Le diagnostic de ce jeune mâle né durant l’été, réalisé par les soigneuses, a permis de déceler un état de choc et une déshydratation importante, ainsi qu’un traumatisme au niveau du bassin, l’empêchant de se tenir sur ses pattes. L’oiseau a également une plaie profonde mais peu étendue à l’aile droite et des petites plaies à deux doigts de la patte droite, semblant bégnines. Le rapace est aussitôt placé en soins intensifs avec un contrôle quotidien de son évolution. Son état général ne lui permettant pas de s’alimenter seul, l'équipe de soins a dû le nourrir à la main, plusieurs fois par jour, afin qu’il garde assez d’énergie pour sa convalescence.
Au fur et à mesure des jours, les soigneuses ont malheureusement constaté une évolution négative des plaies aux ailes et aux doigts, laissant envisager le pire : une électrisation. En effet, un début de nécrose apparaissait et se propageait à vue d’œil. Le pronostic vital de l’animal est alors engagé et pour avoir une chance de le sauver, il faut agir très rapidement !
Envergure de l'Aigle royal en volière de réhabilitation © Emeline Pujolas
Des conseils sont alors demandés auprès du Dr Jara López Jaraquemada, vétérinaire salariée au Centre de sauvegarde de la LPO Aquitaine, qui a travaillé sur plusieurs espèces d’aigles (dont l’Aigle ibérique) et qui a régulièrement eu affaire à des cas d’électrisations. Après étude du cas par la vétérinaire, le verdict tombe : la seule chance de stopper la propagation d’une nécrose, qui serait fatale, est l’amputation des deux doigts en urgence ! Cette décision n’a pas été prise à la légère et a été confortée par l’expérience de la vétérinaire. En effet, des aigles ibériques équipés d’une balise GPS ont pu être relâchés en Espagne, après l’amputation de la totalité de leur patte, et ils se portent actuellement à merveille, s’habituant totalement à leur handicap. Les soigneuses retrouvent alors espoir !
L’opération de la dernière chance a été réalisée en urgence par le Dr Pierre-Yves Rinaudo. Sous anesthésie générale, le vétérinaire a pu amputer les deux doigts nécrosés, mais également cureter et suturer la plaie à l’aile. Les soigneuses ont effectué un suivi post-opératoire régulier en administrant une médication adaptée et en contrôlant régulièrement les plaies de l’aigle.
© Loriane Aubinais / LPO PACA
© Loriane Aubinais / LPO PACA
Quelques jours plus tard, il a pu franchir une étape en étant transféré dans une petite volière extérieure, afin d’avoir plus d’espace et de moins subir le stress au quotidien. Quelle satisfaction ce fut lorsque l’équipe de soins a pu observer l’oiseau se percher et s’équilibrer, malgré deux doigts absents !
Malgré l’évolution positive de l’état général de l’animal, les soigneuses n’étaient pas au bout de leur peine. La cicatrisation des doigts amputés a pris plus de temps que prévu. Des bandages réguliers ont été réalisés chaque semaine durant 5 mois pour que les deux doigts amputés cicatrisent totalement ; un long combat nécessaire avant d’espérer un retour à la liberté.
Rééducation dans la volière de 64m de long © Emeline Pujolas / LPO PACA
Au cours de cette cicatrisation, l’Aigle royal a pu profiter de notre plus grande volière de réhabilitation, celle de 64m de long ! Grâce à cette longueur, le rapace a pu se muscler en profondeur tout en s’adaptant à son handicap.
Peu de temps avant sa remise en liberté, le rapace a pu être bagué et équipé d’une balise GPS par une ornithologue spécialisée de l’espèce, afin de suivre ses futurs déplacements dans la nature. Ce suivi est fondamental, car il permet de s’assurer que le retour à la nature de l’aigle se déroule correctement et aide à améliorer la prise en charge de chaque pensionnaire.
Aigle royal avec sa balise GPS © Emeline Pujolas / LPO PACA
Le grand jour est enfin arrivé et c’est au cours du mois de mai que cet imposant rapace a pu retrouver sa liberté, après 7 mois de convalescence. C’est une belle page qui se tourne pour cet aigle et pour le Centre de sauvegarde.
Nous devons ce succès à l’ensemble des professionnels qui se sont investis bénévolement à nos côtés ! L’équipe du centre tenait à remercier tout particulièrement la clinique de Lingostière pour l’accueil et les premiers soins réalisés, le Dr Jara López Jaraquemada pour ses nombreux conseils avisés, le Dr Pierre-Yves Rinaudo pour la réalisation de l’opération et pour le suivi régulier de l’oiseau, ainsi qu’Arzhela Hemery et Christian Itty pour la pose de la balise GPS et leurs conseils sur le choix du lieu de remise en liberté.
Pour réduire l’impact des lignes électriques sur la faune sauvage, le Centre de sauvegarde signale tous les cas d’électrocution auprès d’ENEDIS. L’entreprise s’engage ensuite à intervenir pour sécuriser les lignes dangereuses ou les rendre plus visibles pour les oiseaux.
© Daniel Klein / LPO PACA
© Antoine Catelon / LPO PACA
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