Le Conseil européen du recensement des oiseaux (European Bird Census Council, EBCC) a publié le 3 décembre 2020 le deuxième Atlas européen des oiseaux nicheurs, une étape importante pour la connaissance de la biodiversité en Europe. La première édition avait été réalisée en 1997 sur la base des données des années 1980.
Ce formidable effort de collaboration entre des dizaines d’organisations partenaires a permis de collecter des données sur les oiseaux sur 11 millions de km2 de manière systématique et standardisée afin de fournir une nouvelle base de référence sur l'avifaune européenne, avec une couverture géographique sans précédent des Açores aux montagnes de l'Oural.
Effectuées entre 2013 et 2017, les observations sur le terrain ont permis de répertorier près de 600 espèces d’oiseaux se reproduisant en Europe dont 539 espèces indigènes et 57 espèces introduites depuis d’autres régions du monde, en général après s’être échappées de captivité. Parmi ces dernières, 39 (68%) n’étaient pas présentes en Europe il y a 30 ans, telles que le Léiothrix jaune ou l’Ibis sacré.
Impact de l’agriculture intensive et du changement climatique
En termes de santé de leurs effectifs, 35% de toutes les espèces indigènes ont augmenté la superficie des zones où elles se reproduisent au cours des 3 dernières décennies, 25% ont à l’inverse vu leur aire de reproduction se réduire et les autres n'ont pas montré de changement significatif. Les évolutions positives sont essentiellement constatées pour les espèces forestières (ex : le Pic noir) et celles bénéficiant de mesures de protection internationale de leur population (ex : Balbuzard pêcheur) ou de leur habitat (ex : Avocette élégante). En revanche, les oiseaux vivants en milieu agricole connaissent souvent un déclin important, comme l’Alouette des champs ou l’Outarde canepetière, ce qui rejoint d’autres études montrant l’impact dévastateur de l’agriculture intensive sur la biodiversité.
Le changement climatique semble être une autre cause principale des modifications de répartition. Ainsi, les aires de reproduction des oiseaux européens se sont déplacées vers le nord de 28 km en moyenne (environ 1 km par an). Les espèces des prairies de montagne (ex : Lagopède alpin) et de la toundra (ex : Bécasseau de Temminck), des tourbières (ex : Tétras-lyre) et des landes (ex : Traquet motteux) perdent également du terrain dans des parties substantielles de leurs zones de répartition.
Pour Laurent Couzi, responsable du service Connaissance de la LPO : «Cet atlas est un outil précieux qui aide les naturalistes à comprendre les évolutions spatio-temporelles de toutes les populations d’oiseaux nicheurs sur le continent européen et met clairement en évidence les endroits où les actions de conservation des espèces et de restauration des habitats doivent être mises en œuvre en priorité.»
Les résultats ont été publiés dans un livre complet en partenariat avec les éditions Lynx. Toutes les informations sont consultables via sur la chaîne Youtube de l’EBCC. Une version interactive en ligne des cartes de l'atlas devrait être publiée ultérieurement.