Chevêche d'Athéna - © Patrick Da Silva – LPO-IDF

Oiseau emblématique des paysages de bocage, la Chevêche d’Athéna est considérée comme « quasi-menacée » sur la liste rouge régionale des oiseaux nicheurs d’Île-de-France (ARB Île-de-France, 2018). On estime que les effectifs régionaux ont été divisés par trois entre 1950 et 1994, passant de 1 000 couples nicheurs à 300-400 couples (Lecomte, 1995). Le nombre de mailles occupées avec indice de nidification certaine et probable est passé de 76 à 35 entre 2014 et 2023 dans les Atlas régionaux. La réduction de son habitat semble lui avoir été particulièrement néfaste. En effet, la viabilité des noyaux de populations dépend de leur connexion à travers un réseau de corridors d’habitats favorables, facilitant un brassage des individus entre différents sites. Depuis le siècle dernier, les bouleversements agricoles et l’urbanisation tendent à cloisonner les populations, de même que disparaissent les prairies, les vergers et les arbres creux, indispensables à l’alimentation et à la reproduction de l’espèce.

Face à ce constat, le Centre Ornithologique d’Île-de-France (CORIF) puis la LPO Île-de-France se sont engagés dans des projets pour la conservation de cette « petite chouette aux yeux d’or ». Les objectifs sont de permettre sur le long terme de reconstituer les populations, de les renforcer et d’étendre les territoires occupés par l’espèce dans la région.

Des premières stratégies de conservation en Île-de-France

En 2002, une première étude intitulée « Stratégies et politiques de conservation de la Chouette Chevêche en Île-de-France » a été réalisée par le bureau d’étude Office de Génie Ecologique (OGE), sous le pilotage du CORIF et avec un financement de la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN).

Cette étude fait le bilan des connaissances de la population francilienne et a permis de définir trois zones pilotes pour la mise en place d’un plan de conservation : la première, située dans l’emprise du Parc naturel régional du Vexin français (95) ; la deuxième, en limite sud du Parc et en contexte péri-urbain (pôle de Cergy-Pontoise, 95) ; la troisième, située dans le quart nord-ouest des Yvelines, entre Mantes-la-Jolie et Houdan (78) et en contexte rural.

Les initiatives étaient alors orientées, selon les zones et les situations, vers la préservation des habitats existants pour assurer la survie de l'espèce, la restauration des conditions favorables à la reprise d'un fonctionnement optimal des populations de Chevêche et l'établissement de corridors entre les noyaux de populations voisins.

Dans ce contexte, le CORIF a animé entre 2008 et 2015 un Programme Régional Agricole d’Initiative pour le Respect et l’Intégration de l’Environnement (PRAIRIE) dans la troisième zone pilote, située dans les Yvelines. Ce programme, financé par la région et le FEADER, permettait à des agriculteurs de s’engager dans des mesures visant à conserver les habitats favorables à la Chevêche, comme l’implantation de couverts enherbés et l’amélioration des sites de nidification.

Le fruitier haute-tige, un site de nidification privilégié de la Chevêche - © Patrick Da Silva – LPO-IDF

Un recensement régional standardisé

Le CORIF a constaté en 2009 que les connaissances sur la répartition de la Chevêche d’Athéna étaient très hétéroclites et dépendantes de la pression d’échantillonnage, certaines zones étant suivies et d’autres peu ou pas prospectées. Un recensement régional standardisé a alors été mis en place de 2010 à 2012, élaboré en concertation avec le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) et en partenariat avec les membres du réseau Chevêche Île-de-France.

Le recensement a été réalisé sur plusieurs communes de la région, en utilisant la méthode de la repasse. Cette méthode consiste à diffuser une bande sonore avec le chant d’un mâle durant la période de la reproduction. Dix points d’écoute étaient réalisés par commune. Des communes différentes étaient échantillonnées chaque année. La combinaison des données obtenues de présence de la Chevêche avec les variables environnementales a permis de définir le caractère favorable des communes franciliennes pour accueillir l’espèce et la modélisation cartographique de sa distribution à l’échelle de toute la région.

Classement des communes franciliennes en fonction de leur potentiel d’accueil pour la Chevêche, d’après les études du CORIF (2010-2012)

Cette étude a mis en évidence l’importance majeure des zones enherbées, des bâtiments et de l’agriculture intensive dans la détermination de la présence de l’espèce. Les secteurs les plus favorables à la Chevêche étaient situés dans le nord-ouest des Yvelines, l’ouest et l’est du Val d’Oise, ainsi que le nord-est de la Seine-et-Marne. Parallèlement, l’étude a montré que 89% des sites favorables étaient utilisés par un couple pendant au moins 5 ans. Grâce à ces recensements, la population francilienne a été évaluée à un nombre de couples compris entre 490 et 750 en 2015 (Anglade et al., 2016).

Ressources :

• Agence Régionale de la Biodiversité en Île-de-France. (2018). Réactualisation de la liste rouge régionale des oiseaux nicheurs d’Île-de-France.
• Anglade, I., Penpeny-Lecomte, M. & Huot-Daubremont, C. (2016). Recensement des chevêches d’Athéna Athene noctua en Île-de-France : actualisation des données. Alauda, 84 : 161-170.
• Lecomte, P. (1995). Le statut de la Chouette chevêche Athene noctua en Île-de-France. Alauda, 63 : 43-50. 
• Office de génie écologique. (2002). Stratégies et politiques de conservation de la Chouette chevêche en Île-de-France.