Heureusement, les pompiers ont pu intervenir immédiatement pour le capturer et l’ont emmené le jour-même dans la structure spécialisée la plus proche : le Centre de Sauvegarde des Alpes-Maritimes (CSAM), situé à Saint-Cézaire-sur-Siagne. Très faible, l’aigle était incapable de voler et a dû rester quelques jours sur place le temps que son état se stabilise. Une fois suffisamment remis pour effectuer le trajet, il a été transféré au Centre de sauvegarde de la faune sauvage de la LPO PACA afin d’entamer sa convalescence dans l’espoir de retrouver la liberté.
Le rapace est arrivé au centre le 9 août. Nous avons constaté à son arrivée qu’il s’agissait probablement d’une jeune femelle, née cet été, très maigre et déshydratée : cette dernière pesait moins de 4 kilos lors de sa découverte, alors qu’un aigle femelle peut peser plus de 6 kilos. Son examen a également révélé qu’il lui manquait beaucoup de plumes sur les ailes, ce qui l’empêchait de voler et de chasser. Il allait ainsi être nécessaire de la garder au Centre de sauvegarde pendant plusieurs mois, le temps que ses plumes repoussent.
Mesure des serres sur l'Aigle royal © Anaïs Thomas
Surveillée en salle de soins les premiers jours, l’aigle a rapidement été transférée dans une petite volière extérieure pour éviter le stress dû au contact humain. Cette dernière a tout de suite commencé à se nourrir seule et à reprendre force et vitalité. Nous lui avons offert une alimentation complémentée en vitamines et en minéraux pour éviter toutes carences et favoriser la repousse de ses plumes.
Après 5 mois de convalescence, elles avaient entièrement repoussé ! L’Aigle royal a ensuite rejoint notre plus grande volière, qui fait 64 mètres de long, dans laquelle elle est restée plus d’un mois. La taille de cet espace lui a permis de se muscler et d’acquérir une puissance et une agilité élevées. Capable de parcourir toute la distance de la volière parfaitement, elle était enfin prête à retrouver la liberté.
Le jour du relâcher, elle a été équipée d’une bague et d’une balise GPS afin que nous puissions suivre ses déplacements dans le cadre d’un programme de recherche du CEFE (Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive) et du CRBPO. Nous l’avons remise en liberté le 11 février 2023 à la Forêt des Cèdres de Bonnieux (84), en présence de Madame Jacqueline BOUYAC, Vice-Présidente de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Nous avons également pu partager ce moment avec un grand nombre de nos bénévoles, collègues et partenaires qui oeuvrent au quotidien en faveur de la faune sauvage.
En France, l’Aigle royal vit dans les régions montagneuses de la Corse et de la moitié sud du pays. On dénombre entre 390 et 450 couples sur tout le territoire français. Il s’agit d’un oiseau sédentaire qui établit un territoire de chasse mesurant généralement entre 50km² et 150km². Il se nourrit des proies disponibles sur son lieu de vie, des petits oiseaux aux gros mammifères, et peut également consommer des charognes si les prises se font rares. Les couples construisent leurs nids à flanc de falaises (entre 200m et 2500m d’altitude) ou plus rarement à la cime d’un vieil arbre. Ils donnent naissance à 2 ou 3 aiglons au printemps (mais la plupart du temps, un seul jeune parvient à l’envol).
Longtemps chassé de façon intensive, l’Aigle royal est protégé partout en Europe depuis la moitié du 20ème siècle. Cependant, en dépit de son statut d’espèce protégée, de nombreux aigles royaux sont encore victimes des activités humaines. Les tirs illégaux, les électrocutions liées aux lignes haute tension et les collisions avec les équipements humains sont responsables de près de 80% des décès chez ces rapaces.
Relâcher de l'Aigle royal à la Forêt des Cèdres de Bonnieux © Anaïs Thomas
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