Le comptage national des oiseaux des jardins est organisé deux fois par an, lors des derniers week-ends de janvier et de mai afin de disposer d’éléments de comparaison à des périodes aux particularités très différentes en termes d’effectifs et de comportements : l’hivernage et la reproduction. Il suffit alors de consacrer une heure de son temps à recenser les différentes espèces présentes chez soi puis de transmettre ses observations sur la plateforme en ligne. La prochaine édition aura lieu les 28 et 29 janvier 2023.
La participation croît chaque année au point d’avoir été multipliée par plus de 10 depuis 2012 pour atteindre le chiffre record de 24 048 contributeurs lors du dernier comptage de janvier 2022. En 10 ans, l’opération a été effectuée au moins une fois dans près de 100 000 jardins répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain, de Leffrinckoucke (Nord) à Cerbère (Pyrénées-Orientales) et du Conquet (Finistère) jusqu’à Furiani (Haute-Corse). Environ 6,5 millions d’oiseaux ont ainsi été comptabilisés pendant près de 115 000 heures d'observation !
Cette base de données inédite permet aujourd’hui aux scientifiques d’étudier les dynamiques des populations d’oiseaux communs fréquentant les jardins, et de les comparer aux tendances constatées par les programmes de suivis ornithologiques menés par des experts.
Un déclin confirmé
Au cours des dix dernières années, les effectifs de 41% des espèces rencontrées dans les jardins au printemps ont ainsi diminué, confirmant le déclin lié à la déstructuration globale des écosystèmes naturels déjà observé par ailleurs. C’est le cas par exemple du Martinet noir (-46%), victime de la disparition des insectes volants due aux pesticides, de la récurrence des épisodes caniculaires et des rénovations de bâtiments qui réduisent ses possibilités de nicher sous les toitures.
A l’inverse, les résultats des comptages hivernaux mettent en évidence une augmentation pour près de la moitié des espèces, en particulier les granivores (Ex : Chardonneret élégant, Pinson des arbres), alors que leurs populations nationales sont pourtant en forte régression. Ce constat s’explique notamment par la raréfaction des ressources alimentaires dans les zones d’agriculture intensive et le report de ces oiseaux vers les jardins.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « les sciences participatives permettent aujourd’hui au plus grand nombre de contribuer activement à la connaissance naturaliste. La réussite de l’Observatoire des oiseaux des jardins démontre l’utilité et la fiabilité de ces opérations de comptages ainsi que l’intérêt des Français pour la nature de proximité. »
Pour Bruno David, Président du Muséum national d’Histoire naturelle : "A travers les programmes de sciences participatives, il s’agit d’inventorier la nature pour mieux la connaître et contribuer à une préservation durable de ce patrimoine commun. Le succès de cet observatoire apparaît ainsi comme un signal fort qui témoigne de l’engagement croissant de la société civile auprès de la communauté scientifique".