Préambule
Les oiseaux figurent parmi les premières victimes des chats. C’est pourquoi la LPO est régulièrement interpellée à ce sujet. Des personnes qui aiment à la fois les animaux domestiques et la faune sauvage, souhaitent concilier les deux et demandent comment y parvenir.
La présente note a pour vocation de clarifier la position de la LPO par rapport à cette problématique. Elle s’accompagne de la note de synthèse sur l’impact de la prédation du chat domestique sur les populations d’animaux sauvages élaborée par le Conseil scientifique et technique de la LPO (annexe 1), et de la fiche conseil à destination du grand public (annexe 2).
Contexte
Bien que difficilement mesurable (malgré des études conduites aux USA ou en Angleterre… cf. annexes), l’impact des chats errants comme des chats harets (chats domestiques redevenus sauvages) sur la petite faune sauvage est loin d’être anodin. Il est avéré que des espèces d’oiseaux ont disparu de certaines îles du fait de la prédation des chats (notamment des oiseaux marins nichant à terre ou dans des terriers). Bien que moins documentés sur les terres continentales, les impacts sont néanmoins réels. En Australie par exemple, les chats harets sont considérés comme un facteur important de la dangereuse diminution de certaines populations d’oiseaux, de mammifères ou de reptiles.
Si les chats ont un impact certain sur la faune, ils ne sont en aucun cas, à eux seuls, à l’origine de l’érosion de la biodiversité à l’échelle mondiale. La perte de biodiversité est principalement due à la destruction des habitats naturels et aux pollutions diverses, notamment celles liées aux pesticides. D’autres facteurs d’origine anthropique, comme la multiplication des chats domestiques, s’y rajoutent. Le chat domestique, espèce introduite par l’homme dans tous les milieux, pose donc un vrai problème, notamment dans les zones périurbaines à la ville comme à la campagne.
La LPO s’est, depuis longtemps, attachée à rechercher des solutions pour réduire la prédation des chats domestiques sur la faune sauvage. Qu’il s’agisse des oiseaux familiers de nos jardins, mais aussi de la faune des campagnes affectée par l’importante population de chats harets. La LPO communique depuis de nombreuses années pour mettre en lumière le problème de la prédation par les chats domestiques, et tenter d’y apporter les solutions les plus efficaces possibles.
Position
En premier lieu la LPO constate que le sujet est non seulement passionnel mais complexe, et souffre trop souvent d’approximations et de raccourcis. Il donne lieu par conséquent à des analyses et commentaires reposant sur des données parcellaires et des extrapolations, sans tenir compte ni des différentes catégories de chats domestiques (associés ou non à un foyer), ni des contextes territoriaux très divers.
Sans pouvoir la quantifier avec précision, la LPO estime cependant que la croissance très importante du nombre de chats domestiques (près de 13 millions en France), auxquels s’ajoutent les chats harets dont les densités ne sont pas connues, pose un réel problème. Par ailleurs elle constate que 10% des animaux recueillis dans les centres de soins pour la faune sauvage gérés par la LPO ont été victimes de prédations par des chats. Ce qui n’est que la partie visible de l’iceberg compte-tenu du nombre de proies abandonnées.
Afin de réduire de manière notable la prédation de la faune sauvage par les chats, La LPO souhaite, en priorité, voir stopper puis réduire la croissance du nombre de chats domestiques. La LPO encourage donc la stérilisation généralisée des chats domestiques, errants et harets, le renforcement de l’identification et du suivi des animaux domestiques (obligation de déclaration de naissances et de marquage des chats, interdiction de la vente), l’éducation et la responsabilisation des propriétaires de chats face à leur impact sur la faune sauvage.
La LPO fournit, en outre, des conseils et propose des solutions à la fois concrètes, efficaces et acceptables pour organiser la cohabitation dans les jardins et sur les balcons.
La LPO préconise, également, le piégeage à des fins de stérilisation des chats semi-domestiques et des chats harets, dans le respect du bien-être animal.
La LPO accorde une importance primordiale aux systèmes iliens où l’impact des chats est encore plus important et susceptible d’entrainer la disparition d’espèces endémiques.