Comme beaucoup d'entre vous le savent déjà, un projet de parc éolien en mer situé au large de Dunkerque est actuellement à l'étude. Ces dernières années, la Délégation Territoriale LPO du Nord s'est fortement mobilisée pour obtenir des données concrètes sur l'impact potentiel du parc sur le littoral concerné et les espèces sauvages qui le peuplent. Après une longue étude environnementale et plusieurs concertations, c'est au tour des citoyens de faire entendre leurs voix lors d'une consultation publique. Elle est ouverte du 8 avril au 18 mai sur 13 communes du territoire concerné. Le dossier du projet dont l'étude d'impact environnementale sera disponible sur place. Toute personne française ou belge peut venir faire entendre son avis sur le projet, ou le déposer en ligne. Votre soutien est important. Les résultats de la consultation publique peuvent influer sur la décision finale ou constituer des arguments utiles dans la perspective des recours juridiques éventuels. Pour participer à la consultation, tous les détails : https://participer.eolien-en-mer-dunkerque.fr/ La position de la LPO France et de la LPO Hauts-de-France : • La LPO estime que les énergies fossiles et fissiles résiduelles doivent, à terme, être remplacées par des énergies renouvelables. Cependant, leur développement doit se faire dans le respect strict de la séquence ERC (réduire, éviter, compenser) et en parallèle de la mise en œuvre de vrais plans de sobriété et de diminution du gaspillage pour toutes les activités anthropiques et d'un développement de l'efficacité énergétique (même service rendu avec moins d'énergie consommé) ; • La construction, le raccordement et l'exploitation de ces infrastructures offshore sont susceptibles d'impacter de façon considérable les mammifères marins, les oiseaux et les communautés du fond marin (benthos). Il faut donc apporter une attention toute particulière aux lieux d'implantation des éoliennes en mer. La LPO est défavorable à tout projet envisagé dans les sites Natura 2000 et notamment les Zones de protection spéciales désignés au titre de la Directive européenne Oiseaux ou dans des Parcs naturels marins (PNM). Or c'est le cas du projet éolien de Dunkerque qui est situé en plein cœur de la zone Natura 2000 du Bac des Flandres, un axe migratoire majeur pour les oiseaux d'Europe. Sur la base des connaissances scientifiques disponibles, choisir des zones d’implantation des parcs éoliens en mer en dehors des secteurs à forts enjeux de biodiversité reste le levier principal pour limiter les impacts sur l’environnement. Or, dans ce projet, aucune priorisation des enjeux écologiques n’a été faite dans la phase de planification. Les enjeux de biodiversité n’ont été pris en compte qu’après la désignation de la macro-zone du parc, rendant les possibilités de mettre en œuvre l’évitement (conformément à ce que prévoit pourtant la loi) extrêmement limitées voire impossible ; • Les études menées dans le cadre du projet éolien de Dunkerque ont été insuffisantes car réalisées en dehors du pic de migration principal postnuptial, et sans mesure radar. De fait, la migration nocturne et celle des petits oiseaux comme les passereaux et les chauve-souris ne sont pas prises en compte dans les documents soumis au débat public, tout comme les pics migratoires. Pour un débat plus avisé, il faut donc une réelle prise en compte de tous les impacts potentiels de ce parc éolien ; • L'emplacement du site envisagé et le diamètre du rotor (de 200 à 260 mètres) rendent fort probable les collisions entre l'avifaune et les installations. Le site est en effet situé sur l'axe migratoire majeur d'Europe de l'Ouest constitue une zone de nourrissage pour les pélagiques et où de nombreux mammifères marins sont également présents. Les dispositifs techniques visant à réduire le risque de collision des oiseaux avec les éoliennes ne permettent pas, aujourd’hui, d’éviter à eux seuls la mortalité d’individus appartenant à des espèces patrimoniales sur des sites présentant de forts enjeux avifaunistiques, et il est aujourd'hui impossible de démontrer que de telles mesures de réduction ne seront pas en mesure d’enrayer l’impact de cette surmortalité éolienne sur la dynamique de certaines populations d’oiseaux.
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En résumé : si le développement des énergies renouvelables est une nécessité pour répondre au défi majeur des dérèglements climatiques, il doit s’inscrire dans une politique visant avant tout la sobriété et l’efficacité énergétique. Il s’agit par ailleurs de veiller à ce que leur développement ne porte pas atteinte au bon état écologique du milieu marin. Les risques d’impacts de cette activité sur les milieux et les espèces, en particulier la faune volante marine et migratrice sont réels. On ne connaît en l’état pas de moyen fiable pour les réduire et encore moins les « compenser ». Il est donc indispensable d’éviter les zones à forts enjeux écologiques, en excluant l’implantation des parcs éoliens en mer de toutes les aires marines protégées et, des espaces vitaux et voies de déplacement des espèces sensibles ou à enjeux.
Les mers et océans sont à bout de souffle. Régulateurs du climat, les milieux marins ont un rôle indispensable à jouer dans la lutte contre les dérèglements climatiques. La biodiversité marine ne peut pas être un paramètre parmi d’autres dans la politique de transition énergétique. C’est malheureusement le cas dans ce projet d’éoliennes en mer au large de Dunkerque.
Photo de @Christian de Muizon