Le 26 février, l’Office Français pour la Biodiversité (OFB, ex-ONCFS) et la LPO ont annoncé la publication d’une étude conjointe : « Éoliennes et biodiversité, Synthèse des connaissances sur les impacts et les moyens de les atténuer. »
Le développement de l’éolien est à la fois un pilier de la transition énergétique et un vecteur d’impacts potentiels pour la biodiversité. Selon leur localisation, les éoliennes peuvent ainsi constituer un réel danger pour la faune sauvage, en particulier pour les oiseaux et les chauves-souris. En fonction de leur lieu d’implantation, la présence d’aérogénérateurs peut provoquer des collisions avec des individus en vol, des pertes et fragmentations d’habitats ou des perturbations comportementales. Cette menace est d’autant plus préoccupante pour les espèces dont le statut de conservation est déjà dégradé, comme les grands rapaces.
Le 14 janvier dernier, une aile de Vautour moine (Aegypius monachus) a été retrouvée sous les éoliennes du parc de Bernagues à Lunas (Hérault), pourtant équipé d’un dispositif technologique de détection et d’effarouchement. Ce système radar est censé repérer les oiseaux et déclencher une réponse adaptée à leur trajectoire : avertissement sonore pour les faire fuir ou arrêt momentané des pâles pour les épargner.
La LPO Hérault, en lien avec d’autres associations, avait demandé l’arrêt des 14 aérogénérateurs en raison de la présence de cette espèce en danger d’extinction au niveau mondial. Réintroduits dans le sud de la France à partir de 1992 après avoir disparu il y a plus d’un siècle, les vautours moines seraient aujourd’hui une centaine dans notre pays, majoritairement dans les Grands Causses (région Occitanie). Compte tenu des faibles effectifs de cette population, chaque cas de mortalité est très préjudiciable aux efforts entrepris pour la sauvegarder.
Des mesures à améliorer
A Lapanouse-de-Cernon (Aveyron), un autre parc éolien est situé sur le couloir de déplacement des vautours entre le Massif Central et les Pyrénées ainsi qu’à proximité d’un site de réintroduction du Gypaète barbu, autre espèce de rapace menacée d’extinction faisant l’objet d’actions de conservation en France. A la demande des associations de protection de la nature, seul son fonctionnement nocturne avait été autorisé afin de limiter les risques pour les rapaces. En janvier 2020, la préfecture a levé la suspension diurne sans attendre les résultats des études complémentaires en cours, justifiant sa décision par la mise en place de systèmes de détection et d’effarouchement, alors même que l’exemple précédent démontre leur efficacité limitée.
Ces deux cas illustrent une problématique plus générale et la LPO s’inquiète d’un développement de projets éoliens dans des sites de plus en plus sensibles à l’heure où la France poursuit l’objectif d’atteindre les 30 % d’énergies renouvelables d’ici à 2030. Les recherches doivent se poursuivre afin de développer de nouvelles méthodes pour réduire davantage son impact sur l’environnement. Surtout, une planification à large échelle prenant réellement en compte les enjeux de biodiversité est nécessaire pour sélectionner les sites et proposer des mesures d’atténuation adaptées et efficaces. En particulier, la LPO demande l’exclusion des secteurs Natura 2000 du développement éolien, y compris en mer.