Depuis le retour des loups en France, les éleveurs et les bergers des filières ovines et caprines ont adapté progressivement leurs pratiques afin de protéger leurs troupeaux et permettre la coexistence entre l’élevage et la présence d’un grand prédateur. Environ 30 M€ d’aides publiques nationales et européennes ont été affectées chaque année au plan national loup et activités d’élevage (PNA). Elles ont permis la mise en place de mesures de protection des troupeaux ainsi qu’une indemnisation des dommages.
Incontestablement, sur le terrain, la présence des grands prédateurs représente une contrainte forte pour tous les professionnels de l’élevage. Même si le nombre d’attaques rapporté aux nombre d’animaux de rente présents est modéré au regard des pertes dues aux accidents et aux maladies, les attaques de troupeaux par des loups engendrent du stress et un travail supplémentaire.
Dans les Alpes, où les loups sont présents depuis 1992, les dommages sont en baisse depuis le début de l’actuel PNA (-22%), alors que les effectifs de loups ont doublé (+110%). Dans le même temps, le nombre de moutons est resté stable (environ 1 million depuis 10 ans). Ces résultats sont le fruit des efforts constants d’une majorité d’éleveurs et de bergers qu’il est impératif de reconnaître et de faire connaître. Les contraintes générées par la présence des grands prédateurs et le nombre encore trop important de dommages doivent inciter à améliorer les mesures existantes, notamment en remettant des moyens humains au centre de l'accompagnement.
Le prochain PNA doit clairement viser à assurer le bon état de conservation de la population de loups - encore fragile avec moins d’un millier d’individus - dans une aire de répartition plus vaste comprenant tous les écosystèmes favorables dans lesquels les meutes exerceront pleinement leur rôle de prédateur des ongulés sauvages.
Pour y parvenir, 7 associations (FNE, FERUS, Animal Cross, LPO, WWF, ASPAS et Humanité & Biodiversité) proposent sept objectifs majeurs déclinés en 41 propositions :
- Limiter les dommages aux troupeaux : en anticipant les situations de crise sur les nouveaux territoires de présence des loups et sur les territoires où leur installation est possible à terme ; en mobilisant des financements pour la recherche afin de comprendre les déterminants de la prédation sur les troupeaux ; en créant les conditions pour la mise en œuvre systématique de diagnostics de vulnérabilité des troupeaux (outil existant mais très peu utilisé) ; en mobilisant le réseau des espaces naturels protégés comme territoires d’expérimentations.
- Valoriser, par une communication adaptée et des échanges d’expériences, le travail difficile d’une majorité d’éleveurs et/ou bergers qui, en s’adaptant en permanence à la présence des loups, constituent un élément essentiel dans la réussite d’un des objectifs majeurs du prochain PNA : la limitation des dommages aux troupeaux.
- Maintenir le niveau actuel des aides financières et techniques en faveur des éleveurs en veillant, dans une optique d’équité, à conditionner réellement ces aides à la mise en place effective et adaptée des mesures de protection.
- Obtenir à terme une population viable de loups afin de sortir l’espèce du statut UICN « espèce menacée d’extinction ».
- Mettre en avant le rôle des meutes de loups dans la régulation des populations d’ongulés sauvages afin d’améliorer la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes, notamment en limitant les dommages aux forêts et aux cultures ou en participant au contrôle des zoonoses.
- Mettre un terme aux tirs de prélèvements, maintenir la distinction entre tir de défense simple et tir de défense renforcé et favoriser les moyens d'effarouchement. Les tirs de prélèvement s’apparentent à une chasse au loup et n’ont aucun caractère sélectif ; ils déstabilisent la population de loups dans son ensemble et perturbent le fonctionnement des meutes. Ces tirs n’améliorent en rien la situation des éleveurs.
- Développer la connaissance sur la l’écologie et la biologie du loup, sur son rôle fondamental dans les écosystèmes, notamment dans la limitation des dégâts forestiers et agricoles par les ongulés sauvages, sur l’adaptation des systèmes pastoraux à l’arrivée des prédateurs, ainsi que sur les moyens de protection et leur efficacité.