La proposition de la Commission Européenne de passer d'une « protection stricte » à une « protection simple » du loup, a recueilli une majorité qualifiée à Bruxelles lors d'une réunion le 25 septembre 2024 entre les représentants permanents auprès de l'Union, grâce au soutien d'une quinzaine d'Etats, dont la France et l'Allemagne. Elle devra désormais être approuvée en décembre prochain au sein de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, avant une éventuelle modification de la législation européenne.
La LPO déplore que cette décision soit prise sous pression politique et sans véritable fondement scientifique, en dépit de l’appel de plus de 300 organisations européennes et une pétition signée par plus de 300 000 citoyens. Les attaques de loups sur le bétail, bien que réelles, restent gérables grâce à des solutions de cohabitation éprouvées et déjà en place : utilisation de chiens de protection, clôtures adaptées, surveillance renforcée des troupeaux. Les tirs ne doivent intervenir qu'en ultime recours selon un protocole très précis et après avoir épuisé toutes les alternatives non létales. Abandonner cette approche reviendrait à ignorer les efforts de ceux qui protègent avec succès leurs troupeaux depuis des années.
Bénéficiant d’une stricte protection depuis son retour naturel dans l’Hexagone au début des années 1990, la population lupine française, estimée à environ un millier d’individus, demeure fragile. Près de 20% des loups sont pourtant déjà abattus chaque année grâce aux dérogations existantes. L’assouplissement des procédures de tir prévue par l’abaissement du niveau de protection risque d’aggraver une situation déjà tendue et de mettre en péril l’un des rares succès récents en matière de conservation de la faune sauvage.
Alors que le terme biodiversité a disparu du gouvernement français, l’Europe envoie à son tour un très mauvais signal au reste de la planète avec ce nouveau recul écologique. Au-delà du cas emblématique du loup, l’enjeu est de réapprendre à coexister avec la faune sauvage afin de préserver notre patrimoine naturel commun et enrayer l'effondrement du vivant.