Trois arrêtés publiés conjointement par les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture le 7 mars 2025 fixent la liste des oiseaux protégés et les modalités de leur protection sur les territoires de la Guadeloupe, de Saint-Martin et de Saint-Pierre et Miquelon. La LPO salue cette mise à jour d’un arrêté obsolète qui datait de 1989.
En Guadeloupe, 96 espèces supplémentaires bénéficient désormais d’une protection officielle, pour atteindre un total de 203. Sont notamment protégées pour la première fois quelques oiseaux auparavant chassables aux Antilles, comme la Colombe rouviolette, le Tournepierre à collier et le Chevalier solitaire, et la liste intègre maintenant l’ensemble des espèces classées en danger critique d’extinction, telles que le Dendrocygne des Antilles, la Sterne de Dougall et le Pétrel diablotin.
Ces évolutions positives sont en partie le fruit des recommandations formulées en février 2024 par le Conseil national de protection de la nature (CNPN), qui préconisait également l’inscription du Fou brun, du Flamant des Caraïbes, de la Paruline des ruisseaux, de la Paruline hochequeue et de la Paruline flamboyante.
Des insuffisances `
Toutefois, plusieurs oiseaux n’ont pas été inclus dans la liste des espèces protégées, en dépit de l’avis du CNPN. Ainsi, le Pigeon à couronne blanche, la Barge hudsonienne, le Courlis hudsonien, la Grive à pieds jaunes et le Pluvier bronzé demeurent en théorie chassables. De même, l’absence de la Colombe à croissants, endémique des Antilles, ainsi que l’inscription incomplète des dendrocygnes et des limicoles constituent des lacunes regrettables.
La situation est plus problématique à Saint-Pierre et Miquelon. Si le nouvel arrêté permet d’y protéger les seuls couples nicheurs de Pygargues à tête blanche de France, la majorité des préconisations du CNPN n’ont pas été prises en compte, en particulier dans la protection d’espères rares et à faibles effectifs mais qui restent chassables, comme le Fuligule à bec cerclé, le Fuligule milouinan, le Harle huppé, le Guillemot de Troïl ou le Guillemot à miroir. C’est aujourd’hui le seul territoire ultramarin à ne pas disposer d’aire protégée, malgré des tentatives de classement de l’île du Grand Colombier, site de reproduction majeur pour les oiseaux marins.
L’Outremer représente près de 80% de la biodiversité française. Plus encore qu’en métropole, l’Etat a la responsabilité de préserver ce patrimoine naturel inestimable. Ces arrêtés marquent un pas en avant, mais il est impératif d’aller plus loin pour intégrer l’ensemble des espèces en péril et garantir une protection adaptée aux spécificités écologiques locales.