et les chantiers ne manquent pas pour l’équipe (réduite à 3 personnes jusqu’au printemps prochain) comme pour le groupe de travail, qu’il s’agisse de progresser avec les centres de soins, les vétérinaires, les pompiers animaliers, les services de l’État, d’organiser les flux de rapatriement, de former les bénévoles, de communiquer, de rechercher des partenaires et bien sûr de rassembler toujours plus.

Car ce service, dans son évolution future, et sous réserve qu’il puisse être pérennisé, pourrait jouer un rôle plus vaste, en tant que porte d’entrée référente sur différents sujets liés à la faune sauvage en détresse, comme la compilation des données régionales, le conseil auprès de porteurs de projets, les relations avec les pouvoirs publics, la sensibilisation grand public… Et sans oublier l’urgence actuelle, sans cesse relayée auprès des pouvoirs publics, qui est celle du manque de centres de soins en Bretagne et du soutien à tous ceux déjà – et difficilement – en place, qui restent, dans nombre de cas, le dernier maillon indispensable de cette chaîne, animale et humaine !

 

TÉMOIGNAGES

Solène Dulac, coordinatrice de l’équipe

« Pas de meilleure équipe ! »

Solène Dulac © LPO Bretagne

Quelle analyse l’équipe tire-t-elle de cette première saison ?

« Il s’agissait d’une première, avec un service ouvert 7 jours sur 7 et un planning établi autour de plusieurs inconnues. Bilan, juillet est le mois le plus important, avec environ 3 000 sollicitations. Et le lundi est le jour le plus chargé. Avec des écarts cependant : ainsi, la moyenne de 78 sollicitations traitées quotidiennement de mai à août s’élève à 91 si l’on regarde seulement le cœur de saison, de mi-juin à mi-août. Nous avons même eu 33 jours à plus de 100 sollicitations, avec un record à 146 le 1er juillet ! »

Qu’en est-il des cas traités ?

« 81 % ont concerné les oiseaux et 18,8 % les mammifères, majoritairement des hérissons, suivis par les chiroptères. La moitié des cas de détresse nécessitait une prise en charge en centre de soins ou chez un vétérinaire. Un quart n’en nécessitait pas – animal jugé à tort en détresse, animal reparti moins de 24 h après un choc vitre, animal mort suite à une prédation… Et un quart où tout dépendait de l’évolution de l’état de l’animal suite aux conseils donnés, et pour lesquels nous n’avons pas eu de retours. Concernant les rapatriements, nous incitons toujours les particuliers à se déplacer eux-mêmes jusqu’au centre de soins le plus proche ou une clinique vétérinaire. Lorsque cela n’est pas possible, nous mobilisons les bénévoles du secteur concerné. 134 ont ainsi été réalisés, concernant 343 animaux, grâce à 81 rapatrieurs bénévoles : un grand merci à eux ! »

Et sur le plan humain ?

« Je suis ravie. On a formé une équipe de choc avec énormément de soutien dans les moments compliqués, et c'était très important au vu des journées intenses que l'on a eues. Tout le monde a apporté ses connaissances, sans jugement sur les questions des un.e.s et des autres, dans un climat de bienveillance qui était, à mon sens, l'une des qualités les plus importantes de cette équipe. Et chacun.e a reçu des remerciements de la part de découvreurs qu'on avait aidés : ce sont ces moments qui nous font sortir la tête de l'eau un instant, pour nous rendre compte de tout le travail accompli. Pour une première saison "test" de la plateforme, c'est pour moi une grande réussite. Je n'aurais pas pu rêver meilleure équipe ! »

 

Cette première saison avec la plateforme a été pour moi encore une fois très enrichissante de par l'expérience de chacun et les échanges que l'on a pu avoir entre nous. Notamment avec Aline, de Faune Ethique, pour tout ce qui est mammifères et chauve-souris et Morgane, capacitaire de Trisk’Ailes, pour son regard sur des cas particuliers où son expérience permettait un avis éclairé. Pour le reste, comme on s'y attendait, le nombre d'appel a encore augmenté cette année mais avec une équipe renforcée, on a pu en venir à bout avec une super ambiance entre nous.

