Les oiseaux font l'objet d'une attention particulière à proximité des lignes électriques car ils sont historiquement exposés à deux principaux types de dangers : la collision et l’électrocution. La vulnérabilité diffère selon les espèces en fonction de leur taille, de leur répartition et de leur comportement mais pour certains rapaces emblématiques comme le Vautour moine, le Gypaète barbu, l’Aigle de Bonelli ou le Milan royal, les lignes électriques constituent un risque majeur de mortalité. Sur les 70 oiseaux admis pour électrocution dans les centres de soins pour la faune sauvage de la LPO en 2021, 88% étaient des rapaces et seuls 3 ont survécu.
Face à ce constat, la LPO et FNE se sont associées dès 2004 aux gestionnaires des réseaux français, RTE et Enedis, pour créer le Comité National Avifaune afin de travailler ensemble à la recherche de solutions. S’est installée au fil des ans une relation de confiance et une implication durable, où prime le souci de mieux protéger les espèces. Rejoint depuis 2013 par le Ministère de la Transition Energétique, le CNA permet le retour d’expériences sur les initiatives menées, l’analyse des difficultés rencontrées sur le terrain et la mobilisation des acteurs locaux.
Un déploiement européen
En janvier 2023, le projet LIFE SafeLines4Birds, entièrement dédié à la sécurisation des oiseaux susceptibles d’évoluer aux abords de lignes électriques, débutera pour 6 ans et visera également à apporter des solutions aux risques de collisions, d’électrocution et de dérangement de l’avifaune. Doté d’un budget total de près de 15 millions d’euros cofinancé par la Commission Européenne, il permettra notamment l’installation de 180 plateformes pour la nidification des cigognes et la mise en place de 4000 dispositifs de dissuasion de rapprochement des oiseaux des lignes électriques en France, en Belgique et au Portugal.
Dans le cadre du projet LIFE Gypconnect également financé par l’Europe et coordonné par la LPO entre 2015 et 2022 pour la sauvegarde du Gypaète barbu, un inventaire des installations présentant un danger pour ce rapace avait déjà abouti à la neutralisation de près de 13 km de lignes électriques. De telles actions seront poursuivies jusqu’en 2028 par le nouveau projet LIFE Gyp’Act.
L’innovation au service des oiseaux
Les échanges au sein du CNA ont permis de sélectionner, puis de perfectionner des dispositifs pour protéger les oiseaux à proximité des installations à risque, par exemple grâce à des balises qui ont un rôle préventif dans la percussion des lignes par les oiseaux, grâce à leurs bandes réfléchissantes qui tournoient dans l'air. Enedis a mis au point un procédé innovant qui permet d’installer ces « balises avifaunes » sur les câbles à haute tension dans des lieux difficiles d’accès (montagnes, zones humides), sans couper le courant, à l’aide de drones spécialement conçus à cet effet. D’autres balises ont été mises au point, pour RTE, afin d’équiper des tronçons à forts enjeux pour certaines espèces menacées. Constituées de deux demi-sphères rouge et jaune en aluminium qui s’emboîtent, ces « avisphères » restent visibles par les oiseaux de jour comme de nuit, quel que soit leur angle de vol.
L’application mobile « Avifaune et câbles » recense également les zones sensibles et répertorie les lignes à risque. C’est un outil précieux pour les gestionnaires de réseaux qui peuvent ainsi profiter de travaux de maintenance courante pour réaliser des opérations de protection des oiseaux en neutralisant un danger ainsi signalé. Dans un premier temps utilisée dans le Parc national de la Vanoise, elle sera bientôt déployée sur un territoire plus vaste.
Les pylônes électriques offrent même aujourd’hui de nouveaux sites de nidification à certaines espèces protégées, comme le Balbuzard pêcheur dont près de 30% de la population française niche à leur sommet.