Le Conservatoire du littoral qui célèbre ses 50 ans, l’Office français de la biodiversité, l’Office national des forêts, la LPO, Rivages de France, en partenariat avec de nombreuses associations et des gestionnaires de sites, appellent, cette année encore, à la vigilance sur les plages, avec cette campagne nationale qui se déploie jusqu’à fin août sur l’ensemble du territoire.
L’opération vise à sensibiliser les usagers du littoral à la fragilité des écosystèmes littoraux et au respect de la faune sauvage, en particulier en ce qui concerne les espèces d’oiseaux, tels les gravelots, les sternes ou les huîtriers, ainsi que les tortues qui pondent sur le littoral.
Attention, on marche sur des œufs…
Ces quelques mots nous rappellent une belle réalité printanière et estivale que nous avons parfois tendance à oublier : la plage, lieu de détente et de loisirs, est également le foyer de nombreuses espèces protégées. En nous promenant sur le sable, prenons le temps d'observer notre environnement, car la nature s'épanouit et nous invite à la découvrir avec émerveillement, sans la déranger durant ces moments de fragilité.
Des nids discrets, des espèces vulnérables
Durant le printemps et l’été, tandis que de nombreux oiseaux construisent leurs nids dans les arbres, certaines espèces côtières, comme le Gravelot à collier interrompu, les sternes naines ou encore les tortues de mer, nichent directement sur le sol. Leurs nids, simples et discrets, se fondent dans le paysage, offrant une protection naturelle contre les prédateurs, mais les rendant aussi plus vulnérables aux perturbations humaines.
Les pressions liées à la fréquentation des plages
Lors de cette période sensible, la présence humaine peut provoquer des dérangements :
- Prédation accrue par les chiens non tenus en laisse.
- Écrasement des nids dû au piétinement involontaire des promeneurs et aux véhicules à moteur (pourtant interdits).
- Perturbation des habitats par les nouvelles mobilités électriques (fat-bikes, trottinettes, etc.).
Ces activités, souvent anodines à nos yeux, peuvent mettre en péril la reproduction de ces espèces déjà fragiles.
Ponte de Gravelot à collier interrompu © Sylvain Dromzée / OFB
Un réseau d’acteurs engagés
Depuis plus de 20 ans, le réseau d’acteurs publics et d’associations de protection de la nature agit activement pour mieux faire connaître et conserver les espèces et les habitats littoraux. Ces actions de terrain ont permis d'obtenir des résultats significatifs et des retours d'expérience précieux à valoriser.
En 2020, à la suite d’une recolonisation des milieux naturels par les espèces durant le confinement, l’opération "Attention, on marche sur des œufs !" a vu le jour afin de sensibiliser les citoyens aux enjeux du vivant et au respect de la faune sauvage qui partage avec nous ces plages souvent très fréquentées.
Les actions des partenaires de l’opération sont variées :
- Suivi des nids et des envols pour évaluer l’état de santé de ces espèces qui sont protégées au niveau national et européen,
- Protection des sites à travers la mise en défens de zones, pose de balisage, installation de cages anti-prédation.
- Information et sensibilisation des promeneurs, des sportifs, des loueurs de matériel balnéaire,
- Surveillance et police.
Vers une cohabitation harmonieuse
Une cohabitation respectueuse est possible. En sensibilisant le public et en protégeant temporairement certaines zones de plage, nous pouvons créer des espaces sûrs pour ces animaux durant leur période de nidification. Ensemble, nous avons l'opportunité de préserver la vie sauvage tout en profitant des beautés naturelles qui nous entourent.
Comment protéger les espèces qui pondent sur les plage en tant qu’usager du littoral ?
Bon à savoir
Les peines encourues
La récolte, le ramassage, la détention et la destruction d’espèces protégées ainsi que le dérangement volontaire et la circulation de véhicules à moteur sont des délits réprimés au titre du Code de l’environnement. Toute atteinte à des espèces protégées peut être punie de trois ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende.
On pense bien faire mais…
Des nids et des poussins peuvent se cacher le long de la laisse de mer, cette zone où la mer dépose algues, coquillages, débris naturels et parfois des déchets d'origine humaine. Pour les protéger, il est préférable d'éviter de marcher directement sur cette ligne et de suspendre les ramassages de déchets au printemps et en été. Même si l'intention est bonne, nettoyer la laisse de mer peut malheureusement mettre en danger ces jeunes oiseaux. C’est pourquoi les bacs à marées sont temporairement fermés dans plusieurs secteurs.