Quentin Beyria

LPO Bretagne
La mise en place de cette équipe a été l’occasion de très belles rencontres, avec un accompagnement bienveillant et une transmission de savoirs précieuse. En complément de mon service civique à la station LPO de l’Ile Grande, j’ai ainsi continué d’apprendre. Je suis très heureuse de continuer à participer à ce projet et j'espère qu'il pourra prospérer et se perfectionner avec l'ensemble des acteurs concernés. L'accompagnement auprès des découvreurs de la faune sauvage en détresse se veut douce et bienveillante. Nous rencontrons une multitude de personnes toutes soucieuses du bien-être et du sauvetage de nos colocataires sauvages, que ce soit les découvreurs, les soignants et vétérinaires, les bénévoles rapatrieurs, et j'en passe.

Clara Depriester

LPO Bretagne

 

Avant l’été, ça me paraissait complètement improbable qu'on forme une telle équipe et qu'on accomplisse une telle saison. Je ne me rends pas forcément compte du travail accompli, de la difficulté que ça représentait, mais on l'a fait et j'espère qu'on l'a bien fait. Un grand merci à tous ceux qui ont cru à ce projet, qui se sont investis pour rendre ça possible, techniquement et politiquement. Sortant à peine de mon service civique à l'Ile Grande, cette saison a été une opportunité inespérée de continuer à apprendre et agir pour la faune sauvage en détresse. Il y a eu des doutes, de la fatigue, des cas compliqués. Mais aussi beaucoup de belles histoires, d'écoute, de gens heureux d'avoir un interlocuteur car voulant eux aussi aider à leur niveau.

Mélanie Roupie

LPO Bretagne

 

Dans un environnement comme celui de la faune sauvage en détresse, ça fait du bien de constater que finalement, on n’est pas si seul, que notre voix peut être entendue et notre vision professionnelle partagée. Je remercie ainsi chaque collègue qui a fait de nous une équipe. L'ambiance était top, et malgré la quantité de travail, les journées parfois chargées, les situations compliquées, les aléas personnels, les bugs techniques, la bonne humeur était là. Ça n'aura été que partage et bienveillance. Le travail de coordination effectué par Solène est remarquable. Tout cela a permis de remettre de l'humain dans notre travail, à tous les niveaux. Merci donc à toutes celles et ceux qui ont participé positivement à la mise en place de ce service, qui est un outil nécessaire pour les animaux mais aussi pour les humains qui veulent aider ces animaux. Tous les jours des gens verbalisent le fait que c'est important pour eux d'avoir trouvé rapidement des conseils ou juste une écoute.

Morgane Cazes

Trisk’Ailes

 

J'ai beaucoup apprécié cette saison qui a filé très vite. Ça m’a permis de mesurer la réalité de ce métier, et j’en admire que plus celles et celui qui font et/ou feront ça à l'année à plein temps. En 2023, je faisais pourtant partie des sceptiques concernant ce projet. Et je suis finalement ravie, et même fière, d’avoir rejoint l’équipe. Ça m'a permis de comprendre les incompréhensions. Certains moments ont été durs mais humainement, j’ai vécu une sacrée aventure. Car il ne faut jamais oublier les gens. Rien que d'avoir quelqu'un au bout du fil, qui a rebondi de répondeur en répondeur, c'est énorme. Une oreille, il n’y a rien de mieux pour mettre du baume au cœur face à une détresse animale. Merci à ceux qui y ont cru dès le départ, se sont accrochés malgré les difficultés, ont pris des risques et nous ont réunis.

Aline Moulin

Faune Ethique

 

 

Documents à télécharger

Bilan - SOS Faune Sauvage Bretagne - Septembre 2024
PDF - 1 MB